La violence avait toujours fait partie de la vie d'Adriel. Il y avait longtemps été confronté, dès son plus jeune âge d'ailleurs, et on ne la lui avait jamais présenté comme quelque chose de mauvais, de bas. Son rapport avec les coups avait été déterminé par la violence d'un père alcoolique, qui avait longtemps pris son fils ainé pour son défouloir, pour ce qui pouvait lui permettre de laisser s'exprimer sa rage, sa frustration, lui qui avait perdu sa femme, sa raison de vivre. Longtemps, Adriel avait essayé de se détacher de ce piètre exemple que lui avait donné son père, mais il avait finalement du se faire une raison : comme lui, il aimait boire et comme lui, il aimait taper sur les autres. Cependant, là où il se trouvait un tant soit peu plus respectable que son paternel, c'était dans le fait de ne s'en prendre qu'à des ivrognes adeptes eux aussi des bagarres nocturnes dans des bars sordides. Il ne frappait pas les enfants - de toute manière, il n'en avait pas - et n'était véritablement disposé qu'à s'en prendre à ceux qui lui cherchaient des noises. Et pour le coup, il avait probablement trouvé sur qui cogner ce soir. Car tandis qu'il s'était, comme à son habitude, rendu au bar en fin de soirée, et qu'il y avait bu sans tellement modérer sa descente, voilà qu'il fut bien vite dérangé par le comportement agressif d'un ivrogne visiblement tenté de goûter à ses poings. C'est donc plutôt naturellement qu'il partit à l'affrontement, se levant, lui faisant face, soutenant son regard d'alcolo et ne tardant pas à se faire cracher en pleine face. Ça, il ne pouvait clairement pas le tolérer. Alors après avoir pris la peine de sortir un mouchoir de sa poche pour s'essuyer la joue, son poing trouva malencontreusement le visage de ce gros dégueulasse qui, clairement, aurait du s'abstenir de lui craquer dessus. Malheureusement, l’inévitable se produisit et la scène tourna bien vite en véritable bagarre, sous les yeux médusés ou satisfaits des nombreux clients présents. Pour le coup, les serveuses semblaient complètement dépassées. La seule crainte d'Adriel, à cet instant précis, était probablement que le patron débarque et le chasse définitivement de son bar, lui qui appréciait de s'y rendre assez régulièrement. Mais à cet instant, il était surtout occupé à régler son compte à l'autre ivrogne. Frappé, frappant, il ne se laissa clairement pas faire, lui qui était suffisamment casse-cou pour se battre tant qu'il en était encore capable. Sauf que son compagnon de bagarre crut malin de le pousser de ses deux mains, manquant de lui faire perdre l'équilibre et le faisant malheureusement bousculer une cliente qui avait cru bon de se foutre dans ses pattes. En un vaste regard, il vérifia qu'elle ne s'était pas vautrée, et voyant que ça n'était pas le cas, il s'apprêta déjà à reprendre là où il s'était arrêté. Mais visiblement, mademoiselle ne l'entendait pas de cette oreille, si bien qu'elle se permit de le frapper elle aussi. Et pas qu'un peu. Non, clairement, il n'aurait jamais soupçonné une telle force chez un si petit gabarie. En tout cas, sa fierté, au même titre que son visage, venait d'en prendre un sacré coup. Et visiblement, personne n'en revenait, si bien que le mec de tout à l'heure en avait oublié leur bagarre et que la plupart des clients venaient de plonger la salle dans un silence remarquable. Quant à la jeune femme, et bien, il semblerait qu'elle désire faire comme si rien ne s'était passé. Sauf que ce coup-ci, c'était Adriel qui n'était pas franchement de cet avis. Du coup, il s'empressa de l'empoigner, l'incitant à se retourner pour bien la dévisager, histoire de véritablement mettre un visage sur un coup de poing. Son regard à lui, en tout cas, était infiniment mauvais. « C'est quoi ton délire à toi, hein ?! » ne tarda-t-il pas à s'exclama, contrarié par le geste qu'elle avait eu à son égard et qui risquait de lui faire une réputation de loseur. « Tu veux que je t'en mette une en retour ? Habituellement, je ne cogne pas les bonnes femmes, mais là j'avoue que ça me tente bien. » Naturellement, il ne le ferait pas. C'était simplement sa fierté qui cherchait à renaitre de ses cendres. Il voulait peut être lui faire peur, l'intimider. Elle lui avait foutu une sacrée honte et il était hors de question qu'il laisse passer ça.

