~ I am just a picture frame,
I am not the painter ~
quinze heures vingt.

Marcher sans savoir où aller, c'était habituel chez Adriel. Ce dernier savait rarement où il se rendait, mais il savait qu'il s'y rendait. Sauf que forcément, arrivait chaque fois un moment où bon nombre de questions parvenaient à son esprit. Quelle direction prendre ? Quelle porte pousser ? A quel chemin renoncer ? La plupart du temps, il trouvait le moyen d'y répondre rapidement, en se décidant généralement pour une virée au bar nocturne ou une après-midi à la salle de jeux vidéos. Lui, il bossait quand ça l'arrangeait, alors il avait généralement beaucoup de temps libre. Beaucoup trop. Tellement, à vrai dire, qu'il en venait souvent à souhaiter en avoir un peu moins. Ceux qui étaient pris du matin jusqu'au soir par le boulot n'avaient tout bonnement pas le temps de s'ennuyer. Et lui, il donnerait justement cher pour ne pas s'ennuyer autant. Comme aujourd'hui. Car en ce jour, c'est une soudaine et profonde lassitude qui s'était emparée de lui. Alors il avait quitté son piteux habitat pour gagner l'extérieur, marchant à travers cette forêt qui ne l'effrayait pas le moins du monde, qu'il savait pourtant dangereuse, il au sein de laquelle il était présentement supposé chasser. Mais ça attendrait quelques heures. Ou demain. Car à cet instant précis, ses jambes le guidaient et semblaient le mener aussi loin que possible de cet endroit qu'il n'était pourtant pas censé quitter. Et c'est finalement devant l'hôtel qu'il s'arrêta. Un lieu vraisemblablement pas fait pour lui - il n'était pas de ce monde de bourges qui pouvaient se permettre de claquer une somme faramineuse dans une chambre de standing - mais qu'il trouvait plutôt attrayant. Alors il y entra, le plus naturellement du monde, comme s'il y était habitué. Sauf que bien sûr, et il aurait du le prévoir, on ne laissait pas passer n'importe qui ici. Encore moins les types un peu glauques à l'accoutrement gothique. « Halte là ! » Eh merde, il aurait peut être du opter pour un look plus "passe partout". « Oui ? » « Vous résidez dans cet hôtel, monsieur ? » Oh la question à la con. Il avait une tête de friqué, peut être ? « Je sais pas, devine. » La provocation et lui avaient toujours été très potes, oui. « Je vous demande pardon ? » « Quoi, t'es pas seulement con ? T'es sourd aussi ? » A en juger par l'expression du groom, Adriel venait de se mettre dans la merde. Mais juste un peu, hein. « Très bien, puisque vous voulez jouer à ce petit jeu, j'appelle la sécurité. » Tellement prévisibles ces grooms. « Je ne crois pas, non. » « Ah oui ? Et pourquoi cela ? » Oh, excellente question que celle-ci. « Parce que ... » Là, un profond désespoir prit possession de son être. Il était foutu. Fou-tu. Mais lorsqu'il tourna partiellement la tête et qu'une jolie blonde apparut dans son champs de vision, il n'eut plus tellement cette impression. « Parce que je suis le pote de la boss. » Fait qui lui revint soudainement à l'esprit. Pratique. Et c'est ainsi qu'en un signe de la main, il pria cette dernière d'approcher. Étrangement, elle ne se fit pas prier davantage. « Ma belle, fais savoir à ce co... jeune homme qu'il est de trop. » Et parce qu'elle l'avait déjà sorti de plusieurs galères, Adriel avait logiquement tendance à penser qu'elle le ferait encore aujourd’hui.

