Un meurtre effroyable a été commis. Vous avez perdu l'un des vôtres, et les tueurs ne comptent pas s'arrêter là. Tenez-vous au courant de l'identité des victimes grâce à la rubrique nécrologique de la gazette. Et surtout, soyez très prudents.
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 friday the 13th

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Rhett Siggers

Rhett Siggers

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MessageSujet: friday the 13th   friday the 13th EmptyJeu 31 Jan - 3:31

ADRIEL & RHETT SIGGERS
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On se contente rarement d'un non quand on s'appelle Adriel Siggers. Je crois même que ça lui plait de me proposer des trucs qui ne me branchent pas en toute connaissance de cause. J'ai beau lui répondre que j'ai mieux à faire, des trucs urgents à m'occuper, ça ne semble jamais lui effleurer l'idée que ce soit vrai. Bon, d'accord, ce n'est pas comme si j'étais des plus occupés, Wall Street style, mais quand même. On se portait étonnamment bien, ma plume et moi, en ce début de soirée plutôt fraîche. Du moins, c'est ce que j'ai déduis de la brise qui se frayait un chemin par une fenêtre entrouverte un peu plus tôt. Je m'y suis enfermé avec suffisamment de caféine pour me claquer le coeur, ayant fermement à l'esprit de tenter de griffonner quelques mots, même pas une page entière, que je pourrais trouver à peu près potable. Les Strokes résonnaient comme bruit de fond, la tasse brûlante à la main, je contemplais le mur, droit devant moi, devant une page où trônait fièrement une phrase entière, une phrase qui démontrait suffisamment de caractère pour ne pas rejoindre les autres feuilles chiffonnées - six, au total - dans la corbeille. Avalant une gorgée de café, je rêvassais, perdu dans mes pensées comme ça m'arrivait beaucoup trop souvent. On me confondait souvent avec un problème d'autisme, même si ce n'est pas le cas et que ça aurait expliqué pas mal de trucs pour tout dire. Passant ma main dans mes cheveux, ignorant superbement la vibration de mon cellulaire sur le coin de ma table de travail. Le troisième appel. Nouveau soupir. Si Adriel ne s'est pas trouvé quelqu'un d'autre à brancher ce soir, je risque d'y passer. Pas plus tard que trois minutes plus tard, on toquait violemment sur la porte de ma chambre. Connard. Je fais mine de pas entendre. On frappe toujours, jusqu'à ce que tout cesse. Étonné, sceptique, je me lève lentement. Nouvelle salve d'autant plus intense. Je grogne « Ouvre Rhett, fais pas chier, je sais que t'es là ». Je dépose ma tasse sans ménagement. Du café s'échappe, noie la feuille et ses quelques mots. Je jure. Finit par ouvrir la porte. Me trouve emporté dans l'ouragan Adriel Siggers...

« Horreur, vraiment? ». Il hausse les épaules, un sourire aux lèvres. Il se marre en plus, pas possible. Il fait franchement chier « Y'a pas assez de sang qui coule en ville pour de vrai à ton goût? ». Ça me vaut un regard noir de la part d'une vieille femme avec sa petite-fille. Je lève les yeux au ciel. C'est pas vrai, fallait bien donner une meilleure occasion encore à mon frère de se marrer de ma gueule. Comme s'il en avait besoin. Je croise les bras sur mon torse, attend patiemment que l'autre porc se commande un format géant de pop-corn et une liqueur. Regardant les environs, remarquant une fille avec qui j'allais au lycée. Mord l'intérieur de ma joue, détourne le regard. Harley, c'était le genre qui avait exactement ce qu'elle voulait, quand elle le voulait. Dans le type de Adriel, version fille. C'est sans surprise que je la remarque le déshabiller du regard tandis qu'elle passe tout près. Moi, invisible, comme toujours. Chienne de vie. Je toque l'épaule de mon aîné, lui pointant Harley du montant « Dis-moi que je rêve que tu t'es même tapée cette fille-là Adriel ». Il était imparable, à tout coup. Il les attirait et les faisait toute tomber, les unes après les autres, copine après copine, soeur après soeur, elles étaient en pâmoison, complètement envoûté par Adriel. Je contracte la mâchoire, serre les dents, passant même les doigts dans ma chevelure indomptable. Il était tout simplement incroyable.
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Adriel Siggers

Adriel Siggers

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MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptyJeu 31 Jan - 12:27

