► AGE : ving-deux ans. ► STATUT : célibataire d'un jour sur l'autre, tout dépend de son humeur. ► MÉTIER : neo n'a pas d'emploi bien défini. C'est un touche à tout. Des petits boulots, par ici, par là ; qu'on s'entende, les longues études, ce n'est pas pour lui. Sa philosophie, c'est que la vie, ça s'apprend dans la rue, pas sur les bancs de la fac. Depuis quelques années déjà, il est mécanicien dans un petit garage. ► NATIONALITÉ : son père était un pur américain du Wyoming, sa mère elle, était une amérindienne de la réserve de wind river, également du Wyoming. Il se considère comme mi-indien, mi-américain, bien que ce genre de mélange ne soit pas tellement apprécié, selon les états et les villes. ► GROUPE : up in flames, sans l'ombre d'un doute. ► POURQUOI CE GROUPE: sous ses airs de gentil garçon se cache un drôle d'oiseau. Et puis, tout le monde à ses secrets, pas vrai ? Même si personne n'est encore au courant, le jeune Holmes a été soupçonné de meurtre. Étonnant, pas vrai ? ► AVATAR : Francisco Lachowski. ► CRÉDIT : écrire ici.

NOS CICATRICES ONT LE MÉRITE DE NOUS RAPPELER QUE LE PASSÉ N'A PAS ÉTÉ QU'UN RÊVE. Son torse se soulevait dans de lents mouvements irréguliers, le seul bruit que l'on pouvait alors entendre, c'était celui d'une nouvelle goulée d'air inspirée. Le calme. La nuit, qui était tombée depuis quelques heures déjà, avait emporté les maux de la journée. Il avait pourtant du mal à respirer, le petit Amarok ; ses côtes étaient encore douloureuses, il ne comptait même plus les bleus qui parsemaient cette peau ambrée, tendue par quelques os saillants. Il avait mal, mais comme à son habitude, il souffrait silencieusement. Il savait que sinon, s'il osait se plaindre, il risquerait encore de subir. Ne dormant pas réellement, il finit par se glisser hors de ses draps, pour étendre ces derniers sur le lit. Sans un bruit, il se déplaçait telle une ombre dans sa chambre, et récupérait quelques objets. Des livres, en grande partie ; Alice au pays des merveilles, Le Petit chaperon rouge, Blanche-Neige, Le Soldat de plomb... Et bien d'autres ouvrages, qu'ils fussent des contes, ou non. Il rapporta le tout sur le drap, s'arrangeant en pagaille un baluchon de fortune. Le nœud fait, il jeta le sac par la fenêtre de la pièce. Fuguer, fuir. Fuir la misère, fuir un père à la main lourde, une mère sévère et désintéressée, fuir cette vieille bicoque qui le retenait prisonnier. Il est fou. Avait-on dit à ses parents. Et il était vrai que le brun avait toujours été différent des autres ; dès son plus jeune âge, il dévorait les livres, il avait une imagination débordante, il n'était pas très loquace et plutôt dans sa bulle, et il avait cette fascination morbide pour la mort. Alors, on l'avait emmené voir un psychiatre, on lui avait fait passer des tests, pour essayer de trouver la moindre trace, quelque chose qui les mènerait vers un éventuel problème mental. Rien, ils n'avaient rien dit, les hommes en blouse blanche. Juste que son cas était à suivre, qu'il n'y avait rien de trop inquiétant sur l'instant. Succédant à son paquetage, il se glissa à son tour par la fenêtre, sautant maladroitement dans un tas de feuilles rousses. Voilà, il avait réussi à s'échapper du donjon. Il ne lui restait plus qu'une chose à faire désormais ; tuer les ogres. Il gratta un bâtonnet contre une petite boîte qu'il gardait précieusement dans sa poche, et comme obnubilé par la danse de la flamme, resta concentré sur le feu un instant. Quelques secondes plus tard, cette même flamme venait dévorer les rideaux. C'était magnifique. Un tableau que le meilleur des peintres même, n'aurait pas réussi à peindre. Le feu léchant les poutres, la fumée montant au plafond, et la vieille baraque qui prenait un coup de chaud. Il avait accompli son devoir ; il avait débarrassé le royaume de ces infâmes créatures. Et désormais, il était libre ; libre d'aller loin, de vivre comme il l'entendait.

Mais surtout, il avait fait ce que la petite fille aux allumettes n'avait pas osé faire. Tenir tête à son père.