Occupée à refaire les lits des étages du haut, Elizabeth avait perdu la notion du temps. Voilà presque sept heures qu'elle était arrivée à l'hôtel et elle avait l'impression de n'y avoir passé que très peu de temps. Pourtant tout était parfait, du décor jusqu'à l'organisation seulement quelque chose en elle lui disait que ça n'était pas assez. Pour elle, rien n'était jamais trop beau d'ailleurs. Elle détestait qu'on lui dise que c'était suffisant parce qu'elle savait elle même que rien ne serait jamais assez. Alors elle travaillait, elle travaillait dur pour que son père avec qui elle n'a pas passé plus de temps que ça finalement soit fier d'elle. Elle ne veut pas que son affaire qui a si bien marché dans le passé explose entre ses mains. Ce serait injuste, surtout pour lui qui a consacré sa vie à construire ce temple si prisé des touristes aujourd'hui. Mettant une dernière touche à la chambre comme elle savait le faire, elle envoya Emily chercher les bouquets de fleur qu'elle avait commandé au fleuriste du coin avant de descendre précipitamment des escaliers pour recontrôler l'agenda. Comme à son habitude, il était annoté parfaitement. Tout était organisé comme il le fallait et elle savait déjà qu'elle allait devoir féliciter son équipe pour ce boulot phénoménal. Il fallait encore qu'elle aille voir aux cuisines mais des éclats de voix se firent entendre un peu plus loin ce qui intrigua fortement la demoiselle. Soupirant bruyamment, elle se tourna vers l'entrée où les voix semblaient de plus en plus fortes.

« Parce que je suis le pote de la boss. » Cette voix là, elle n'avait pas besoin de l'entendre encore pour savoir de qui il s'agissait. Secouant la tête, exaspérée elle se dirigea vers Adriel, occupé à malmener un de ses employés et qui semblait la demander, ou l'intimait d'approcher, elle ne savait pas trop. Elle l'écouta parler, amusée avant de se retourner vers son employé. « Désolé Harry, il a quelques problèmes psychologiques. » dit-elle le plus simplement du monde. « Va donc faire une pause, tu en as bien besoin. » Elle lui sourit et le suivit des yeux quand il s'éloigna d'eux. Aussitôt qu'il fut hors de son champ de vision, elle se tourna vivement vers Adriel. « Tu sais, si tu continues à malmener mes employés ainsi, je vais bientôt devoir rendre la boutique. » lança-t-elle exaspérée. « D'ailleurs, que me vaux le plaisir de cette visite ? » rajouta-t-elle, cette fois, un peu plus radoucie. « Ca fait longtemps que tu n'ais pas venu....je commençais à croire qu'une femme avait enfin conquis ton petit cœur. » Elle lui lança un de ses sourires taquins qui la trahissait toujours.

Ce pauvre groom devait profondément le détester, et honnêtement, Adriel n'en avait pas grand chose à foutre. Qu'on l'aime ou pas importait bien peu à ses yeux, naturellement. Il déplorait simplement que ce garçon soit payé pour interdire l'accès à d'honnêtes gens simplement désireux de visiter les lieux. Alors quoi, il était forcé de loger à l'hôtel pour y avoir accès ? Vive les libertés. Autant dire que les gens comme lui, ni riches, ni bien élevés, n'avaient pas grand chose à faire ici. Et ça, on le leur faisait plutôt bien comprendre, en postant à l'entrée des lieux un petit con qui juge à la gueule et à la tenue. Okay, Adriel n'était pas de ceux qui présentaient bien, mais ça n'était pas nécessairement une raison pour immédiatement le contrôler. S'il avait eu son fusil de chasse à la main, okay à la rigueur, mais là c'était pour le moins injuste et incompréhensible à ses yeux. Alors oui, il avait pété un