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Ce soir, Adriel ne comptait pas passer la soirée au bar. Il y passait suffisamment de temps pour s'octroyer un peu de changement de temps à autres. En fait, il était relativement rare qu'il choisisse de se rendre ailleurs, de faire autre chose, mais il comptait aujourd'hui passer un peu de temps avec son petit frère, Rhett, bohème et puceau de son état, qui aurait probablement préféré rester tranquillement chez lui à bosser sur le best-seller qu'il devait probablement préparer. Du moins était-ce ce que supposait Adriel, qui en fin de compte déplorait de ne plus être aussi proche de son cadet qu'à une époque. La faute à l'attitude déplorable de leur père, aux études que le plus jeune des deux frères avait effectué en dehors de la ville, au comportement parfois - souvent - misérable du chasseur ... Il se doutait bien que Rhett préférait sa solitude à la compagnie de son ainé, qui emmenait partout avec lui sa réputation de brute et de dragueur invétéré. Peut être était-ce justement ce qui donnait si peu envie à l'organiste de s'afficher avec lui. Il osait en tout cas le conjecturer. Quoi qu'il en soit, il ne lui laissait pas le choix. Ce soir ce serait soirée cinéma, qu'il le veuille ou non. Après tout, il pouvait bien laisser son crayon se reposer et se vider un peu l'esprit le temps d'un film, non ? Bien sûr que si. Mais visiblement, Rhett n'était pas franchement disposé à faire des efforts. Trois appels manqués plus tard, ce sont finalement quelques coups portés contre le portail sacré de l'univers de Rhett qui finirent par réunir les deux frères. Il s'était fait désirer, le saligaud. Du coup, Adriel se jura de le lui faire payer. Et il ne tarda pas à lui faire, sur place, en lui imposant le choix d'un film d'horreur, lui qui connaissait à son frère une certaine aversion pour ce genre de productions. Rien à foutre, ce serait ça et pas autre chose, que ça plaise ou non ou plus jeune des frères, qui n'aurait visiblement pas du faire attendre son ainé, décidément rancunier pour un rien. D'une manière alors on ne peut plus prévisible, Rhett trouva le moyen de s'offusquer d'un tel choix de film. « Horreur, vraiment? » Vraiment, oui. Rhett allait probablement lui claquer entre les doigts au premier grincement de porte, mais bon, il aurait au moins maté un bon film hein. Adriel, en tout cas, trouvait la réaction de ce dernier amusante. Surtout l'argument de la tuerie. « Y'a pas assez de sang qui coule en ville pour de vrai à ton goût? » Le chasseur lâcha un rire bruyant. Le pauvre Rhett en était donc réduit à lui sortir ce genre de trucs, comme si c'était susceptible de l'émouvoir. Non, Adriel s'en fichait pas mal que des gens se fassent buter en ville. Il ne s'y intéressait pas hier et ne s'y intéresserait pas aujourd'hui, c'est tout. Bref, il leur fallait se grouiller, car le film ne les attendrait pas. Mais c'était sans compter sur Adriel qui, évidemment, avait subitement envie d'acheter tout l'étage à confiseries. Il sautait sans doute un peu trop de repas, ces temps-ci. Mais voilà que Rhett sembla tout à coup distrait. C'est ce que constata Adriel lorsqu'il observa son frangin, attendant que cette foutue machine daigne accepter sa carte de crédit. Et là, il comprit. La nana qui venait de passer, oui, ils la connaissaient tous les deux, mais pas de la même manière assurément. « Dis-moi que je rêve que tu t'es même tapée cette fille-là Adriel. » Un nouveau rictus s'échappa des lèvres de l'ainé, qui mima un air ingénu avant de lui adresser un sourire railleur. « Je lui ai offert la nuit de sa vie, elle doit encore m'en être extrêmement reconnaissante à ce jour ... » Et dire tout ça à Rhett, ça l'éclatait en fait. Il savait son frère très mal à l'aise avec ce genre de choses, et se sentir supérieur à lui n'avait pas de prix. Rhett était le type brillant, Adriel le plus populaire chez la gente féminine. Chacun son truc. « Tu savais qu'elle avait un sublime tatouage dans le bas du dos ? Un flingue. Un beretta, tu sais, comme dans James Bond. » Et nul doute que ça allait le captiver, hm. « Je l'ai remarqué en la retournant. » Gros blanc. Clairement, Adriel aimait glisser de petits commentaires salaces, revenir sur ses meilleurs coups avec son frère, qui allait probablement trouver ça dégueulasse. Il contribua alors à ébouriffer les cheveux de son petit frère, tandis qu'ils entrèrent bientôt dans la salle obscure. S'installant, Adriel fut rejoint par Rhett, qui s'assit donc à ses cotés, au point de faussement surprendre le grand brun. « Côte à côte, t'es sûr ? T'as pas trop honte de ton vieux frère ? » Lui adressant un sourire en coin, il porta bientôt son regard sur l'écran, qui diffusait déjà les premières pubs. Au fond, il se réjouissait de pouvoir passer la soirée avec Rhett. Il regrettait simplement que ce dernier doive quant à lui déplorer sa compagnie.
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MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptyJeu 31 Jan - 15:33

ADRIEL & RHETT SIGGERS
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Aussi loin que remontent mes souvenirs, le petit Rhett a toujours vécu dans l'ombre de son majestueux aîné, le beau, le mystérieux, ténébreux Adriel. Ça ne datait pas d'hier cette préférence sur laquelle se porte la société, désignant Rhett comme un type ennuyeux, à la limite autiste et Adriel comme un modèle de réussite à la film d'adolescents, qui peut se la jouer populaire sans qu'on conteste son droit d'y accéder, en plus de se prélasser ouvertement avec une fille différente aux bras dès que l'une commençait à le gaver. Ce qui arrivait, inexorablement, malgré les efforts titanesques de ces demoiselles pour le maintenir intéresser. Une y est arrivée, une fois. Personne n'a sans doute vu les subtiles modifications dans le comportement de Adriel, sauf son frère, sauf le seul qui analyse ses faits et gestes depuis des années, de près et non de loin. Dit comme ça, c'est à la limite psychopathe, mais c'est effectivement le cas. Vivre par procuration, c'est mieux que de ne rien vivre du tout. Et puis Adriel, c'est celui qui lui a offert la chance d'aller étudier ailleurs, le poussant en lui signifiant maintes et maintes fois que tout irait bien, qu'il parviendrait à gérer la situation et de s'occuper de leur loque de père de loin. Au lieu de m'y épanouir, m'ouvrir loin de Cascade Locks et des préjugés qu'on les gens sur les frères Siggers, j'ai continué de la même façon, quitte à ne rien voir, rien accomplir, même dans une ville comme Portland, où personne ne me connaissait ni ne pouvait accéder au Rhett effacé et solitaire de son patelin natal. Pour ça, je m'en veux, terriblement en fait. Ça aurait permis de changer bien des choses, de voir d'autres horizons, quitte à ce que cela se résume à bières, copains et foot. De ça, j'en rêve tout aussi souvent que de rédiger une page entière sans m'emporter contre les mots pathétiques qui s'y dressent. C'est pitoyable. Je le sais, et pourtant, je peux pas m'en empêcher...

« Je lui ai offert la nuit de sa vie, elle doit encore m'en être extrêmement reconnaissante à ce jour ... ». Je mords l'intérieur de ma joue, détournant le regard qui glissait encore en coin en direction de Harley. Poser la question, c'est y répondre. Adriel avait tout ce qu'il voulait, et était ce que la plupart des femmes de cette ville désirait : un mec dangereux, intriguant et agissant foncièrement comme un connard. Je ne peux pas leur en vouloir, c'est nettement plus divertissant qu'un type BCBG qui n'a pas d'autres histoires à raconter que son syndrome de la page blanche et son inexpérience dans le domaine. Puis vinrent les détails, ces sordides détails qu'il ne se gêne jamais pour exprimer, peu importe la fille, peu importe si "l'histoire" aura durer une nuit ou quelques-unes « Je l'ai remarqué en la retournant ». Je lève les yeux au ciel, passant la main dans mes cheveux, attrapant ensuite une poignée de pop-corn pour me la foutre dans la bouche, histoire de ne rien ajouter pour ne pas déchaîné cet humour étrange qui amuse tant mon frère « Côte à côte, t'es sûr ? T'as pas trop honte de ton vieux frère ? ». Je ricane, lui donnant un coup de coude au passage, chipant le breuvage au passage « J'ai plus peur de te faire rater une occasion d'ajouter un nom à ton tableau de chasse qu'autre chose ». Remarque, tout est possible avec Adriel, il peut tout aussi bien terminer la séance avec une brunette accroché à l'autre bras. Puis ce serait à lui d'avoir honte de sortir son frère qui n'a rien de mieux à faire ni personne d'autres avec qui aller glander au cinéma. Enfin. Les bandes-annonces défilent sur l'écran, me mettant nettement dans le bain des films d'horreur. Allez Rhett, c'est l'heure de faire un homme de toi, et de ne surtout pas offrir à Adriel le bénéfice du doute quant à ta capacité d'adaptation concernant le cinéma...
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MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptyVen 1 Fév - 15:59