LA FOLIE EST, DIT-ON, UNE TARE. MAIS ELLE EST SI DOUCE A VIVRE ! Quelques heures après la mort de ses parents, le gamin avait été retrouvé par les autorités, perdu dans la forêt. Lui, coupable ? Jamais ! On avait accusé une défaillance technique, pour l'incendie. Un feu de cheminée, pas vrai ? C'est alors que sa vie commença réellement ; orphelin, il fut confié à une famille plutôt adorable, et il emménagea alors à Cascade Locks. Son adolescence fut plutôt calme, malgré quelques dérapages en chasse, certes. Toujours le nez dans ses bouquins, aussi. Toujours cette même imagination, cette même manière d'être différent. Les symptômes étaient plus présents, c'est sûr... Mais il s'était comme calmé... Et cela, c'était grâce à ses visites régulières avec un psy. Oui, il avait fini par s'y habituer, par accepter de s'y rendre sans rechigner. Il avait feint de comprendre pourquoi il devait s'y rendre... Et aujourd'hui, il avait dix-sept ans et autant dire que jusqu'à maintenant, il s'était tenu à carreau, pour un potentiel psychopathe.

« C'est quoi ton prénom, déjà ? » « Neo. » Les premiers mots échangés, ceux dont on est censé se souvenir. Le jeune Holmes s'en souvenait parfaitement, lui. Elle, elle s'appelait Sam, c'était une anglaise. Elle était si gentille, si douce, avec lui. Elle s'y était intéressé, malgré ses différences ! Et on ne pouvait pas nier qu'il avait été loin de rejeter la jeune femme, bien au contraire. Il en était même tombé amoureux. Pourquoi, comment ? C'était comme ça, c'était inexplicable, il n'avait pas choisi. Elle était comme un médicament pour lui, quelque chose qui l'apaisait, qui calmait ses craintes. Pour elle, il était prêt à tout ; à devenir quelqu'un de meilleur. Et c'est bien ce qu'il fit, jusqu'à ce fameux jour d'été.

C'était la fin des vacances, certainement la dernière semaine de cette longue pause estivale. Comme à leur habitude, les deux tourtereaux s'étaient donné rendez-vous dans la forêt, et comme toujours, il était en avance. Alors, au milieu de sa petite clairière, il jouait habilement avec son couteau de chasse, en attendant la demoiselle. Le temps paraissait long, sans elle ; il perdait patience, et n'osait pas imaginer ce qu'il deviendrai, si un jour elle le laissait. Perdu dans ses pensées, il ne l'entendit même pas arriver, et ne s'aperçut de sa présence, que lorsqu'elle déposa ses mains sur ses yeux. Un fin sourire venait étirer ses lèvres, et il attendit un court instant avant de se retourner pour lui voler un fugace baiser. Elle riait, c'était un peu un jeu du chat et de la souris, et ça les amusait. « Neo, écoute, 'faut que je te dise quelque chose... Quelque chose d'important... Et, 'faut pas que tu le prennes mal, d'accord ? » Il était inquiet, même s'il refusait de le montrer, alors il hochait un peu la tête, et restait planté devant elle, avant de sourire. « Qu'est-ce qu'il y a ? tu n'as pas réussi à relever ton défi ? » Le défi. Voilà, ce qu'il aimait, voilà ce qui avait construit leur relation ; une multitude de défis. « Non, Neo... C'est très sérieux, ce que j'ai à te dire... Mais, promets-moi de ne pas t'énerver, d'accord ? » Cette fois, il fronçait les sourcils, il n'était pas sûr de comprendre. « Je... Je dois partir, Neo. Mes parents, moi, nous retournons en Angleterre. Je suis vraiment désolée, vraiment... » Elle baissait les yeux, lui gardait le regard dans le vague. La sentence était tombée, elle achevait le prisonnier ; son coeur saignait à nouveau. « Mais, non ! Enfin, non, tu vas rester là, hein ? Bien sûr que tu vas rester là, on va trouver un moyen de te faire rester, tu ne peux pas partir comme ça, tu n'as pas le droit de m'abandonner... Reste, s'il te plaît Sam, reste. » Les larmes perlaient sur ses joues à elle, lui sentait quelque chose d'étrange, gronder dans le fond de son être ; c'était la haine. La rage. La colère. « J'aurais dû te prévenir plus tôt... » Il secouait la tête négativement, il ne voulait pas accepter, il ne voulait pas comprendre. Alors, il niait l'évidence. « Depuis quand tu le sais, hein ? Pourquoi tu dis plus tôt ? Depuis quand ? » Elle baissait les yeux, elle avait mal au coeur de lui dire la vérité, et pourtant, elle s'y sentait obligée. « Depuis le début des vacances... je suis désolée, j'ai été égoïste, j'aurais dû te le dire plus tôt, je t'aurais fait moins mal, tu m'aurais oubliée et tout aurait été plus simple... Je suis vraiment désolée Neo, mais je voulais que cet été soit parfait, avant que je ne parte... » Il la repoussait, violemment. Il était blessé, écorché vif ; elle l'abandonnait, elle aussi. Pour éviter d'aggraver la situation, elle l'embrassa sur la joue, avant de tourner les talons.

