Je suis né dans un bordel que l'on appel "famille". Mes parents ne sont pas des gens heureux, ils sont ensemble juste parce que je suis là. J'ai été conçu par accident, j'ai brisé les rêves de mon père d'être connu mondialement grâce à son talent de chanteur/compositeur et de ma mère d'être mannequin. Ils ont fait de mon mieux pour m’élever en acceptant des jobs minables et en essayant de m'offrir tout ce dont j'avais besoin. Ils n'étaient pas parfais, mais ils restaient mes parents. Les gens qui s'engueulaient à longueur de temps, qui se lançaient des assiettes pour se prouver qu'ils s'aiment encore un peu et qui ne faisaient rien comme les autres. Ils étaient des parents atypiques. Lorsque j'eus atteint l'âge de me débrouiller tout seul, mon père a repris ses ambitions de devenir une rockstar. Il s'entraînait avec son groupe, j'allais aux répétitions avec lui et c'est ainsi qu'on m'avais découvert un talent commun au sien. J'ai pas besoin de partition pour jouer de la guitare, en faite ça me vient naturellement. Il suffit que je pose mes doigts dessus, deux, trois essais et je pouvais jouer tout ce que je voulais. Un don ? Un truc comme ça. Ma mère a bossé comme une dingue pour m'offrir ma première guitare. Je vous jure, un travail d'esclave. Pour la remercier, je me suis posé un peu partout dans la rue et en échange de ma musique, les passants pouvaient me donner ce qu'ils voulaient. Il faut dire qu'au départ ce n'était pas glorieux les bénéfices que j'obtenais, parfois on m'offrais même pas d'argent. C'est ainsi que j'ai fumé mon premier joint, j'étais encore jeune et pourtant, j'appréciais où m'emportais ce truc inutile. Muni de mon skate, du peu d'argent que j'avais, je m'enfonçais dans le tourbillon infernale qu'était la drogue. Je passais mes journées sur ma planche de bois à moitié sur terre, à moitié dieu sait où. Je fréquentais des sales types, je faisais n'importe quoi. Ma vie était un immense bordel. Je me suis fais renvoyer de plusieurs lycées, j'ai aucun diplôme et pourtant, je ne suis pas si bête que ça. Je préfère apprendre tout seul plutôt que de perdre du temps assis sur une chaise. Je suis autodidacte. Tout le monde me croît idiot, c'est mieux ainsi, parce que faire des efforts c'est pas mon genre. La seule personne de mon entourage qui croit en moi, c'est Miles. Et c'est surement, la personne la plus stable qui soit.

Elle me pousse contre un mur et met son bras sous ma gorge. « T'est qui ? » dit-elle en m'agressant. « Celui que tu veux que je sois. » Je lui avais piqué un truc de nana qui valait une blinde. J'ai l'impression qu'elle y tenais vachement et au fond, cette situation m'amusais. « Rend-le moi. » Cette fille est différente des autres, elle est même bien plus belle que toutes celles que j'avais pu rencontrer. Un peu violente sur les bords, mais en même temps je n'avais pas été un saint non plus. Elle savait se défendre et ça me plaisais. En faite, je crois même que c'est le coup de foudre. Un choc électrique s'était emparé de moi lorsqu'elle m'a brutalement bloqué contre le mur. « En échange d'un verre. » Cette proposition était plutôt bizarre et je me surprenais moi-même. En général, je ne sympathise pas avec mes victimes et je suis plutôt du genre à m'en foutre complètement. « Et tu me rend ce qui m'appartiens ? » je sors l'objet de ma poche et lui montre que j'étais réglo. Je la nargue. Elle essaye de l'attraper, mais je bloque son bras. « C'est pas mon truc de me battre avec les filles. » Je vois que ma proposition ne l'enchante pas, qu'elle est contrainte et qu'elle sait qu'elle n'a pas le choix. « Juste une fois. » Je lui sors mon plus beau sourire, j'ai l'air d'un idiot. Je ne sais pas ce qui pourrait l'enchanter de rester auprès d'un voleur qui en plus de ça n'a pas l'air d'être fréquentable, mais bon. Il faut tenter sa chance par tous les moyens possible n'est-ce pas ?