Mais merde quoi, c'était qui cette fille ? Et de quel droit s'était-elle permise de le frapper ? Déjà, croyait-elle qu'il avait besoin de ça, alors qu'il avait bien du se prendre deux ou trois poings dans la tronche durant les dix dernières minutes ? Et puis, d'où estimait-elle naturel de frapper un type qui ne lui avait pas chercher de noise ? Okay, il l'avait bousculée, mais ça n'était même pas de sa faute puisque l'autre abruti avec qui il se battait depuis quelques instants l'avait simplement poussé un peu trop violemment. Et puis elle n'était ni blessée, ni traumatisée, alors elle n'avait pas à s'en prendre physiquement à lui. Franchement, ce coup de poing malvenu n'avait pas tardé à profondément agacer le jeune homme. Pour quoi passait-il maintenant, hein ? Pour un gars qu'une fille pouvait frapper à la moindre occasion ? Non, il ne voulait pas de ce genre de réputations. Certainement pas. Quoi qu'il en soit, il va de soi qu'il ne la laissa pas filer aussi facilement. Manque de pot pour elle, Adriel n'était pas du genre à laisser passer ce genre de folies, alors il va de soi qu'il ne la laisserait pas tranquille avant d'avoir compris ce qui lui avait laissé penser qu'elle pouvait le frapper de la sorte. Mais mademoiselle avait visiblement un caractère aussi trempé que le sien. « Et toi alors ? T'en veux encore ? » En un roulement d'yeux, Adriel exprima clairement ce qu'il ressentait, à savoir un mélange entre une profonde médisance et une incompréhension totale. « J'hallucine, putain » soupira-t-il alors, les sourcils froncés et le visage fermé. Il ne comprenait pas pourquoi cette gamine se la jouait petite merdeuse et pourquoi elle ne trouvait même pas normal de s'excuser. Sans doute estimait-elle qu'elle avait eu raison de lui mettre son poing dans la tronche. Sauf qu'Adriel, lui, ne l'entendait pas de cette oreille, il va de soi. Le pire, c'est qu'elle continuait. « Je te conseille de me lâcher vite fait si tu ne veux pas te reprendre un coup. » Là, il eut envie de lui rire à la tronche, étant donné que, d'une, on ne le menaçait pas et que, de deux, c'était peut être elle qui devrait finalement faire attention. Quoi qu'il en soit, il estima préférable de la lâcher, craignant probablement qu'elle se mette à crier au viol dans la seconde, hm. En tous les cas, il est certain qu'Adriel avait présentement une profonde envie de lui rendre son coup, de la marquer au creux de l’œil comme elle venait de le faire avec lui. Mais moralement, il ne pouvait pas. Frapper une femme, ça n'était pas correct. Il ne l'avait jamais fait et ne comptait de toute évidence pas commencer aujourd'hui. Mais ce ton suffisant sur lequel elle continuait de s'adresser à lui avait le don de l'agacer profondément. « Ne te gêne surtout pas, mais bon vu la façon dont tu te battais tout à l'heure, je n'ai rien à craindre. » De la provocation, clairement. Et dans un contexte comme celui-ci, il ne supportait pas ça. Elle lui cherchait des noises et ça n'était pas bon pour elle. Impulsif comme il était, il pourrait tout à fait disjoncter et en oublier ce que la morale avait tendance à condamner. « Tu crois t'adresser à qui, au juste ? A ton pote ? » Là, clairement, il se contrôlait. Parce que les fois où des petits cons s'étaient adressés à lui sur ce ton, il n'avait naturellement pas manqué de leur présenter son poing. « Et tu frappes tous ceux qui ont le malheur de te bousculer, ou quoi ? En tout cas, entendons-nous bien, je laisse passer ça une fois, pas deux. Tu recommences et ton joli minois ira faire connaissance avec le plafond. » En soi, il n'était pas certain que la menacer soit une solution, puisqu'elle avait l'air trop téméraire pour craindre ce genre de choses. Mais il se devait de préciser qu'il ne ferait pas preuve de clémence deux fois de suite. Il voulait bien rester gentleman, mais pas se transformer en crétin de bisounours pour autant.