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Nul doute que Rhett aurait préféré passer la soirée en tête à tête avec une feuille de papier plutôt qu'avec son grand frère. Ce dernier en était relativement conscient, sachant pertinemment que de nombreux éléments avaient mis à mal leur relation, leur complicité. A ce jour, Adriel avait plus l'impression de sortir avec un pote qu'avec celui qui avait grandi dans le même foyer que lui. Mais peut être n'était-il pas trop tard pour resserrer leur liens ... Peut être était-il possible de se retrouver progressivement, de réapprendre à partager certaines choses ... Ils avaient beau être profondément différents et aspirer à des choses opposées, ces deux-là n'en restaient pas moins des frères, et ils étaient à ce jour la seule famille de l'un et de l'autre. Sans savoir ce qu'il en était pour Rhett, Adriel donnait beaucoup d'importance au fait qu'ils ne soient plus que tous les deux. S'il était souvent maladroit dans sa manière de l'exprimer, s'il ne savait jamais tellement comment s'y prendre, il n'en était pas moins certain qu'il aimait son frère et qu'il tenait énormément à ce qu'ils puissent se rapprocher. Peut être n'était-ce pas une simple séance de cinéma qui parviendrait à ressouder leurs liens - c'était même certain - mais sans doute serait-ce au fond un bon début. C'est en tout cas ce que le chasseur osait espérer. Pour le moment, il s'y prenait plutôt comme un branc pour instaurer une bonne ambiance, préférant évoquer l'un de ses nombreux plans cul plutôt que de prendre des nouvelles de son petit frère, mais il n'en était pas moins désireux de faire des efforts, même si ça ne transparaissait pas nécessairement à travers ses gestes et ses propos. Il se doutait par exemple que son jeune frère n'avait pas manqué d'être gêné par les intimes confessions qu'il venait de lui faire. Une partie d'Adriel avait probablement cherché à lui montrer qu'il n'était peut être pas aussi brillant que lui, mais qu'il baisait, au moins. Comme s'il cherchait à lui être supérieur, au moins en cela. Des intentions qu'il regretta alors immédiatement. Car une fois assis dans le fond de la salle de projection, il ne put qu'ironiquement s'étonner que son frère daigne quand même prendre place à ses cotés. Il reçut alors un joyeux coud de coupe, et grimaça légèrement lorsque son frère sous-entendit qu'ill n'était décidément bon qu'à ramener des filles chez lui pour les sauter. « J'ai plus peur de te faire rater une occasion d'ajouter un nom à ton tableau de chasse qu'autre chose » C'était donc l'image qu'il avait de lui. Bien, il s'en était toujours plus ou moins douté, lui qui n'avait jamais été un modèle, ni de réussite, ni de conduite. « Tiens, en parlant de ça, tu t'y mets quand toi ? » Bourde. Sa maladresse ne lui laissait décidément que peu de répit, et sa crétinerie ne semblait pas désireuse de prendre des vacances non plus. Alors tandis que la salle se trouvait maintenant baignée dans une certaine cacophonie, Adriel ne pensait qu'à la gêne qu'il ne cessait d'occasionner chez son frère. Il ne le faisait pas d'une manière franchement intentionnelle, mais il craignait que son cadet pense le contraire, en soi qu'il éprouvait un malin plaisir à appuyer à l'endroit le plus sensible. « Les films qu'ils présentent sont tous plus à chier les uns que les autres ... Y'en a pas un pour faire envie ... » glissa-t-il en approchant ses lèvres de l'oreille de son frangin. Et puis, après un certain nombre de bandes annonces, les lumières s’éteignirent complètement, plongeant cette fois-ci la salle dans un noir profond. Une musique retentit, les premières images apparurent. Le ton était donné. Ce film risquait d'être difficilement supportable pour un sensible tel que Rhett, mais Adriel se doutait que son jeune frère tâcherait de faire des efforts. Et comme s'il désirait lui assurer de sa bienfaisance, malgré le fait qu'il l'ait conduit ici pour voir un film de ce genre et que ce début de soirée ait été affreusement maladroit et clairement gênant, Adriel glissa sa main dans celle du jeune homme, les yeux toujours rivés vers l'écran majestueux, presque lassé finalement par le coté incroyablement prévisible de cette production.
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MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptyVen 1 Fév - 19:52

ADRIEL & RHETT SIGGERS
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« ADRIEL, ADRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIEL ATTENDS-MOI ». Il était bien rare que je haussais la voix, et puis un côté risiblement aigu se fit ressentir jusque dans mes cordes vocales. Il en avait marre que je lui colle aux basques, c'est que dans le coin, il était bien le seul qui m'accordait de l'attention, même si c'était pour se moquer ou bien pour me faire tourner en bourrique. C'est ce que font les grands frères, non, traiter leur petit frère comme un esclave ou comme un boulet, depuis la nuit des temps? C'était l'hiver à Cascade Locks, il faisait étonnamment froid, nous qui avions plutôt la chance de vivre sous un climat modéré, nettement plus côtier que continental. Il était habillé de ce qu'il parvenait à choper chez ses potes sans trop se faire remarquer, du haut de ses onze ans, et moi, moi j'étais relégué à enfiler les vieux trucs avec des fils tirés et des trous. Il courait, rigolant pour m'inviter à le rejoindre, piquant un sprint chaque fois que je m'en rapprochais. J'avais mal enfiler ma botte, je courrais avec une furieuse douleur dans ma cheville, mais je n'en avais cure. Ce que je voulais, moi, petit bonhomme, c'était rejoindre mon frère et atteindre son niveau d'excellence. Je ne m'extasiais pas devant les mentions d'excellence à laquelle mon père ne prêtait aucunement oreille de toute façon, cherchant plutôt à suivre les pas de mon aîné. Quand l'irradiation se fait trop ressentir et que la botte s'enfonce dans une flaque de neige mouillée, je m'effondre de tout mon long, mon nez venant heurter une plaque de glace sur la chaussée. J'entends des rires, au loin, puis des pas. Je tache entièrement ma mitaine orange d'un sang rouge écarlate qui ne cesse de couler jusqu'à mes lèvres, faisant goûter le goût ferreux et terreux du sang à mes papilles gustatives. Les premières larmes se forment au coin de mes yeux, et je me relève péniblement, tenant mon nez d'une paume et frottant ma cheville à travers mon bas. Sonné, j'entends des voix et des pas, encore. On s'agenouille devant moi « Allez lève-toi, on dira à papa que tu t'es battu et que tu as à peu près gagné ». Il envoie paître les autres jeunes, me relève comme il le peut, me force à enfiler ma bottine mouillée, et me ramène à la maison. Le petit frère boulet, et l'aîné comme grand seigneur. Pourtant, les larmes roulent sur mes joues, et Adriel ne dit rien. Sans doute la douleur y est-elle pour quelque chose, mais c'est plutôt l'intervention de mon frère qui m'arrache ces perles salées. Il s'est levé, a monté le ton pour défendre mes deux pieds gauches. Mon frère qui a pris mon parti, promettant même de me couvrir auprès de papa. Et on dit en ville qu'il est une terreur en puissance? Non, à mes yeux, Adriel, c'est carrément rien de moins que le meilleur des frères...