Je ne sais pas si mentalement je suis sur terre ou encore partit dans un délire qui ne fais partit que de mon imagination et pourtant j’ai envie d’y croire. J’ai envie de croire à notre histoire. J’ai envie de croire en quelque chose de d’incroyable, d’y croire comme un fou. J’ai envie de croire en elle, en nous. Elle me brise le cœur et je lui piétine le sien, c’est ça la règle. On est enfermé dans un jeu sans fin où nous perdions à tour de rôle. Une souffrance partagé et pourtant isolé. On ne s’aime pas, on se détruit et se détruire c’est ce qu’on fait de mieux. On excelle dans ce domaine. En faite on est dans une bulle. Je crois que c’est ça. On est dans notre bulle et le reste n'existe plus, n'existe pas. Elle représente mon enfer au quotidien. Je m'inquiète, je me fais du soucis, je m'imagine le pire des scénarios à chaque fois qu'elle est loin de moi. Et rien que pour ça, je lui en veut. Je lui en veut d'être attaché à moi autant que je suis attaché elle. Je lui en veut de faire en sorte que j'ai quelqu'un sur qui m'accrocher, quelqu'un pour qui je pourrais pleurer. Surtout, depuis qu'il n'est plus là. On était les trois mousquetaires, on parlait de nous au présent et on était indestructible. On était une équation qui fonctionne, un ticket gagnant. Personne ne pouvais comprendre ce lien qui nous unissais. Personne.


« Cascade Locks ? » « Cascade Locks. » « Cascade Locks. » Nos mains sont posées les unes sur les autres, un geste qui scellait notre décision. Partir à Cascade Locks pour Miles, peut importe la raison, forcément qu'avec Kirby on était partant. Miles est un journaliste monstrueusement riche et apparemment cette ville avait quelque chose qui l'attirait comme un aimant. Il n'avait que cette ville à la bouche. On ne savait pas se séparer, on se suivait dans toutes les galères et se séparer de Miles était inconcevable. Inimaginable. C'était comme Sherlock sans Watson, les 3 mousquetaires sans Dartagnan et j'en passe des belles et des meilleures. Nous avons alors débarqué comme des touristes, on écrivait un nouveau chapitre de notre vie, on partait aveuglement à l'aventure et forcément, ça nous plaisait grandement. Kirby et moi étions plus proche que jamais, découvrir un nouvel endroit c'est ce qui nous fallait. « Allez, je t'embarque avec moi. » « J'ai déjà tout prévu. » On se surprend mutuellement, peut-être nous étions un peu trop passionné par nos conneries, peut-être que c'était plus... Un peu comme des âmes-machins. Ouais, je ne suis pas du genre à croire à ces choses-là, c'est plus pour les filles, les meufs quoi. Les deux enfoirés qui emmerde le voisinage, c'était nous et vue que j'étais mal perçu dans le coin, forcément on m'accusait de choses que je n'avais pas fait. Comme voler le lait de la pauvre vieille qui était aveugle, trafiquer la voiture de l'épicier, faire de jolies dessins sur l'hôpital, on m'a même accuser une fois d'avoir volé un dentier genre arraché de la bouche d'un pauvre vieux dans le parc. Sérieusement, qu'es-ce que j'irais foutre d'un dentier ? On ne peut même pas bédave avec ça. « Arrête. » « De quoi ? » « De me regarder comme ça. » « En faite je regardais le bout de salade que tu avais de coincé dans les dents. » Elle tire une sale tête, elle me boude et je trouve ça trop mignon. Elle fronce les sourcils, me tourne le dos et forcément je ne peux pas tenir bien longtemps. Je viens alors me coller à elle, je l'a prend dans mes bras bien qu'elle ne soit pas d'accord avec ce geste. Évidemment, je m'en fiche. « Je décooooone wesh, fais pas la gueule, t'est pas belle quand tu boude. » Mensonge, ça lui donnais un charme de dingue. Je dirais même plus, j'aimerais qu'elle soit tout le temps dans cet état. Nous sommes de vrais gamins, Miles était souvent là pour nous séparer lorsque nous allions un peu trop loin dans nos chamailleries, on ne prenait rien au sérieux et vivions au jour le jour. « Alors c'est repartit ? » « Moi et Kirby ? Jamais de la vie. » « Mensonge. » « Disons qu'on prend notre temps. » « Une semaine sur deux, parfois sur trois. Bon ratio, mais un jour elle va vouloir plus mec. » « Elle sait qu'il n'y a pas d'avenir possible avec moi, pas d'enfants, pas de maison avec barrière blanche, pas de voiture familiale. Rien. Une rose de temps en temps. » « Tu lui as dit ? Je veux dire, clairement ? » Non. Elle me connais depuis toujours alors elle sait qu'avec un pauvre garçon comme moi, rien est envisageable. Une fois j'ai mis ma copine enceinte et elle n'a pas réagit. Clairement, j'ai pensé que nous avions la même vision des choses. On est censé finir ensemble, mais selon mes règles. Je n'avouerais jamais que j'avais envie de toutes ces choses avec elle, d'enfants, d'une maison