Oh oui, il devait halluciner. Bien sûr qu'il hallucinait. Comment cette jeune femme aurait-elle pu réellement s'en prendre physiquement à un gars de son gabarit ? A moins d'être profondément suicidaire, elle n'avait pas pu avoir recours à ce genre de manières, d'autant plus qu'à condition d'écouter quelques peu les gens parler, elle pourrait sans mal entendre dire qu'Adriel était tout sauf un saint, et qu'en l'occurrence il n'était pas de ceux qui se laissaient frapper sans réagir. Alors bien sûr, être face à une femme lui compliquait clairement la tâche. Parce que si ça avait été un homme, nul doute que le type serait déjà à terre, le nez pété, la bouche en sang et les arcades sourcilières défoncées. Mais là, il ne pouvait clairement pas se résoudre à lui taper dessus. Aussi provocatrice soit cette jeune femme, elle n'en était pas moins intouchable, et ça il le savait bien. Il ne pouvait pas s'en prendre physiquement à elle, car il ne se considérait peut être pas comme un mec bien, pour autant, il ne voulait pas s'apparaitre à lui même comme un monstre, un goujat disposé à frapper la première gonzesse venue. Cela n'était pas lui, et il ne voulait pas devenir comme son père, qui avait longtemps cru naturel de frapper n'importe qui, à commencer par ses propres enfants. Il n'était pas son père. Il avait beau souffrir de la même addiction à l'alcool, aimer la bagarre comme lui l'aimait en son temps, il n'en deviendrait pas un connard de la pire espèce. Non, ça avait ses limites et il savait qu'il ne devait pas les dépasser. Pour autant, il est vrai que cette gamine le faisait bien chier. Elle s'adressait à lui comme à son meilleur pote, alors qu'ils ne connaissaient pas et qu'elle venait de se permettre de lui taper dessus. Clairement, elle allait devoir revoir sa manière de lui parler, parce qu'Adriel ne serait pas disposé à faire preuve d'autant de patience bien longtemps. « Et toi, alors tu te donnes le droit de déranger tout le monde en te battant ici, la prochaine fois, bat toi dehors comme ça tu ne dérangeras personne et personne ne te dérangera. » Un soupire lui échappa instantanément. Non mais sérieusement. Il avait bien envie de lui dire de se mêler de son cul, de laisser les grandes personnes gérer leur vie comme elles l'entendaient. Là, elle le jugeait. Et ça avait tendance à fortement lui déplaire, en soi. « J'emmerde les autres. Si ça me plait de me battre avec des ivrognes, j'estime pouvoir le faire sans avoir à demander une autorisation. Je me bats si je veux, avec qui je veux, et où je veux. » Et là, c'était son coté rebelle qui parlait. Il se revoyait à la fin du lycée, quand il avait commencé à changer de look, de fréquentations, de comportement. Il était devenu adepte des fugues, des rébellions, des sales coups. A trente-et-un ans, il agissait encore comme un adolescent rebelle. Il faut dire qu'il n'avait rien à perdre à agir de la sorte. « Et sache que si tu oses faire rencontrer mon joli minois comme tu dis avec le plafond, je ferais rencontrer le tien avec le sol. » De mieux en mieux. Des menaces, maintenant. Et genre, il était censé les prendre au sérieux, c'est bien ça ? Bah, c'était mal parti, étant donné qu'elle avait deux-trois têtes de moins que lui, et qu'elle l'impressionnait autant qu'un hamster. Et puis il n'avait même pas envie d'entrer dans son jeu de gamine capricieuse, parce qu'il n'en avait franchement rien à foutre. « Ça se voit que j'ai peur ? Non ? Bah c'est normal. » Au pire, qu'elle essaye de s'en prendre à nouveau à lui, et plus aucune tolérance ne serait de mise. Il était peut être encore un minimum moral, il n'en était pas moins con. « Ça ne rime à rien cette conversation ... ok je reconnais que je n'aurais pas dû te frapper. Content ? Je peux y aller maintenant ? » Ah, pour le coup, il était d'accord avec elle : ça ne rimait à rien. Mais la faute à cette excitée du bulbe, hein. Lui, il n'avait fait que se battre avec un ivrogne, comme chaque soir ou presque. C'était elle qui les avait mené droit à cette ridicule confrontation. Bref, elle se barrait. Sauf que lui, il n'en avait pas nécessairement terminé avec la blonde. Du coup, il la rattrapa une nouvelle fois, moins fermement, presque doucement en fait, en profitant même de la situation pour instaurer une certaine proximité entre eux, entre leurs deux corps. Parce qu'il ne se gêna pas pour coller son torse au dos de la demoiselle. Genre, naturellement. « Attends, je ne suis pas d'accord pour que tu me fausses déjà compagnie. On pourrait, je sais pas, effacer l'ardoise et faire connaissance ... autrement ? » Oui, il la draguait. Et oui, il était psychologiquement préparé à une autre tarte. Mais le danger, en fin de compte, il aimait bien trop ça pour s'en priver.