plomb. Ou disons que cette méfiance dégueulasse qui transparaissait des paroles de son interlocuteur le rendait malade au point de réagir assez impulsivement. Et le problème avec Adriel, c'est que non conscient des limites à ne pas dépasser dans ce genre de situations, il n'y était pas allé avec le dos de la cuiller. Mais le pire dans tout ça, c'est probablement qu'il se soit senti obligé d'insinuer qu'il connaissait la propriétaire de l'hôtel, assurément pour se débarrasser une bonne fois pour toute de cet indésirable employé. Et justement, voilà que la jolie Elizabeth leur avait fait l'honneur de les rejoindre, paraissant un peu remontée cela dit. « Désolé Harry, il a quelques problèmes psychologiques. » Dans un haussement de sourcil, Adriel fixa la jeune femme avec perplexité. Sérieusement ? C'était ça, son aide ? Le faire passer pour un crétin ? Hm, sympathique. « On aura décidément tout entendu, hm. » Mais au moins, elle pria l'autre imbécile de disposer, ce qui suffit à faire sournoisement sourire le chasseur. Pour autant, ça ne dura qu'un instant, puisqu'il put bien vite constater qu'Elizabeth ne plaisantait pas et qu'elle ne semblait pas apprécier son petit numéro. Décidément, Adriel était un putain d'incompris. « Tu sais, si tu continues à malmener mes employés ainsi, je vais bientôt devoir rendre la boutique. » Un rictus parvint tout de même à s'échapper des lèvres du jeune homme. Malmener ? Franchement. « Roh, tout de suite les grands mots. En soi, je n'ai rien fait de mal, à part souligner la connerie de monsieur. Tu sais ce qu'on dit au sujet de la vérité, hm. » Qu'elle blesse, ouais. Donc l'autre idiot avait simplement mal pris le fait que l'on sous-entende qu'il était con, c'est tout. « D'ailleurs, que me vaux le plaisir de cette visite ? » Voilà une question à laquelle il s'était légitimement attendu. Pourquoi s'être rendu ici ? Honnêtement, lui même n'était pas franchement certain d'avoir la moindre réponse à lui donner. C'est qu'avec tout ça, il n'avait en soi pas tellement pu y réfléchir, hein. « J'avais envie de te voir, ça t'étonne ? » lança-t-il alors, sans tellement réfléchir et en la fixant d'un regard qui pourrait en dire long sur ses pensées. Pourtant, il ne pensait à rien d'autre qu'au fait qu'il venait de sortir la première chose qui lui était passée par la tête. C'était mal, ça ? « Je me faisais chier. J'ai marché. Et puis j'ai vu une porte. J'ai pas réfléchi. Je suis entré. Et, bah, tu connais la suite » reprit-il plus sérieusement. C'était déjà plus véridique. Pour autant, il n'excluait pas le fait d'avoir pu, de manière inconscience, désirer la voir. « Ca fait longtemps que tu n'ais pas venu....je commençais à croire qu'une femme avait enfin conquis ton petit cœur. » Là, il ne put réprimer un franc rire. Mais lorsqu'il comprit qu'il pouvait y avoir une once de sérieux là dessous, il ne put que froncer hâtivement les sourcils, secouant la tête de droite à la gauche et lâchant un rictus plus nerveux. « Et tu avais envie de la plaindre cette malheureuse, pas vrai ? » Toujours un peu nerveusement, Adriel passa une main derrière sa nuque. « Mon cœur n'est pas à conquérir. » Il s'était senti obligé de rectifier cette information. Son cœur ne saurait accueillir qui que ce soit. Tout simplement parce qu'il n'y avait plus de place pour personne. « Mais si c'est ta manière de me dire que je t'ai manqué, et bien, sache que c'est plutôt réciproque. » A noter qu'il nuançait ce genre de propos. Il ne faudrait pas qu'on soupçonne chez lui la moindre sensibilité, tout de même.