« Tiens, en parlant de ça, tu t'y mets quand toi ? ». Je serre les dents ensemble, plongeant la main dans le sac de pop-corn et en engloutissant autant que possible pour m'empêcher de parler un instant. Je cherche un argument choc, ou quelque chose pour l'obliger à ne plus la remettre à tout moment, mais rien de bien ne me vient. Putain de syndrome de la page blanche qui me surprend même à rater une argumentation avec Adriel. Je lève les yeux vers mon frère, ricanant d'un rire aussi faux que possible « Sympa de ta part, Adriel. Non, vraiment, j'apprécie que tu remues le couteau dans la plaie. C'est que l'idée de passer après mon aîné ne soit pas ce genre de trucs qui donne carrément envie de s'y atteler ». Après tout, on compte par légion en ville le nombre de filles s'étant donnée avec un plaisir démesuré à Adriel pour leur première et énième fois. Je me demande s'il lui est jamais traversé l'idée d'en tenir un registre, impossible que ce soit inscrit intégralement dans son cerveau, c'est que c'est comparable à une pétition PETA sur Facebook « Les films qu'ils présentent sont tous plus à chier les uns que les autres ... Y'en a pas un pour faire envie ... ». Je me contente de hoche la tête, passant la main dans mes cheveux, appréhendant, horrifié, le moment de mater des têtes se faire arracher de corps, des jeunes filles se perdre dans le bois et se faire zigouiller et vider comme un poisson, bref, ces savoureux incontournables du cinéma d'horreur. Pas tellement que j'en ai la frousse, je trouve juste ça incroyablement sanglant pour pas grand chose. Si au moins, comme le signifiait Adriel, cela se renouvelait. Enfin, d'un autre côté, ça va m'empêcher de me la jouer lavette style auprès du macho de service. Les lumières s'éteignant complètement, les premières images défilent sur l'écran et font apparaître, lentement mais surement, un scénario comprenant des esprits. Je me raidis. Je préfère le sang aux histoires d'exorcisme ou de possession. Mes doigts crispés rencontrent pourtant un obstacle qui, avant que je ne puisse sursauter, s'avère être des doigts chauds, une paume qui ancre ses phalanges contre les miennes. Surpris, voir carrément pris de court, je finis par m'accommoder à la sensation et d'y broyer mon ressenti à certains passages, tout au long de l'heure et demi que dure ce carnage cinématographique. Je me méfierai pour toujours des petites filles à la chevelure d'ébène et les lèvres couleur framboise, pour sûr...

« Maintenant, soit tu m'offres un chien pour veiller à ce qu'aucun esprit ne décide de perpétrer sa vengeance personnelle à travers moi, soit tu trouves un plan pour me faire sortir ce truc de la tête » que je lance, enfilant ma veste et replaçant mes cheveux au passage. Pas un mot concernant cet élan d'affection de la part de mon aîné, à la façon dont il l'a toujours fait, tendant la main pour éviter les grands discours. C'est que niveau conversation à coeur ouvert, là-dessus, on est tout aussi paumés l'un que l'autre. Je me demande bien ce qu'il pense de ça, de tout, c'est qu'il est doué à toujours passer outre les sujets vraiment importants, ou tout ce qui porte de près ou de loin à son ressenti.
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Adriel Siggers

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MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptySam 2 Fév - 16:37

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Adriel n'avait rien du grand-frère idéal. Il n'avait d'ailleurs jamais prétendu en présenter les qualités. Il était après tout bien conscient d'avoir souvent manqué de subtilité et d'adresse à l'égard de son cadet. Nombre de fois il avait lui donner l'impression de se sentir supérieur à lui, alors qu'il avait toujours jalousé sa douceur, sa candeur, son insouciance, sa fragilité. Adriel, lui, avait été amené à grandir trop vite, sous les coups d'un père ivrogne et tout aussi bourrin que lui pouvait l'être à ce jour, et avait ainsi perdu toute sa naïveté bien trop tôt pour ne pas avoir eu à le regretter par la suite. Alors il avait plus d'une fois cherché à s'imposer à son frère, à user de son âge pour se faire respecter, alors qu'au fond, il s'était toujours senti incroyablement inférieur à lui. Nombre d'années les séparaient, mais il avait toujours gardé en tête qu'il n'avait rien de l'homme de la famille, et que ces qualités revenaient davantage à son cadet qu'à lui-même. Il le respectait plus qu'il ne respectait n'importe qui en ce monde, et il l'aimait d'un amour démesuré, mais pudique. Parce que son problème se trouvait à ce niveau-là : exprimer ses sentiments n'avait jamais été une chose aisée pour Adriel. Pour lui, il avait toujours été plus facile de prétendre haïr son frère, dans chaque moment critique par lequel leur relation avait pu passer, que d'oser lui dire qu'il l'aimait, qu'il était ce qu'il avait de plus cher, son unique famille, son unique socle, son unique frère. Il se détestait d'être autant dans la retenue, dans la crainte, peut être de passer pour un sentimental, peut être d'être rejeté par celui qui pourrait s'être lassé d'un ainé aussi maladroit que lui. Encore ce soir, Adriel n'avait pas manqué de mettre les deux pieds dans le plat à plus d'une occasion. Au départ, de manière intentionnelle, toujours pour se donner l'impression d'avoir une certaine emprise sur son cadet. Puis, par simple inconscience, en voulant bien faire, ou mieux faire en tout cas. Et chaque parole lourde qui trouva malin de s'échapper de ses lèvres lui fit craindre que son frère décide de le laisser seul avec sa connerie, qu'il abandonne l'idée de passer cette soirée avec lui, alors qu'Adriel y tenait énormément. C'était infiniment préférable au fait de passer la soirée à se battre dans un bar. Cette virée au cinéma avec Rhett, il y pensait depuis des semaines. Il n'avait jamais su comment la lui proposer, alors c'est bien maladroitement qu'il lui avait fait croire qu'il n'était au final qu'un plan b, et que c'était plus de manière hasardeuse que tout cela s'organiserait. Mais c'était tellement faux, en soi. Parce qu'encore une fois, son insupportable pudeur l'empêchait de dire les choses tel qu'il les pensait vraiment. Il y eut alors notamment cette malheureuse référence au désert sentimental - sexuel, disons - du plus jeune des deux frères, tout en indélicatesse et mesquinerie. Clairement, Adriel regretta aussitôt. Son frère ne méritait pas d'être humilié à coup de remarques du genre, d'autant plus qu'il était assurément préférable d'être dans la situation de l'un plutôt que dans celle de l'autre, hm. « Sympa de ta part, Adriel. Non, vraiment, j'apprécie que tu remues le couteau dans la plaie. C'est que l'idée de passer après mon aîné ne soit pas ce genre de trucs qui donne carrément envie de s'y atteler. » Clairement, Adriel n'était pas fier. Pas fier d'être tombé aussi bas et d'avoir fait cette douteuse référence à la situation de son cadet. Mais pas fier également de lui apparaitre décidément comme un draguer invétéré, une bite sur pattes en soi. Un sourire en coin, bien plus embarrassé qu'on pourrait le croire, naquit alors sur les lèvres du chasseur. Il ne répondit pas et se contenta de réfléchir. Et tandis que les bandes annonces s'enchainaient, il ne parvint qu'à placer un commentaire d'une futilité déconcertante. Rhett n'en avait pas conscience, mais il l'avait probablement bien plus gêné que son ainé avait eu l'intention de le gêner lui. Et puis le film commença, donnant bien vite le ton et arrachant quelques sursauts à divers spectateurs. Adriel, lui, se savait impassible à ce genre d'histoires. Il était finalement plus là pour soigner l'aversion de son frère pour ce genre de productions que pour son plaisir personnel. Mais tandis que les images défilaient et qu'une atmosphère angoissante gagna la salle, mais pas son être, Adriel décida d'oser. Il osa serrer la main de son frère dans la sienne, comme lorsqu'ils étaient petits, comme s'il tenait à le rassurer, à lui rappeler qu'il était là, que s'il n'avait pas toujours été un grand frère exemplaire et démonstratif, oui, il était là. Il ne reçu point de résistance et leurs mains restèrent liées le temps du film. Une fois sortis de là, une question se posait : fallait-il parler de ce geste affectif mais embarrassant pour l'un probablement autant que pour l'autre ? Adriel se tâtait. Il craignait de perdre son statut d'ainé fort et fier, tout simplement. Cela l'avait toujours protégé de tout, à commencer par son frère, qui était autant sa plus grande faiblesse que sa plus grande force. « Maintenant, soit tu m'offres un chien pour veiller à ce qu'aucun esprit ne décide de perpétrer sa vengeance personnelle à travers moi, soit tu trouves un plan pour me faire sortir ce truc de la tête » Quelques rires s'échappèrent spontanément des lèvres d'Adriel. De sa main encore chaude d'avoir tenu celle de son frère le temps d'un film, il vint pincer la joue de celui avec qui il craignait toujours de s'y prendre comme un branc. « Un chien ? Pour que tu m'appelles en larmes parce qu'il aura bouffé tes écrits ? Non, ça devrait aller » le taquina-t-il gentiment, réfléchissant maintenant à sa deuxième idée. « On pourrait marcher ... et parler. Ça suffira peut être à te changer les idées ... » Doucement, il ajusta le col de veste de son cadet. « Et puis, de toute façon, je suis là pour te protéger, hein. Je serai toujours là pour te protéger. » Pudiquement, il baissa la tête, fronçant les sourcils et lâchant un rictus. Il s'étonnait lui même d'être soudainement capable de lui dire ce qu'il n'avait jamais tellement réussi à lui adresser jusqu'ici. Passant cette fois-ci une main dans les cheveux de son petit frère, il reprit la parole. « Je me demande combien de fois tu les tripotes en l'espace d'une journée. » En réalité, cela n'avait pas la moindre importance. Sans doute essayait-il simplement de détendre l'atmosphère, ou de se détendre lui-même au moins.
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MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptyDim 3 Fév - 20:14

