Orpheline, la solitude faisait partie de ma vie, c'était ma meilleure amie, elle ne me quittait jamais, elle me tenait la main et me faisait avancer. Je n'ai jamais connu mes parents et je ne n'ai jamais tenté de les retrouver. En grandissant, j'ai cessé de me poser toutes ces questions qu'un orphelin peut se poser : « pourquoi n'ai-je pas de parents ? Pourquoi m'ont-ils abandonner ? Pourquoi ne suis-je pas comme les autres enfants ? » J'ai fini par me rentrer dans le crâne que si aujourd'hui j'étais seule et sans famille c'est qu'il ne voulait pas de moi, alors à quoi bon les chercher. J'ai grandi en étant ballotté de famille d'accueil en famille d'accueil, je n'ai jamais connu de chez moi, je ne me suis jamais sentie à ma place dans quelque endroit que ce soit. Alors je trainais dans les rues et lorsqu'il faisait trop froid dehors, je passais mes journées dans les centres commerciaux, rêvant de choses que je ne pouvais pas avoir. Puis je rentrais le soir dans cette maison qui n'était pas la mienne mais où l'on me disait de faire comme chez moi, je m'accrochais à l'espoir d'un lendemain meilleur mais, je ne me faisais pas d'illusion. J'ai vite compris que la vie n'était pas gagnée d'avance, qu'il fallait se battre pour survivre.

Puis vient ma liberté, le jour ou l'état a déclaré que j'étais maintenant une adulte, que je n'avais plus besoin d'être surveillée. Je ne changea pas grand-chose à mes habitudes, je continua à trainer dans les rues, la seule différence, c'est que je n'avais plus de toits ou dormir, plus de repas chaud à me mettre dans le ventre. Je deviens alors une vraie enfant des rues, dormant sous les ponts, mendiants quelque pièce pour pouvoir manger, je continua à marcher dans les centres commerciaux, regardant par les vitrines les robes, les chaussures, les bijoux qui me criaient « viens, achète-moi » mais je ne me faisais pas d'illusion. Je n'avais jamais étudié à l'école, je n'avais aucun diplôme, je n'avais aucun talents particuliers, je n'étais rien. Je me demandais si j'allais finir ma vie ainsi, mourir sur un trottoir de faim ou de froid, peut-être de maladie. J'étais perdu dans mes pensées une fois de plus, lorsqu'une affiche attira mon attention, on cherchait des figurants pour un film, un casting devait se dérouler dans le centre commercial où je me trouvais, dans exactement une heure. Je releva la tête et regarda mon reflet dans la vitrine. Pourquoi pas, après tout j'étais plutôt jolie, mes longs cheveux blond mettaient en valeur mes yeux et au lycée j'étais populaire auprès des garçons, c'est que je ne devais pas être plus moche qu'une autre. Je reporta mon regard sur l'affiche, je n'avais rien à perdre, rien du tout. C'est d'un pas décidé que je partie m'inscrire, ce que je ne savais pas encore c'est que cette décision allait changer ma vie.

Moi qui pensais que la vie était injuste, je mettais trompée. J'hésitais entre une robe à dos nu et une robe à bustier. Quand je repensais à ma vie d'avant, je me trouvais bien idiote à me préoccuper de choses futiles, inutile. Je ne roule pas sur l'or mais j'ai de quoi vivre maintenant. Le casting que j'avais passé n'a pas fait que changer ma vie, il m'a changé. J'ai réussi à percer dans le monde du cinéma, je ne suis pas une actrice connu mais je suis tout de même une actrice. Les filles que vous voyez dans les films faisant de superbe cascade dangereuse et bien dite vous que c'est moi à ce moment qui passe à l'écran. J'ai moi-même choisi de ne pas montrer mon visage, je préfère rester dans l'ombre et vivre tranquillement. J'avais plus que je ne l'avais jamais rêvé.

Je vivais tranquillement, j'étais épanouie dans ce que je faisais, j'étais heureuse, je ne manquais de rien. Mais, une fois de plus je mettais tromper, je me rendis compte qu'il manquait quelque chose dans ma vie. Au moins une chose : LUI. Lui, c'est Maël, lorsque je rencontra son regard, mon coeur cessa de battre et je sus que c'était lui, que sans le savoir je le cherchais depuis toujours. Ce fut la première fois que je tomba amoureuse et pour tomber amoureuse, je l'étais. Il me rendait complètement dingue, je ne voyais plus que lui, un mot de sa part et je m'exécutais. Il me rendit heureuse, il me fit souffrir, plus de fois qu'il ne m'avait rendu heureuse mais je finissais toujours par retourner vers lui, parce que Maël, c'est mon Maël, que je ne peux expliquer ce que je ressens pour lui. Je l'aime, il est imprégné en moi, peu importe ce que je fais pour l'effacer, il reste graver en moi, comme un tatouage, il ne peut disparaître. Ça toujours été lui et ce sera toujours lui.