La mort de Miles m'avait anéanti, je savais que j'avais des problèmes mais ça, ça n'avait rien arrangé, j'avais réussi à trouver un équilibre, j'avais réussi à me maitriser, à me comporter comme une fille sage et voilà que quelque verre descendu et je perdais tout maitrise de moi. Maintenant que j'y pensai j'avais seulement voulu chercher des problèmes encore une fois, c'était bien du Kirby tout craché tien. Je savais que la violence n'arrangeait pas les choses mais qu'est-ce que ça faisait un bien fou, l'avoir frappé au visage de toutes mes forces m'avait revitalisé, comme si par ce coup de poing je cherchais à recharger mes batteries à plat. Batteries vidées par Maël en grande partie, je l'aimais comme une folle dingue et lui me piétinait le coeur et bien sûr j'en redemandais. Il fallait bien que je le reconnaisse, si j'en avais vraiment marre de lui, il me suffisait de le laisser tomber, ne pas courir vers lui comme une imbécile heureuse pour me lover dans ses bras. J'étais peut être une sadomasochisme sentimental sur les bords qui sait ? Je devrais peut-être en parler à un psy, en tout cas, en ce moment, dans ce coup de poing j'avais trouvé le remède parfait à mes malheurs. Sauf que j'avais choisi la mauvaise personne mais je l'avais remarqué trop tard et je n'avais pas à disposition une machine à remonter dans le temps alors pour l'instant je devais faire avec. « J'emmerde les autres. Si ça me plait de me battre avec des ivrognes, j'estime pouvoir le faire sans avoir à demander une autorisation. Je me bats si je veux, avec qui je veux, et où je veux. » Ce qui m'énervait le plus chez ce mec, c'est qu'il était le genre de mec que j'aimais, il avait cette assurance, cette prestance, ce côté je m'en fous des règles et tout ce qu'il disait et bien ... il prêchait une convertie, j'étais complètement d'accord avec lui mais c'était plus fort que moi, quand j'étais ivre, je provoquais. Et ce n'étais pas cette fois que j'allais changer mes habitudes. « Ça se voit que j'ai peur ? Non ? Bah c'est normal. » » Le menacer, encore une chose super intelligente que j'avais fait ce soir, je ne répliqua et ne broncha même pas, d'une part parce que j'avais l'habitude de ne pas être prise au sérieux et d'autre part et bien il n'y avait pas photos entre lui et moi, je n'avais aucune chance de mettre mes menaces à exécution. C'est tout naturellement, que je m'excusa sans m'excuser et pris congé une nouvelle fois. Je pensais vraiment qu'il allait me laisser partir alors quand je sentie que quelqu'un me prenait le bras doucement, je ne cru pas une seconde que ce soit lui pourtant c'était bien sa voix qui me parvenait à mon oreille, ce mec devait vraiment être timbré. Je sentie son torse se coller contre mon dos et bizarrement je ne fis aucun mouvement pour me séparer de lui. Bizarrement ? peut-être pas, après la mort de Miles et la distance qu'il y avait avec Maël, j'appréciais cette présence masculine contre moi, même si elle venait d'un crétin. « Attends, je ne suis pas d'accord pour que tu me fausses déjà compagnie. On pourrait, je sais pas, effacer l'ardoise et faire connaissance ... autrement ? » Il était vraiment sérieux ? il pensait vraiment pouvoir me draguer après ce qui s'était passé ? Ou alors il se jouait de moi ? Pour le coup, ce virement de situation m'amusait grandement. Il avait réveillé mon côté joueur et taquin et il n'allait pas être déçu. Doucement, je me retourna pour lui faire face en prenant bien soin de ne pas rompre le contact de nos corps. Il s'attendait surement à ce que je le frappe à nouveau mais je n'en avais pas l'attention, j'allais jouer avec lui, un jeu dangereux mais je n'avais rien à perdre. Je lui fis ma moue la plus sexy, celle qui faisait craquer les hommes à chaque fois, pourtant je n'étais pas entièrement confiante parce qu'il n'était pas comme tous les hommes que j'avais rencontrés justement. « Pourquoi pas ... tu m'offres un verre avant histoire de faire connaissance dans les règles ? » Au moins j'allais être fixé de ces réelles attentions à mon égard et puis ce n'était pas question que je passe pour une fille facile parce que je ne l'étais pas, enfin plus maintenant.