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Avec Adriel, tout était simple et compliqué à la fois. En fait, j'ai toujours eu foncièrement envie de le rendre fier de ce que je suis, de ce que je fais et accompli; ce qui se résume finalement à pas grand chose. Certes, les études à Portland avaient été bénéfiques, même thérapeutiques - se retrouver loin de Cascade Locks pendant un temps permis en effet de panser certaines blessures psychologiques concernant notre père - mais cela n'avait pas fait de moi un homme plus confiant, plus fonceur, plus entreprenant. J'étais musicien, pas médecin, ni boursier, bref, rien qui a de quoi épater la galerie, et plus important encore, pour impressionner Adriel. Sans le vouloir, c'est lui qui me surprenait chaque jour, à chaque occasion, dès qu'il ouvrait la bouche et racontait, d'un ton neutre, le genre de virées qu'il pouvait faire avec des potes, le genre de soirées folles avec ces deux jumelles qui sont venus en pension chez leur grand-mère l'été de ses vingt et un ans, et j'en passe. Ses succès n'incluait pas nécessairement un métier universitaire, une femme, 2.2 enfants et un chien, mais à mes yeux, ça valait tout l'or du monde. Sur son passage, personne ne restait de marbre, souvent on le craignait pour son côté un peu fourbe, mais tout le monde, ici, à Cascade Locks, n'ignorait pas l'existence de l'aîné des frères Siggers, le chasseur, séducteur et incontournable personnage du coin. À côté, je ne suis personne, juste quelqu'un qui traîne aux alentours à la recherche de sa lumière, lumière qu'il irradie sans rien faire pour. Ce doit être un truc d'aura, dans ce genre-là, bien que je ne sois pas vraiment au courant de ces phénomènes que l'on voit que lorsqu'on est extra-lucide ou carrément sur l'acide...

« Un chien ? Pour que tu m'appelles en larmes parce qu'il aura bouffé tes écrits ? Non, ça devrait aller ». Je lève les yeux au ciel, marmonnant sur le fait qu'il exagère, sachant pertinemment que ce serait de toute façon mon premier réflexe. Dès qu'un truc se passe, il faut que je me parle pour éviter d'alarmer instantanément mon aîné, tentant de peser le pour et le contre ainsi que le nombre de conneries qu'il risque de me sortir si la situation n'est pas aussi critique que j'aime le prétendre. « On pourrait marcher ... et parler. Ça suffira peut être à te changer les idées... ». Les gens affluent vers la sortie, se pressant à rentrer chez eux. Il semblerait que le mélange d'horreur cinématographique et d'ambiance tendue en ville rameute la population vers leurs quartiers plutôt que de traîner comme les jeunes gens qu'ils sont. Sauf Adriel. Adriel qui, en pleine hécatombe, continuerait de faire ses trucs jusqu'à ce qu'il juge pertinent de s'intéresser à ce qui se passe autour de lui. Soit il est inconscient, soit il a suffisamment de force de caractère pour ne pas se laisser entraîner dans la suspicion et la méfiance générale. Personnellement, je penche pour la seconde option « Ça marche ». Léger petit sourire en coin, me marrant intérieurement de cette blague à deux balles. Ce n'est pas comme si c'était nouveau que mon humour était aussi piètre que mes capacités sociales « Et puis, de toute façon, je suis là pour te protéger, hein. Je serai toujours là pour te protéger ». Pris de court, tant par cette phrase qu'il souffle de façon anodine que par ce geste, ajoutant à ce drôle de ressenti suivant l'épisode de nos paumes jointes comme elles l'étaient si souvent à l'époque où on était gosses. Je souris, cachant tant bien que mal une certaine gêne, tentant promptement de maintenir la tonalité légèrement détachée qui sied si bien au timbre de voix d'Adriel « Je le sais, Adriel. Et je resterai toujours là pour en bénéficier ». Je passe la main dans mes cheveux, tentant vainement de dompter ces boucles qui chatouillent mon front. Remarquant la tête baissée de mon frère, je le rabroue d'un petit coup d'épaule. Cet air ne lui va pas, lui, il exulte la confiance et porte fièrement un petit air satisfait comme moue perpétuelle « Je me demande combien de fois tu les tripotes en l'espace d'une journée ». J'éclate de rire, sentant sa paume traverser à son tour cette chevelure indomptable. L'air frais nous arrive en plein visage, alors qu'on se retrouve confrontés aux rues vides de Cascade Locks « Comment tu vas, Adriel? » lançais-je impulsivement. Lui prend toujours soin de demander de mes nouvelles, s'épargnant de me donner des siennes. Ce que je sais de lui, c'est ce que je devine, par intuition ou par les souvenirs de nous, gosses. Cet Adriel, parfois, je prends conscience que je le connais à peine. Derrière ses tendances à conquérir femmes et territoires boisés, ses tours et son soucis de me tenir à flot, je me demande ce qu'il peut bien retenir, lui si doué pour ravaler ressenti et sentiments...
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MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptyMar 5 Fév - 5:13