avec un carré de pelouse et une barrière blanche, d'un break pour emmener nos progénitures à l'école, parce que je n'étais pas sur de pouvoir lui offrir tout cela. J'ai jamais roulé sur l'or, on vient tous les deux la rue, alors forcément je n'avais pas envie de l'a faire rêvé de quelque chose d'impossible. Je suis un bon samaritain. On se rapproche, on s'éloigne, on s'embrasse, on se déchire, on se cherche, on se trouve et tout cela sous le regard de Miles, un regard qui en disait long. « Qu'es-ce qui te dérange mec ? » « Toi. » « Je peux savoir pourquoi ? » « Je ne préfère pas. » « On sait tous les deux que c'est elle le problème. » Cette conversation a fini par une bagarre, il a beau être mon meilleur ami, lorsque quelque chose nous chagrinait, ça se finissait à 90% comme ça. Le mieux c'était le tête à Kirby quand elle voyait le nez de Miles et mon oeil défoncé. C'était elle la raison de ce carnage, c'était sa faute, mais on ne pouvait pas lui en vouloir d'être trop Kirby. On était comme ces putains de triangles amoureux, sauf que j'avais toujours l'avantage. Alors on se battait et on oubliait. C'était notre truc avec Miles. Je sais qu'ils ont été ensemble lorsque je l'est quitté pour faire le tour du monde avec mes parents, je sais qu'il a été là pour la protéger et combler son manque de moi. Je sais absolument tout et eux n'en savent rien. Cette histoire me dégoûte au fond, mais c'est moi qui les aient laissés tombés. C'est moi qui suis partit et rien que pour ça, j'avais juste le droit d'en souffrir en silence. Pauvre de moi, comme si ça me hantais jour et nuit. « Je déteste les photos, c'est bien parce que c'est toi. » « Si on devait faire toutes les choses que tu aimes, on se serait tous les 3 assis un skate avec un joint à la main. » « Il n'a pas tord. » « Moquez-vous de moi, rira bien qui rira le dernier. » Une journée dans la vie de Miles ça n'avait pas de prix. Alors nous posions devant des trucs qui dataient de la préhistoire, je vous jure on a même posé devant un cailloux, un tout petit cailloux, mais bon on s'était bien marré. Une journée banale dans nos vies ordinaires. Et comme diraient Timon et Pumba ; "il en faut peu, pour être heureux". Nous avions eu de grands moments ensemble, des moments tous les trois mythiques et inoubliables. Nous avions réussis à laisser nos querelles de côtés et bon sang, qu'es-ce que c'était bon jusqu'au soir où tout a basculé.


Ils étaient face à face, il lui expliquait qu'il l'aimait et qu'il l'avait toujours aimé, il avait osé après toutes ces années d'amitié. J'aurais préféré ne pas assister à cette scène, je n'aurais jamais dû m'arrêter pour entendre ce qui me faisais le plus peur, car oui pendant un court instant j'ai eu peur qu'elle m'échappe. Au fond, Miles était parfait pour elle, alors que moi... Je restais Maël, le mec fidèle à lui-même. J'avais envie de tout foutre en l'air, de faire une scène mélodramatique, j'avais envie de faire ressortir cette colère qui ne demandait qu'à s'échapper. Malgré moi, je fais tombé quelque chose et c'est le drame. Je décide alors de m'enfuir, car ils savaient que j'avais tout entendu, ils savaient que j'étais là depuis le début. Kirby me rattrape, elle me tire par le bras et me demande de rester. Je n'en fait qu'à ma tête, on s'enfonce dans les bois et on s'arrête. Je décide alors de l'embrasser, de sauver ce que je pouvais encore réparer et surtout je voulais la tester. Miles ou moi. Il s'agissait d'un grand final, d'un truc de malade. J'avais beau être en colère, mon choix premier avait toujours été elle. Je n'avais jamais pu la faire sortir de ma tête, je n'avais jamais pu oublier tous ces moments passés ensemble. C'était elle et moi. Maël et Kirby. Un histoire qui se répète sans cesse, qui fait effet boule de neige. Pendant que j'étais en train d'observer sa réaction, elle semblait perdue, fragile, j'avais envie de la prendre dans mes bras, j'avais envie de la rassurer. Soudain, un cri strident percent nos oreilles. Un vent de panique prend le contrôle de nos corps. Miles. Le seul qui n'était pas venu se justifier, le seul qui était resté sur le pas de la porte, le seul qui n'était pas avec nous. Cette nuit-là, jamais je ne l'oublierais. On m'avais pris un bout de moi, un bout de ma famille, mon meilleur ami. Son corps flottait sur l'eau, un corps sans vie. Je retenais Kirby, je l'empêchais de souffrir davantage. Nous pensions à un suicide, mais c'était pire que ça, il s'agissait d'un assassinat. Miles était un grand reporter. Un homme qui, selon ses notes, devenait dérangeant. Les photos qu'il avait pris de nous, cachaient un secret, il voulait prouver à tout le monde quelque chose, mais nous ne savions pas de quoi il s’agissait.