Spoiler:

Se battre était véritablement devenu habituel pour Adriel. Il se battait chaque fois qu'il se rendait au bar, chaque fois qu'il y trouvait des types plus saouls que lui, chaque fois qu'on avait le malheur de le provoquer un tantinet, ou parfois même chaque fois qu'il avait simplement envie de se divertir et de combattre l'ennui. Car se battre avait la fonction certaine de lui faire oublier qu'il n'avait pas de réels amis avec qui sortir, qu'il n'avait quasiment personne en soi, et qu'il ne le vivait pas nécessairement aussi bien qu'il se plaisait à le croire. Adriel aimait frapper de pauvres types complètement bourrés, parce que cela lui donnait également l'impression d'être vivant, et bien vivant. Lui qui finissait généralement ivre mort se plaisait à connaitre cette intense sensation. Et puis il estimait de toute manière n'avoir de comptes à rendre à personne. Ni à cette jeune femme, ni à personne d'autre. S'il aimait se battre, ici ou bien ailleurs, il estimait que cela était son droit. En soi, à part échanger quelques coups, il estimait ne rien faire d'extrêmement mal. Il ne fallait pas non plus lui mettre tout sur le dos. Une fois, on lui avait reproché de contribuer à instaurer un véritable climat de violence en ville. Et puis quoi, encore ? Parce qu'il se battait dans un bar, il était à mettre au même niveau que les tueurs qui sévissaient à Cascade Locks ? N'importe quoi. Quoi qu'il en soit, si cette petite blonde croyait probablement lui faire peur - ou pas, d'ailleurs - il était certain qu'elle le connaissait bien mal. S'il s'était laissé frapper, d'une certaine manière, cela ne signifiait pas qu'il la craignait, bien au contraire. Elle pouvait bien proférer des menaces, bizarrement, il n'en était pas plus inquiet que cela. Sans doute parce qu'il restait réaliste : en comparaison du frêle gabarie de la jeune femme, le sien était suffisamment imposant pour gagner en cas de nouvel affrontement. Car, clairement, il ne ferait pas preuve de clémence deux fois de suite. Elle avait donc plutôt intérêt à s'en tenir à ces mots. Mais voilà que la situation changea du tout au tout au moment où la petite blonde entreprit de s'éloigner. Bizarrement, et malgré tout cela, Adriel n'était pas certain d'avoir franchement envie de la laisser partir. Non, il en était même sûr en fait. Parce qu'en reconsidérant les choses, il avait tendance à penser qu'il aurait peut être tort de ne pas saisir l'occasion d'effectuer un rapprochement. Finalement, ce conflit lui avait bien plu, du moins, il l'avait excité. Alors certes il lui en fallait généralement bien peu, mais les faits étaient là : cette jeune femme, aussi chieuse soit-elle, était bien mignonne. Clairement, il ne cracherait pas sur le fait de la connaitre un peu mieux, histoire peut être de repartir sur des bases plus ... agréables. Mais elle, qu'en pensait-elle ? Allait-elle le trouver gonflé de tenter sa chance après tout ça ? Sans doute n'imaginait-elle pas qu'il était moins prise de tête qu'il en avait l'air, et qu'en fait, il était capable de troquer sa cape d'impulsif pour celle de dragueur en un rien de temps. Le torse alors collé au dos de la jeune femme, il la vit bientôt se retourner. Déjà, elle ne le repoussait pas. Elle ne le frappait pas non plus. Bien, c'était au moins ça. Elle disait