Ma rencontre avec Maël m'emmena à une autre rencontre, celle de Miles. Meilleur ami de Maël il devient rapidement le mien également, plus encore, un frère que je n'avais jamais eu et il fut mon amant. Il faut dire que m'a relation avec Maël est plus que mouvementer, parfois, je me demandais s'il m'aimait réellement. On se quitte, on se retrouve, on se quitte à nouveau et doucement la routine s'installe, c'est presque devenu une habitude chez nous, comme si on avait besoin de se déchirer pour mieux se retrouver. Mais mon coeur à finit par ne plus le supporter, il fut une fois, la fois de trop, la goutte qui fait déborder le vase et puis, il y a l'épaule sur laquelle te reposer. Je savais que Miles m'aimait mais par respect pour Maël, il ne disait rien, je le voyais me regarder en silence mais lorsque Maël me quitta à nouveau, je céda. J'accouru dans ses bras pour y trouver réconfort et amour et il ne me rejeta pas, cédant également. J'avais fini par aussi aimer Miles, je les aimais tous les deux d'un amour sincère et fort. Notre relation bien que sincère, ne dura pas longtemps parce que si j'aimais Miles, j'aimais encore plus Maël. Miles n'était pas aveugle, il le savait, il avait toujours su qu'entre moi et Maël il y avait quelque chose de fort. Avec un pincement au coeur, on décida de rester simple ami avec la promesse de jamais dire à Maël ce qui s'était passé entre nous.

Cascade Locks. Je pensais avoir tout vu des horreurs de la vie dans la rue, toute la cruauté des hommes mais il existait un endroit, un endroit terrifiant qui allait m'arracher un être aimé. Avec le travail de Miles en tant que journaliste, on décida de le suivre avec Maël à Cascade Locks, si Miles était à fond dans ses recherches de meurtres, Maël et moi avions une autre vision des choses. Nous ne prenions pas la chose au sérieux, faisant de mauvaises blagues, riant de toutes ces histoires mais nous avons vite changé d'avis. Nous avions décidé d'habiter ensemble, la colocation était difficile entre nous trois mais nous prenions les choses avec légèreté et humour. Les choses s'étaient un peu amélioré entre moi et Maël, nous n'étions pas vraiment ensemble mais c'était tout comme à des moments.
Je discutais tranquillement avec Miles lorsque la conversation tourna vers notre relation passée, Miles m'avoua toujours m'aimer, qu'il regrettait de ne pas m'avoir retenu, de ne pas m'avoir dissuadé de retourner vers Maël. J'étais resté silencieuse face à cet aveux sortie de nulle part et lorsque je tourna la tête, gêner je le fus encore plus quand je croisa le regard de Maël. Il avait tout entendu, ce qu'on s'était promis de ne jamais dire. Je regarda Miles les larmes aux yeux, l'avait-il dit conscient de la présence de Maël. Que devais-je pensé de tout ça ? Je n'avais pas le temps de lui poser quoi que ce soit comme question, parce que tout ce qui me préoccupait maintenant c'était Maël, je ne voulais pas que tout s'arrête maintenant, je ne voulais pas que l'amitié entre eux soit détruit par ma faute. Je couru à sa poursuite, je ne voulais pas le perdre tout simplement, je l'aimais trop.

La mort. Elle avait frappé sans prévenir. Je pleurais toute les larmes de mon corps devant sa tombe, maudissant celui qui me l'avait arraché. Je ne pouvais pas pardonner une telle horreur, je ne le pourrais jamais. Silencieux, Maël se tenait derrière moi, je ne l'avais pas vu pleurer la mort de notre ami, il se contentait d'afficher une mine sombre, je le comprenais, je le comprenais mieux que personne. Il ne voulait pas pleurer devant moi, il ne voulait pas montrer une once de faiblesse par fierté mais je savais qu'il était triste et en même temps en colère. Je repensais à la dernière conversation que j'avais eue avec Miles, il m'avait dit qu'il m'aimait encore ... et je ne lui avais pas répondu, Maël n'avait toujours pas accepté ce qu'il avait entendu, on n'en avait pas reparlé. La mort de Miles n'arrangeait pas les choses mais plus que tout en ce moment on avait besoin l'un de l'autre. Je me retourna pour me lover dans ses bras, j'avais besoin de sa présence, de sa chaleur, de sentir son coeur battre, je voulais un peu de réconfort. Combien de temps me restait-il a passé près de lui, je ne voulais pas gâcher une seule seconde sans lui. Je pensais vivre ma vie avec Miles et Maël, je nous voyais vieillir ensemble et voilà que tout ça disparaissait. Je ne verrais jamais Miles vieillir, je ne le verrais plus jamais. J'arrivais à peine à regarder son nom écrit sur sa tombe, c'était une réalité trop dure à affronter. J'avais perdu mon meilleur ami, mon frère, la vie me semblait plus triste que jamais. Je maudis alors cette ville, ces habitants, tout ça s'était de leur faute, on n'aurait jamais dû mettre les pieds ici, rien de tout cela ne serait arrivé. Miles avait été assassiné, pas un accident non mais un meurtre. Je voulais que celui qui lui avait fait ça paye pour son crime, je voulais tout simplement une vengeance. Mais comment allais-je y arriver ? Pourrais-je vraiment trouver son assassin ? Serais-je capable de faire ce qui doit être fait ? Serais-je capable de tuer quelqu'un au prix de devenir à mon tour une meurtrière ?