Si on lui aurait dit qu'elle serait un jour amie avec un homme pareil, elle ne l'aurait jamais cru. Pourtant c'était le cas. Elle avait toujours eu l'habitude de sauver les gens et Adriel n'avait pas dérogé à cette règle et même si il était parfois agaçant comme pas permis, Elizabeth l'appréciait et trouvait en lui une personne de confiance, à qui elle confierait beaucoup de chose si elle était du genre à se dévoiler. Et Adriel n'était pas ce genre de garçon non plus, mais ils s'entendaient bien comme ça. Seulement quand il se mettait à l'embêter, il fallait vite qu'elle réagisse avant que tout ça ne dégénère. Le pauvre Henry n'aurait pas survécu à la répartie d'Adriel et il n'y avait qu'elle pour le calmer dans ces moments là. Elle secoua la tête quand il continua à évoquer son employé, presque exaspérée. Il ne changerait donc jamais, celui-là. « Il ne t'a rien fait à ce que je sache. Mais bon tu ne peux pas t'en empêcher pas vrai ? » Pour appuyer sa remarque, elle lui sourit, amusée. Elle le connaissait assez bien pour savoir qu'embêter les gens était sa vieille lubie et que quoiqu'elle fasse, elle ne pourrait rien faire pour arrêter cela. Mais elle était tout de même contente finalement, qu'il passe la voir ici. Elle ne l'avait plus depuis quelques jours et craignait de devoir aller tambouriner à sa porte pour vérifier au cas où. « Je suis contente que tu sois venu. Encore un peu plus et tu me trouvais devant ton pas de porte. Les téléphones existent tu sais ? Tu devrais essayer de temps en temps. » Elle secoua la tête. Elle ne voulait pas l'admettre mais elle avait été inquiète. Avec tous ces meurtres, elle n'avait plus confiance en personne dans cette ville et elle ne tenait pas à le retrouver mort quelque part, pas lui. Et quand elle évoqua sa vie amoureuse, sa réaction la pris au dépourvu. Il n'avait jamais été vraiment nerveux quand elle lui parlait de ça auparavant. Peut-être que tout ça le mettait à l'aise, elle n'en savait rien. En tout cas, c'était plutôt réconfortant de voir qu'il pouvait être aussi attendrissant. « N'importe quoi. La femme que tu choisiras sera chanceuse de t'avoir, crois moi. » Elle pensait ce qu'elle disait. Adriel était un homme bien, même s'il ne pensait pas ça de lui. Elle savait qui il était et de quoi il était capable. Il était amené à faire de grandes choses, c'était certain. « Si tu le dis. » Elle haussa les épaules. Elle ne savait pas trop quoi penser de cette dernière réplique mais elle laissait passer pour cette fois. Il réaliserait bien assez tôt qu'il n'était pas fait pour vivre seul. « Bien sûr que tu m'a manqué, idiot ! » Elle poussa légèrement son épaule de sa main. « Maintenant, raconte moi un peu ce que t'a fais ces derniers jours. » demanda-t-elle amusée.

Au fond, Adriel n'estimait pas être quelqu'un de profondément détestable, quoi qu'on puisse penser et dire de lui et de son comportement pas toujours appréciable et apprécié. Il se voyait surtout comme un mec franche, parfois un peu trop, mais au moins loin d'être hypocrite. C'était une chose qu'il ne supportait pas. Autant il aimait l'ironie et se plaisait à user de sarcasme à bon nombre d'occasions, autant il ne tolérait pas les faux-culs. Son père ne lui avait peut être pas appris grand chose, mais il lui avait tout de même inculqué l'importance de l'honnêteté, qu'importe si certaines choses peuvent blesser. D'après lui, il valait mieux souffrir une fois que de se bercer d'illusions. D'ailleurs, peut être bien qu'il était si peu toléré en ville parce qu'il faisait preuve d'un peu trop de franchise, oui il avait déjà considérée cette éventualité, mais si tel était le cas, alors il s'en portait bien mieux ainsi. Si les gens aimaient les fourbes hypocrites, dommage pour eux. Lui, il n'était peut être ni un saint ni un mec franchement fréquentable, mais au moins il disait ce qu'il pensait. On ne lui enlèverait pas ça, c'était certain. Ainsi donc, et même s'il avait probablement fait une très mauvaise impression à ce pauvre groom, au moins, il avait dit ce qu'il avait sur le cœur, exprimant un éventuel complexe social à travers une manifestation virulente mais loin d'être malvenue