maintenant vouloir un verre. Pas sûr que ce soit bien raisonnable, probablement dans un cas comme dans l'autre, mais à cet instant précis, il ne se voyait plus lui refuser quoi que ce soit. « Ça devrait pouvoir se faire » laissa-t-il alors entendre, en un vague sourire. Il se permit ensuite de la saisir par la taille et de se diriger vers le bar en lui-même. Il eut alors droit à un regard équivoque de la part du serveur, qui commençait à avoir l'habitude de donner à boire aux jeunes femmes qu'Adriel espérait séduire. Sans le savoir, il l'y aidait bien. « Qu'est-ce que tu prends ? Rien de trop cher, hein. » Naturellement, il était ironique. Il savait que certaines choses ne se disaient pas, de plus, il n'était pas du genre près de ses sous. Il en avait peu mais n'en devenait pas radin pour autant. Sa seule réelle préoccupation était à vrai dire qu'elle se saoule littéralement. Ce genre de demoiselles devaient bien mal tenir l'alcool, pensait-il. Et il serait bien plus délicat de continuer ce petit jeu si blondie était complètement pétée.

Spoiler:

La situation avait complètement changé, notre attitude l'un envers l'autre également. Il y avait à peine quelques minutes nous étions en train de nous cracher sur la gueule, je l'avais frappé, lui avait hésité. Maintenant, la drague était ouverte et cela ne me déplaisait pas. Pour ma part ce qui s'était passé juste avant était complètement oublié, l'énervement que j'avais ressenti à son égard avait complètement disparu. Pourtant, je n'étais pas sûr que lui est changé aussi rapidement, me draguait-il volontairement par envie ou pour me ridiculiser ? Autant tenter le coup, je n'avais rien à perdre et tout à gagner. C'est qu'il me plaisait bien physiquement alors lorsqu'il se colla à moi, je ne le repoussai pas, au contraire. Il me dit vouloir faire connaissance mais je veux que le jeu continue un peu plus, je savais que précipiter les choses n'étaient pas forcément une bonne idée. Alors, je lui demande de m'offrir un verre dont je n'avais pas envie mais je ne voulais pas paraître facile. « Ça devrait pouvoir se faire » Il ne me le refuse pas, cela me surprend un peu puis je me dis que plus rien devait me surprendre. Son sourire me fait craquer malgré moi, c'était toujours le sourire qui me faisait craquer, je craquais souvent pour un rien, la façon dont ils me regardaient, leurs façons de marcher, le son de leur voix, un tant soit peu qu'ils étaient mignon, tout m'allait, je n'étais pas vraiment compliqué et dans le cas présent, j'étais tombé sur un mec canon. Il me prit par la taille et m’entraîna vers le bar, je me laissa faire et me demanda ce que signifiait le regard échanger entre le serveur et mon beau brun. Je n'étais surement pas la première fille qu'il devait inviter à boire un verre et je m'en fichais éperdument. « Qu'est-ce que tu prends ? Rien de trop cher, hein. » Je me disais bien qu'il était trop beau pour être parfait, avec un caractère impulsif, il était en plus radin. Juste pour l'embêter, je voulais commander ce qu'il y avait de plus chère mais après avoir réfléchi quelques secondes, je changea d'avis. « Et si on oubliait le verre... et qu'on faisait connaissance à ta manière ? » Et voilà, mes vieux démons étaient de retour. Je m'en fichais complètement d'un verre de plus ou pas, j'étais déjà assez alcoolisé comme ça et tout ce que je voulais c'était lui et rien d'autre. Je ne voulais même pas connaitre son nom tout ce qui m'obnubilait en ce moment, c'était ses lèvres que je voulais embrasser. Tant pis, si je paraissais pour une fille facile, tant pis si j'allais le regretter demain, j'avais envie de faire quelque chose de complètement déraisonnable et j'en avais l'occasion, après tout, on ne vit qu'une fois.