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Adriel n'était pas le genre de personnes que l'on pouvait apprécier d'emblée. Il était grossier, souvent vulgaire, très (trop) dragueur, violent, impulsif, et avait de quoi rebuter toute personne qui serait susceptible de vouloir sympathiser avec lui. Pour autant, il n'avait pas toujours été comme ça. Parce qu'autant il avait toujours fait preuve de témérité, à tous âges, et à maintes occasions, autant son coté insociable ne s'était développé que bien plus tard. Quelques temps après le lycée, plus exactement. A l'époque où son histoire avec Rennie s'était terminée et l'avait complètement détruit. Cette fois-là, quelque chose s'était profondément brisé en Adriel. Le jeune homme avait alors cessé de croire qu'on pouvait l'aimer et n'avait plus rien fait pour que ce soit le cas. Alors oui, il avait commencé à fréquenter les mauvaises personnes, à changer radicalement de comportement, à se permettre des choses improbables et qu'il n'aurait jamais fait quelques années plus tôt. L'abandon de Rennie avait assurément fait écho à celui de sa mère, la pauvre étant morte durant son enfance et du décès de laquelle il ne s'était jamais tellement remis non plus. Les aventures, il les avait alors enchainées. Nombre de filles étaient passées par ses draps, jusqu'à ce qu'il ait finalement décrété que les sauter dans les chiottes d'un bar ou dans une ruelle n'était pas mal non plus. En soi, il avait du copuler avec la plupart des gonzesses de la ville, et le pire, c'est qu'il trouvait parfois le moyen de s'en vanter, comme s'il y avait en soi la moindre fierté à s'envoyer en l'air avec des dizaine de filles, lorsque l'on reste éperdument amoureux de celle qui nous a brisé le cœur. Et puis, comme toujours, c'était bien facile pour lui d'insister sur le fait que son petit frère, lui, n'avait pas tous ces soucis en tête, vu qu'il ne lui avait jamais connu le moindre plan cul. Plus indélicat et dégueulasse que ce genre d'insinuations, il n'y avait pas. Parce qu'Adriel savait très bien se montrer indélicat et dégueulasse, justement, quelques fois. Quoi qu'il en soi, maintenant que le film était terminé et que les deux frères avaient l'occasion de bavarder un tantinet à la sortie du cinéma, il semblait complètement hors de question à Adriel d'acheter le moindre chien à Rhett. Non mais n'importe quoi, franchement, ce serait là une bien belle bêtise, il en était certain. Déjà parce qu'il n'était pas certain que Rhett sache s'en occuper - il n'était pas toujours très dégourdi comme garçon, autant l'admettre - mais également parce qu'il ne voudrait pas être responsable du moindre débordement. Suffisamment de sales trucs finissaient toujours par lui retomber dessus pour qu'il veuille en rajouter, hein. Donc non, pas de chien. Par contre, en grand frère attentionné et à l'écoute qu'il était - du moins dans la plupart de ses rêves - Adriel était on ne peut plus disposé à discuter quelques instants avec son cadet, histoire de le rassurer, parce qu'il en avait peut être besoin. Tout à l'heure, il lui avait pris la main, mais là, il ne se voyait pas recommencer. Une prise de risque par soir, c'était suffisant à ses yeux. Rhett accepta, réponse prévisible de sa part disons. Adriel, lui, se fichait pas mal que les gens se rentrent comme des pétochards qu'ils étaient tous. A deux, ils ne craignaient rien. Et puis, au pire, comme venait de le dire Adriel, il serait là pour protéger son frère, quoi qu'il advienne, quoi qu'il se passe. Et là, il venait assurément de se trahir, de son montrer plus concerné qu'il ne voulait véritablement le sembler. « Je le sais, Adriel. Et je resterai toujours là pour en bénéficier » A cette réponse, Adriel se pinça la lèvres. Toujours, toujours ... Menteur. Il l'abandonnerait lui aussi, tôt ou tard. Il partirait briller dans une grande ville et laisserait son vieux frère derrière lui, son raté d'ainé qui passerait quant à lui le restant de ses jours à se demander ce qu'il avait bien pu foirer, ce qui avait échoué pour lui. Pour autant, il ne le contredit pas et se contenta finalement d'esquisser un sourire, timide, pas le moins du monde assuré, mais un sourire tout de même. Un coup d'épaule plus tard, il lâcha un son aussi proche du rire que du grognement. Un son à la Adriel, en somme. Et puis, à son interrogation au sujet des cheveux de son frère, Adriel entendit ce dernier éclater de rire. Pour une phrase chargée de détendre l'atmosphère, il estimait que c'était plutôt bien joué. Et puis, il y eut une question. Une question qu'il n'attendit pas. Une question qui l'embarrassa. Horriblement. « Comment tu vas, Adriel? » Pourquoi ? Pourquoi s'intéressait-il à son état, tout à coup ? Est-ce qu'il voulait vraiment le savoir ? Ou bien est-ce qu'il ne le demandait que pour parler ? Adriel en doutait, en tout cas. « Comment je vais ... » répéta-t-il machinalement, intrigué, et toujours profondément gêné. « Bien, je suppose » lâcha-t-il, vague et peu sûr de lui. Fourrant ses mains dans ses poches, il soupira. « Il faut que ça aille, de toute manière. Et même quand ça ne va pas, et bien, ça va quand même. » Clairement, c'était le genre d'absurdités qu'il pouvait sortir, oui. Lui seul se comprenait, dans ces cas-là. « J'ai juste ... enfin ... l'impression de tourner en rond. » Et ça n'était pas tout à fait exact. Disons qu'il aurait pu développer. Lui faire part de tout son mal être, de ce qui le poussait parfois à espérer être chopé par un tueur au détour des bois, de ce qui ne faisait que l'enfermer davantage dans sa solitude, de ce qui le détruisait chaque jour un peu plus. « Mais tu sais comment je suis, hein, du genre à me plaindre sans arrêt » reprit-il, en un sourire faussement amusé. Détournant le regard un court instant, il reprit contenance. Cette question l'avait déstabilisé, oui, mais il lui fallait se reprendre désormais. Il était Adriel, il ne pouvait pas se laisser aller comme ça pour si peu. « Et toi ? Tu nous le ponds quand ton bestseller, hm ? » Parler de Rhett, du brillant Rhett, était nettement plus intéressant à ses yeux. Rhett se passionnait pour l'écriture, quand Adriel se passionnait pour la bière. Deux mondes différents.
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MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptyMar 5 Fév - 19:37

