2002. J’ai douze ans, il en a seize. Je suis assise sur la machine à laver, rouge à lèvre en main, lui, ne cesse de me fixer avec son petit sourire en coin. « Quoi ? Tu veux ma photo dédicacée ? » D’accord c’est de la répartie pourrie mais en même temps je ne suis pas d’humeur à rire. Noel vient de passer et je n’ai toujours pas digérée le fait que mes parents m’offrent un chien à la place du chat que j’avais demandé. « Pourquoi pas. Un jour tu deviendras peut-être célèbre, qui sait ?! » Et il se moque de moi le crétin. J’ai envie de lui cracher dessus mais je me contente de grimacer. « Roohhh arrêtes de leur en vouloir. Ils pensaient vraiment te faire plaisir avec ce chien. Il est vraiment adorable en plus. Prends conscience de la chance que tu as chaton. Tes parents sont prêts à tout pour te faire plaisir. Ils t’aiment vraiment. A tel point qu’ils t’ont proposé de le ramener et de l’échanger comme si c’était un vulgaire jouet. Tu te rends compte ? » Ouai, bon, il marque un point. Ou deux. Merde. Il a horriblement raison. J’ai les meilleurs parents du monde et je trouve quand même le moyen de m’en plaindre. Pour lui, c’est loin d’être le cas. Sa mère c’est Cruella en personne. Je m’empresse de lâcher mon tube de rouge à lèvre pour me lever et le serrer dans les bras. « Mon lilou je t’adore tellement. » Les câlins entre nous, c’est une coutume. Lui et moi avons une relation très forte et fusionnelle. On se voit tout le temps et je le considère plus comme un très bon ami qu’un cousin éloigné. « Je sais pas ce que je ferai sans toi franchement. » J’entends au loin des voix crier mais je n’y prête pas plus attention. Il est tard. Je suppose que nos parents ont bu et sont entrain de faire la fête ensemble, comme d’habitude. « Tu serais surement entrain de maquiller ton chien pour le transformer en chat ! » Je lui offre une tape sur l’épaule en me détachant de lui tandis que les cris au loin deviennent de plus en plus forts. « N’importe quoi ! » « Ohhh, Barbie est vexée ? » « P’tit con ! Moi au moins, j’ai pas de bouton sur ma tronche. » Ok, c’était petit. Mais il faut avouer que les boutons d’acnés sur le visage de Liam se font de plus en plus fréquents. L’adolescence probablement. En attendant, j’ai vexé le monsieur. « Désolé. » Je me place aussitôt devant lui affichant mon éternel air de chien battu. Il garde son air insensible pendant plusieurs secondes avant de se mettre à rire. Je joins mes rires aux siens, puis, la porte de la pièce s’ouvre aussitôt nous interrompant. Mon père apparait vert de rage tandis que ma mère, larmes aux yeux, s’approche de moi. Elle me prend par la main aussitôt pour me tirer vers la sortie. « Viens. On n’a plus rien à faire ici. Désolé Liam mais ta mère a dépassée les bornes. Tu ne reverras plus Lily désormais. » Ses mots me restent en travers de la gorge. J’ai dû mal à les assimiler. Mes yeux s’humidifient tandis que mes bras s’agrippent à ceux de Liam. Je n’arrive pas à parler. « Toi et moi c’est pour la vie. Un jour on se retrouvera. » Son regard est intense. Je m’efforce de m’accrocher mais c’est lui qui lâche prise sous la pression de ma mère. Des larmes coulent le long de mes joues tandis que je me vois traînée par la sortie. Je n’ai malheureusement jamais pu répondre au jeune homme ni pu le contacter. Les années ont coulées mais je ne l’ai jamais oublié. Lui comme sa promesse. Aujourd’hui, j’ai décidée qu’il était temps de le retrouver.

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