Adriel était quelqu'un de lunatique. De bizarre aussi, mais de lunatique avant tout. Par exemple, il pouvait ressentir une vive contrariété et se la jouer dragueur quelques minutes plus tard. Ici, il avait comme l'impression que la frustration créée par son vif échange avec la demoiselle jouait sur ses envies, sur son désir surtout. Elle était peut être violente et avait tout d'une chieuse pure et dure, mais il n'empêche qu'elle était drôlement jolie. Canon, autant le dire. Et donc, il ne serait pas contre le fait de faire un peu plus connaissance, dans un cadre plus sympathique, histoire d'oublier ce malheureux incident. Au fond, elle l'avait cogné, ça l'avait bien fait chier sur le coup mais il allait s'en remettre, c'était certain. Pour s'être pris un nombre impressionnant de torgnoles au cours de sa vie, oui, il savait qu'il s'en remettrait. Mais elle avait plutôt intérêt à se faire pardonner, tout de même. Il voulait bien se la jouer galant et lui offrir un verre, mais il est clair qu'il ne le faisait pas de façon désintéressée. Il espérait la séduire, évidemment. C'était même souvent comme ça qu'il procédait, en offrant un verre à une jolie demoiselle, puis en avisant. Alors il ne tarda pas à la conduire jusqu'au bar, puis à lui faire comprendre qu'il voulait bien payer, mais pas se ruiner. Bon d'accord, il n'était pas franchement sérieux. C'était surtout histoire de la faire chier, disons. Mais ça n'eut pas tellement l'effet escompté. Disons en fait qu'il fut agréablement surpris par la réplique de la jeune femme. « Et si on oubliait le verre... et qu'on faisait connaissance à ta manière ? » Elle ne ronchonnait pas et ne commandait pas davantage. Là, elle lui faisait ouvertement des avances. De vraies avances. C'était clair, voire même limpide. Pas franchement difficile à interpréter, en soi. Un sourire carnassier naquit alors sur les lèvres du brun, qui se pencha alors vers elle et vint murmurer quelques mots à son oreille. « Tu ne sais pas dans quoi tu t'embarques » souffla-t-il donc, avant de se redresser et de la saisir à nouveau par la taille. Ils n'allaient pas rester ici, non. Ce serait peu adapté à ce qu'il avait en tête, évidemment. Le but, c'était naturellement de se retrouver seuls, tous les deux, dans un petit coin plus ... tranquille, disons. Et des coins, il y en avait pas mal qu'il connaissait bien par ici, qu'il connaissait même fort bien, pour en avoir essayé beaucoup, avec bon nombre de conquêtes. Les toilettes du bar ... la ruelle après la sortie de secours de celui-ci ... Mais il y avait mieux. Bien mieux, oui. Un endroit pour le moins interdit - et pour cause - et donc empreint à un certain danger. Excitant donc, logiquement. Un endroit situé au bout d'un étroit couloir où les clients n'étaient normalement pas autorisés à se rendre mais qu'Adriel avait quant à lui plus d'une fois arpenté. Il faut dire que ça n'était pas ce genre de choses qui l'arrêtaient, et c'était autant valable pour ça que pour le reste, assurément. Alors il conduisit la jeune femme jusqu'à une porte, qu'il ouvrit avec prudence, en passant sa tête pour s'assurer que la salle était vide. Il valait mieux qu'elle le soi, par soucis de commodité disons. Et elle l'était. Personne en vue. Bien. Parfait, même. Poussant la porte, la faisant entrer puis la refermant derrière eux, il fut effectivement satisfait de constater que la réserve du bar était vide. Le proprio avait un peu trop confiance en ses clients, visiblement. L'inconscient. Ici, ils étaient coupés de la cacophonie de la salle principale. Peu de bruit, peu de lumière aussi. Des meubles entreposés un peu n'importe comment, et des bouteilles, naturellement. Adriel avait déjà amenées des filles ici, évidemment. C'était, comme beaucoup d'autres endroits, son repère secret. Face à la jolie blonde, Adriel la fit doucement reculer, jusqu'à ce que le dos de celle-ci touche le mur. « Tu ne voudras bientôt plus me quitter » souffla-t-il, déposant avec fièvre ses lèvres sur les siennes, dans un baiser annonçant clairement la couleur. A noter que, volontairement, il n'avait pas fermé la porte à clé. Le danger décuplait son désir et décuplerait probablement tout autant son plaisir.