« Je vais chez la voisine. » dis-je froidement, j'ai envie de la provoquer, de la chatouiller où ça fais mal. Je sais d'avance que ça ne va pas lui plaire, je sais qu'elle va encore me piquer une crise pour que je ne la laisse pas toute seule. « Je m'en fiche, tu fais ce que tu veux même si à force on va croire que tu te la tape. » Faux. Pour une fois, les rôles sont inversés et c'est elle qui ment. Elle ment parce qu'elle est jalouse, elle ment parce que je l’agace profondément. Le pire, c'est que j'adore ça. J'aime savoir que cinq petits mots vont l'a touché en plein dans le mil. « On sait tous que ce n'est pas une rumeur. » Soldat à terre. Et si je cherchais à l'humilier, c'est pour qu'elle comprenne à quel point j'ai mal. J'ai mal d'amour, j'ai mal d'elle. Je sais que je suis le méchant dans l'histoire, que son prince charmant est partit dans un autre monde. Je m'en veut de n'avoir pas pu sauver notre bonheur commun, de l'avoir laissé seul abandonné à son sort. « T'est qu'un con Maël. » Tu finiras seul Maël. Il n'y a plus rien en moi. J'atteins mon but, je pars en l'abandonnant, elle pleure et je fais semblant de rien entendre.
« Embrasse-moi. Juste une fois. » J'ai besoin d'affection, j'ai besoin de savoir que tout est intact entre nous, j'ai besoin de me rassurer. Je veux être sur qu'elle m'appartiens encore. Et on sait tous que c'est plus que ça, on sait tous que Maël aime Kirby, mais plutôt crevé que de l'avouer. Elle est sienne, c'est tout ce qu'on doit savoir. Alors oui. Il suffit qu'elle m'échappe, qu'elle parte se rapprocher de d'autres garçons pour me faire réagir, pour que je lui fasse ses yeux de chiots et surtout, pour que je dépose les armes juste quelques instants. Une pause dans notre jeu d'enfant. « Non. » Un mot négatif de sa part suffit pour me faire descendre de ma planète, pour effondrer mon château de cartes, pour me donner l'impression qu'elle m'enfonce un pieu en plein là où ça fais mal, pour me faire comprendre que je suis vraiment à l'ouest. Il faut que je change de tactique, que je mette au point un plan infaillible, notre jeu devenait mon jeu. Parce que pour moi c'était dont il était question et pourtant je devais me résigner à abandonner cette façon que j'avais de voir les choses. Il n'était plus là et nous devions avancer ensemble.


Dans le village, tout le monde pense que j'ai tué mon meilleur ami, pour avoir Kirby juste pour moi. Tout le monde savait que notre relation n'était pas très claire et surtout que parfois ça dégénérait. Ça me fais mal que l'on pense ça de moi, ça me fais mal que l'on puisse croire que je suis capable d'un tel acte juste pour elle. La mort de Miles nous as changé tous les deux. Nous n'aurons plus jamais les mêmes habitudes, nous ne serons plus jamais les mêmes, nous n'avons que les souvenirs pour nous raccrocher à notre vie d'avant. Il n'avait pas été la seule victime de ou ces tueurs qui sévissent en ville. Nous devons unir nos forces pour trouver qui est le coupable, qui est cet enfoiré qui a osé nous enlever notre meilleur ami. Je n'est pas peur pour moi, mais pour elle. Je veux qu'elle retrouve son sourire, je veut recoller les morceaux qui sont brisés en elle, je veut qu'elle redevienne comme avant. Juste un peu. Je veux avoir l'espoir qu'un jour on aille de l'avant. Alors oui, on continu à se faire du mal, mais au fond ce sont nos sentiments qui parlent pour nous. On doit surmonter notre peine.