Et tout aurait été plus simple, s'il ne l'avait pas retenu. Mais non ; c'était à son tour, de se montrer égoïste. Alors, il attrapa sa belle par le bras, et la tira vers lui. « ...Lâche-moi Neo, mes parents m'attendent, je dois partir... Ne rends pas la plus difficile qu'elle ne l'est déjà, s'il te plaît... » Encore une fois, il secouait la tête, et il la tirait vers elle. Elle tirait, elle aussi, pour tenter de s'enfuir. Non, il ne voulait pas lâcher prise, il la voulait pour lui, pour lui tout seul. « Non, tu vas rester avec moi. T'as pas le choix, de toute façon. Tu peux pas m'abandonner. » Son regard, à elle. Elle semblait horrifiée. C'était normal ; pour la première fois, c'était le monstre qui lui parlait, ce n'était plus le gentil garçon. « Neo, tu me laisses maintenant. » Il ne voulait pas, non, c'était hors de question qu'il la lâche. Elle ne partirait pas. Elle ne l'abandonnerait pas. Pourtant, elle lui écrasa le pied, alors, elle parvint à s'enfuir sur quelques mètres. Plus rapide, il ne tarda pas à la rattraper, et à la saisir, comme on saisit une biche que l'on vient de tuer ; sans aucune délicatesse. « Neo ! Tu me fais mal ! Lâche-moi je t'ai dit ! » Puis, sans faire exprès, un seul geste un peu brusque, et la lame de son couteau fini dans le flanc de la demoiselle. Son regard avait changé, son expression aussi, elle souffrait. « Là, tu vas rester avec moi ? HEIN ? » Quelques maigres minutes plus tard, il se rendit compte de l'acte affreux qu'il venait de commettre. Elle s'écroula dans ses bras, le corps du jeune Holmes fut secoué de sanglots, et il pleura, berçant le cadavre dans une dernière étreinte. Il lui murmura des mots doux, en espérant qu'elle se réveille ; mais rien. Non, plus rien, jamais. Triste, énervé, déboussolé, il ne pouvait pas retenir ce curieux sourire :

Pour la première fois dans l'histoire, le Chasseur n'avait pas failli à sa tâche. Il avait tué Blanche-Neige.

SI TU VEUX LEURRER LE MONDE, RESSEMBLE AU MONDE. RESSEMBLE A L'INNOCENTE FLEUR, MAIS SOIS LE SERPENT QU'ELLE CACHE. S'il s'était senti mal, par la suite ? Un peu. Une semaine, tout au plus. Lorsque le cadavre fut découvert, il joua la comédie, comme il savait si bien le faire. Il avait pleuré, il avait crié, il avait maudit. Il avait joué le Roméo blessé, le Roméo qui venait de perdre sa Juliette, à la différence que lui ne comptait pas se suicider. Il avait fait comme si rien ne s'était passé ; il continuait à aller chez son psy, à être le bon garçon qu'on attendait qu'il soit. Il continuait à chérir sa famille d'accueil, à se faire des amis. À se fondre dans la masse, en pleurant parfois, la nuit. Il devait l'oublier, mais ce n'était pas aussi facile ; pour la première fois, il avait aimé. Il avait aimé au point d'en devenir un meurtrier. Enfin, il essayait d'aller de l'avant, comme on l'avait conseillé. Il termina l'école sans plus d'histoires, rentra dans ce qu'on pouvait considérer comme « la vie active ». Tourne la page, hein ? Oui, mais il saignait, il saignait d'avoir tué son seul moyen de s'en sortir. Il n'arrivait pas à accepter qu'elle devienne un souvenir, un fantôme de son passé. C'était douloureux, même s'il refusait de se l'avouer. Alors, il s'inventa un avenir, comme il savait si bien le faire. Doué pour tout ce qui était manuel, il enchaîna les petits boulots avant de trouver sa vocation, mécanicien. Sourire, on lui demandait de sourire, de rire, de fêter, de profiter de sa jeunesse. Alors, il s'exécutait, il faisait semblant puisque cela leur faisait plaisir.

Comme dans le Loup et les Sept cabris, il s'était fait une douillette place dans la bergerie.