Je m'etais promis de ne plus recommencer, de ne plus céder. Je m'étais promis que plus jamais je ne me réveillerais au côté d'un inconnu en n'ayant aucun souvenir de la soirée que j'avais passé. Mais ce que j'avais imaginé de ma vie et bien on pouvait dire que rien ne s'était passé comme je le voulais. Je n'avais jamais imaginé que Miles pouvait être assassiné, je n'avais pas imaginé que Maël me quitte une nouvelle fois, je n'avais pas imaginé me retrouver dans cette ville et pourtant c'est ce qui m'arrivait. Je pouvais partir, quitter cet endroit qui m'avait enlevé Miles mais c'était impossible. Maël et moi étions d'accord sur un point, on devait venger la mort de notre meilleur ami et pour cela on devait rester ici. Peut-être que faire appel à mes vieux démons maintenant n'était pas une bonne idée, passer la nuit avec un parfait inconnu n'était pas l'idée la plus brillant qui me soit venu à l'esprit mais je me sentais seule. Peut-être que le gars devant moi était un meurtrier -dans ce cas-là, je ne donnais pas chère de ma personne- mais je m'en fichais, plus rien ne comptait ce soir, je voulais m'éclater un point c'est tout. Je propose alors à mon apollon du soir, s'il ne préférait pas qu'on oublie le verre, j'étais des plus explicites, si là, il ne comprenait pas où je voulais en venir c'est qu'il était vraiment idiot. Celui-ci afficha un grand sourire, il avait clairement compris « Tu ne sais pas dans quoi tu t'embarques » Non je ne le savais pas du tout mais je n'allais pas tarder à le savoir, là était tout le plaisir, s'avancer dans l'inconnu, ne pas savoir ce qu'il allait se passer bien que j'avais une petite idée en tête. Il me saisit par la taille et m'entraîna avec lui, arriver à une porte, j'eu la net impression, vu le comportement de mon apollon, que l'endroit où il m'emmenait était interdit, alors comme ça lui aussi aimait le danger. Après avoir vérifié que la salle était vide il me fit entrer et ferma la porte derrière nous, je ne fis pas attention au lieu, je ne le quittais pas des yeux, tout ce que je remarqua c'est que l'endroit était silencieux et sombre. Il me fit alors face et, devant sa carrure, je me sentais comme prise au piège, un frisson glacial me traversa le corps. Je me sentais comme un oisillon à la merci d'un aigle. Mon coeur battait la chamade au fur et à mesure qu'il s'approchait vers moi, je me retrouva alors coincer contre un mur. « Tu ne voudras bientôt plus me quitter » Il m'embrassa enfin et je m'abandonna complètement à lui, je plongea mes mains dans ses cheveux pour mieux répondre à son baiser. Sans quitter le contact de ses lèvres sur les miennes, je caressa son visage, puis son cou pour arriver à son torse, sous mes doigts je pouvais sentir ses muscles bien dessiner. Sans ménagement j'enleva sa chemise, interrompant notre baiser pendant quelques secondes et profita du spectacle qui s'offrait à moi. Je n'étais pas déçu de son corps moulé à la perfection. « C'est toi qui ne pourra plus te passer de moi... » Je me colla un peu plus à lui, ne laissait aucun espace entre nos corps, étrangement je savais que je n'allais pas regretter ma décision.