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Il fait bon de se sentir chez soi, et non pas quelque part, mais avec quelqu'un. Peu importe où l'on se trouvait, Adriel et moi, il avait le don de me redonner l'impression d'être un gamin et d'être heureux et aimé, ce qui est contradictoire en soit parce que ni l'un, ni l'autre, on a eu droit à ce genre d'enfance auquel chaque gosse devrait avoir droit dans le monde. L'enfance, c'est fait pour se forger des liens solides avec sa famille, de se découvrir soi-même et le monde à la fois, d'expérimenter les premières relations avec autrui et de se lier à eux pour ce qui s'en vient, le plus dur et le plus pénible pour tout dire. Lorsqu'il y a faille ou absence de ce genre d'encadrement, le gosse n'a d'autres choix que de tenter de gérer soi-même et tenter de compenser comme il le peut. Autant dire que ce soit Adriel ou moi, nos méthodes sont divergentes au possible. Lui s'était imposé comme un caïd, et moi je m'étais effacé en vue d'être discret, et même invisible. Je me sentais bien de ne pas avoir la pression de l'entourage, sentant que c'était la seule façon d'oublier qu'on ne me voyait ni ne me considérait plus à la maison qu'à l'école ou en ville. J'étais le petit Rhett à qui tout le monde fichait la paix, le trouvant à la fois pathétique et intriguant. Lui était le grand, le phénoménal Adriel duquel on ne pouvait détacher les yeux ni même ne pas envier son parcours. Ici, à Cascade Locks, chaque individu a toujours été scruté à la loupe, devenant évidemment bête de foire dès qu'on sortait un peu des rangs, de ce troupeau de bétail qui fait tout comme tout le monde, de peur d'être étiqueté autrement et d'être traité en paria. Les frères Siggers, nous, on ne cadrait pas dans la normalité des résidents, et cela avait le mérite de nous faire sortir du lot, et pas toujours pour de bonnes raisons. Maintenant, avec ce qui se passait en ville, ça faisait de nous des coupables tout désignés, alors que par le passé, ça faisait de nous des gens peu fréquentables. Qui s'accoquinait réellement avec le frêle, l'effacé et asocial personnage du cadet, et qui pouvait vraiment prétendre exister aux yeux de ce personnage mythique qu'est Adriel? Des cas sociaux, des cas à part, des cas désespérés voués à deux destins tragiques l'un comme l'autre. Visiblement, j'avais en tête de quoi écrire plus que de quoi parler, préférant me pencher sur cette amertume, cette souffrance psychologique et cette détresse unitaire dans la ville que sur des sujets fun sur lesquels je pourrais débattre avec mon frère. Rien de nouveau, j'ai jamais été doué en cela, agir en société, agir comme tout être humain normal interagissant avec un autre. Vraiment, c'est d'un pitoyable des plus navrants...

Ce qui devait arriver arriva inexorablement, et le plaidoyer de mon frère me fit prendre conscience de la gravité de ma faute. J'avais beau aller chaque jour à l'église, y passant un nombre incalculable d'heures, bien au-delà du plus fervent prêcheur de la foi catholique, je me retrouvais être pêcheur. Je péchais en me montrant égoïste, incitant sciemment Adriel à se soucier de ma gueule plus que de gérer ses propres problèmes et sa propre vie « J'ai juste ... enfin ... l'impression de tourner en rond. ». Ça me frappe, comme si on me rentrait dedans avec une Maserati en pleine accélération. Si je me montrais moins égoïste, cessant de me torturer dans des buts d'écriture efficace, tout du moins productive ne serait-ce qu'un peu, j'aurais pu m'apercevoir de cela bien avant aujourd'hui. Et je me sens mal, terriblement mal, là, maintenant, tout de suite. J'ai l'impression de l'avoir laissé tomber, depuis si longtemps, depuis toujours, en l'oubliant pour me concentrer sur des trucs aussi ridicules que mon inexpérience avec les demoiselles et l'écriture d'un roman aussi futile que loin d'être rédigé même partiellement. Alors que je devrais m'en remettre à Dieu pour expier mes péchés, je reste là, à marcher, errer, avec Adriel « Mais tu sais comment je suis, hein, du genre à me plaindre sans arrêt ». Mon esprit fonctionne à plein régime tandis que j'intègre l'information qu'il me glisse, là, mine de rien. Je suis sa cadence, avançant à son rythme, respirant plus fort que lui, m'étouffant à chaque fois que j'avale une goulée d'air « Et toi ? Tu nous le ponds quand ton bestseller, hm ? ». Je m'arrête subitement, la lèvre inférieure qui tremble, passant la main dans mes cheveux nerveusement. Ma main tremble, et la cacher dans mon indomptable chevelure me permet de l'oublier une seconde « Tu ne te plains jamais de rien avec moi, tu encaisses et tu n'en parles plus jamais ensuite, Adriel. Ça a toujours été comme ça, dans l'optique de m'épargner moi, jugeant que je suis trop sensible pour écouter ce qui te tracasse ou croyant que ça ne m'importe pas ou peu. Tu te trompes tu sais, j'ai toujours été friand de tout ce qui te concerne, et j'ai toujours du passer par un intermédiaire pour en apprendre sur mon propre frère ». Je parviens à contrôler mes doigts, cessant de les mouvoir comme un cinglé, et je me raccroche au regard de mon frère, ayant l'envie de le frapper. Oui, le frapper. Je lui en veux de me protéger contre tout, de mettre une barrière entre nous en pensant que c'est la meilleure chose à faire. Il a tord. Il a tord sur toute la ligne « Je n'arrive pas à écrire, c'est un fait, je n'y arrive pas. J'ai toujours eu l'impression que quelque chose clochait sans jamais réussir à mettre le doigt dessus, mais là, maintenant, ça me parait évident. Il y a rien de vrai qui m'entoure, même toi, tu passes ton temps à te cacher derrière des vannes, omettant tout sujet personnel. Considérant que tu es plus ou moins la seule personne que je côtoie au quotidien, Adriel, c'est pas bon, c'est pas bon du tout... ».
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MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptyJeu 7 Fév - 12:04