à ses yeux. « Il ne t'a rien fait à ce que je sache. Mais bon tu ne peux pas t'en empêcher pas vrai ? » Certes, le fameux Henry ne lui avait rien fait. Mais sa façon de le prendre de haut en lui demandant s'il séjournait dans l'hôtel l'avait quelques peu agacé. Et puis, il représentait le type même de personnes qu'il ne pouvait généralement pas voir. Les riches sectaires. « Attends, je suis à peu près sûr qu'il va s'en remettre, le p'tit. » Parce que jusqu'à preuve du contraire, il n'y avait eu qu'une vague insulte, rien de traumatisant, et pas la moindre violence physique. Franchement, lui il n'aurait aucun mal à oublier ce petit incident, hm. « Je suis contente que tu sois venu. Encore un peu plus et tu me trouvais devant ton pas de porte. Les téléphones existent tu sais ? Tu devrais essayer de temps en temps. » Un sourire délicat gagna les lèvres du jeune homme, qui appréciait assurément que son interlocutrice apprécie sa venue. Pour une fois - et Dieu sait que c'était réellement peu fréquent - il se sentait désiré. Comme quoi, un petit groom de merde pouvait vouloir le chasser quand la patronne de ce dernier pouvait quant à elle saluer sa venue. « Je n'utilise plus mon portable. Toutes les nanas à qui j'ai récemment filé mon numéro me harcèlent nuit et jour, c'est vraiment casse-pieds. Et puis, c'est pas tellement pour moi ce genre de trucs. Je ne suis pas un mec aussi moderne qu'on pourrait le croire. » Au fond, il vivait dans une petite maison dans les bois, se chauffait le plus clair du temps au feu de cheminée, mangeait généralement ce qu'il chassait et préférait les sorties au bar aux programmes télé du samedi soir. Mais voilà qu'ils furent brusquement amenés à évoquer la vie amoureuse du jeune homme, pourtant loin d'être glorieuse. « N'importe quoi. La femme que tu choisiras sera chanceuse de t'avoir, crois moi. » Un rictus amer lui échappa subitement. Qu'en savait-elle ? Avait-elle déjà partagé la vie d'un type comme lui ? Il n'était pas un cadeau et il le savait. Car non content d'être bourré de défauts, il s'employait perpétuellement à en trouver chez les autres. Jamais satisfait de rien, jurant à tout va et étant incapable de pleinement se satisfaire d'une seule femme, il n'avait clairement pas le profil du gendre idéal. « Va donc dire ça à la seule femme qui ait jamais partagé ma vie. J'ai tendance à me dire qu'elle ne doit pas du tout penser comme toi à ce sujet. » Et pour cause, Rennie s'était souvent employée à lui mettre leur rupture sur le dos. En soi, c'est vrai qu'il avait merdé, et bien comme il faut, mais les torts étaient partagés au final : ni l'un ni l'autre ne s'était battu pour leur histoire. Aujourd'hui, il en souffrait beaucoup. Elle, déjà moins. Ou elle n'en donnait pas l'air, en tout cas. « Bien sûr que tu m'a manqué, idiot ! » Là encore, un petit sourire s’immisça sur ses lèvres, preuve qu'il était touché. « C'est étrange d'entendre cette phrase, hm. » En soi, il n'avait jamais tellement manqué à quelqu'un. Pas à son père quand il était rentré de ses nombreuses fugues, pas à son frère quand ce dernier était revenu d'Oakland ... Ouais, ça lui faisait tout drôle. « Maintenant, raconte moi un peu ce que t'a fais ces derniers jours. » Ah, par contre, c'était déjà moins plaisant comme partie de la conversation. Tout simplement parce qu'il ne savait pas tellement quoi lui dire, ou en tout cas qui puisse l'intéresser. « Concrètement ? J'ai bu. J'ai mangé. J'ai tué, des cerfs je précise. J'ai dragué. J'ai baisé. J'ai pioncé. J'ai marché. J'ai été blessé. J'ai gueulé. J'ai vécu, en somme. » Et il ne voyait pas l'intérêt d'entre dans de plus amples détails. De toute manière, elle avait du poser cette question plus par formalité qu'autre chose, non ? Comme beaucoup l'ont déjà fait avant elle. « Et toi ? Quand est-ce que tu t'avoueras que je vaux bien mieux que le tatoué qui te sert de mari ? » Son époux, Adriel ne le connaissait pas en soi. Mais il le trouvait un peu trop détendu du slip par moments. Les rares fois où il l'avait vu, il ne lui avait pas fait très bonne impression. Mais peut être était-il simplement jaloux, en fin de compte. Possessif, disons.