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Comment allait-il ? Sérieusement, il était censé répondre à une pareille question ? Ce soir, vraiment ? Ne pouvait-on pas lui laisser quelques instants pour réfléchir à la réponse qu'il fournirait à son frère, alors ? Non, même pas ? Bien. Il allait donc tâcher de trouver quoi lui dire, sans aller jusqu'à trop se confier, jusqu'à se livrer trop intimement, parce que nombreuses étaient en soi les choses à dire mais qu'il n'avait pas tellement impression de le devoir. Adriel n'avait jamais tellement été de ceux qui aimaient se confier, que ce soit au niveau de leurs pensées ou de leurs ressentis. Lui, il avait toujours eu un petit coté secret que beaucoup lui reprochaient souvent, mais qui l'avait toujours protégé de bien des vérités. Car s'il passait son temps à mentir aux autres, il va de soi qu'Adriel se mentait à lui-même en premier lieu. Parce que c'était plus simple que de s'avouer que rien n'allait plus, qu'il n'était définitivement pas heureux dans la vie qu'il menait, que celle-ci ne le faisait plus vibrer, qu'elle ne l'intéressait à vrai dire même plus. Depuis maintenant quelques années, Adriel vivait au jour le jour, chassant le jour et passant ses nuits au bar nocturne à draguer, à boire et à se battre. Il n'avait alors pas le réel sentiment de vivre. Petit, lorsqu'il avait été capable de s'amuser d'un rien et que sa relation avec son petit frère avait plus que tout été fusionnelle, il s'était senti pleinement vivant. Aussi, à l'époque où il avait vécu une histoire d'amour avec Rennie, avant qu'il ne gâche tout et passe ensuite le restant de ses jours à se le reprocher, il s'était senti vivant. Mais quand tout avait commencé à déconner, quand Rhett était parti étudier en dehors de la ville, quand Rennie l'avait quitté, lasse de sa maladresse sentimentale et de ses pseudo-incartades, il s'était plutôt senti mourir. Plusieurs fois, il s'était même demandé ce qu'il se passerait s'il utilisait son fusil de chasse pour s'exploser la cervelle, si l'arme se retournait contre son propriétaire et lui ôtait brusquement la vie. Il serait mort, oui, mais ne serait-il finalement pas mieux ? Il serait débarrassé de sa sale réputation, de ses idées noires, de ses vices, de ses doutes, de ses souffrances, de ses remords ... Il serait ce qu'il avait au fond toujours été : rien, rien du tout. Alors non, Adriel ne se voyait pas confier tout ce qu'il pouvait ressentir à son frère. Qu'il allait mal, affreusement mal, qu'il se sentait seul, qu'il culpabilisait affreusement, qu'il songeait parfois au pire ... Il ne voulait pas l'effrayer, ni lui faire le moindre mal. Rhett était un sensible, Adriel un insensible. Pour autant, il ne pouvait jouer avec les émotions de son cadet. Alors il préférait prétendre qu'au fond, il tournait simplement en rond. C'était bien vrai, puisqu'il était enfermé dans une vie redondante qu'il connaissait par cœur mais qui ne lui allait plus. Cependant, n'y avait-il que cela ? Était-ce finalement une honnête et objective façon de résumer son état actuel ? Bien sûr que non. Mais puisqu'il avait mis du temps à s'avouer à lui même combien il allait mal, Adriel supposait qu'il avait encore largement le temps de mettre son frère au courant. De toute manière, Adriel se trouvait trop plaintif. Il avait l'impression de tout déplorer, de tout critiquer, comme si rien ne l'avait jamais satisfait, comme si rien ne le satisferait finalement jamais. Alors qu'il y avait assurément pire, en soi, que d'être malheureux. Rien qu'à Cascade Locks, des familles perdaient régulièrement des proches, et même quelqu'un comme Adriel était disposé à faire la part des choses, à reconnaitre qu'en comparaison, son cas était bien dérisoire. C'était ça en fait, il n'avait pas franchement l'impression que tout cela importait vraiment. Il était Adriel Siggers, le dragueur invétéré et le casse-cou de Cascade Locks, celui que personne ne supportait et dont l'état n'intéressait en soi personne. Son frère ? Soit, il était bien le seul à s'en préoccuper. Mais Adriel n'estimait même pas mériter cette moindre marque d'intérêt. C'était déjà trop, finalement. « Tu ne te plains jamais de rien avec moi, tu encaisses et tu n'en parles plus jamais ensuite, Adriel. Ça a toujours été comme ça, dans l'optique de m'épargner moi, jugeant que je suis trop sensible pour écouter ce qui te tracasse ou croyant que ça ne m'importe pas ou peu. Tu te trompes tu sais, j'ai toujours été friand de tout ce qui te concerne, et j'ai toujours du passer par un intermédiaire pour en apprendre sur mon propre frère ». C'est vrai. Adriel était plus secret avec Rhett qu'avec beaucoup d'autres. Il avait beau l'aimer, lui faire confiance, il ne pouvait pas se confier à lui autant qu'il le voulait. Sans doute parce qu'il tenait à son rôle de grand frère téméraire et résistant. Sans doute parce qu'il serait trop dur de lire la moindre pitié dans les yeux de la personne qui importait le plus à ses yeux. « C'est ... c'est exactement ça » soupira-t-il, presque amer que son frère ait tout assimilé de son petit manège. Comment saurait-il le préserver à nouveau après cela, hm ? Il était bien embêté. Son petit frère n'était plus dupe de rien, avait grandi, était devenu bien moins naïf, bien moins crédule, et il n'avait rien remarqué. C'était la merde, clairement. « J'aimerais sincèrement pouvoir me confier davantage à toi, Rhett. J'aimerais sincèrement être moins pudique, être moins secret ... Mais j'ai toujours préféré t'apparaitre comme celui que rien ne peut ébranler. Je ne voulais pas que tu réalises que rien n'allait plus, que tout foutait le camps, que ma vie était devenue un vrai chantier. Je suis brisé, mais je ne voulais pas que tu t'en rendes compte. Je voulais rester ton fier ainé, le mec pour qui tout est supposé aller bien et qui rebondira toujours. Je suis tellement loin, à ce jour, d'être ce mec là. Et j'avais peur, je crois, de te faire pitié. » La pitié, il l'avait toujours bien mal vécue. Loin de s'en sentir flatté, il s'en était toujours senti insulté. Il ne voulait pas qu'on compatisse à ses malheurs, parce qu'il s'en sentirait d'autant plus misérable. Adriel n'attendait rien des autres, ou simplement qu'ils s'occupent de leurs affaires. Et la plupart du temps, c'est ce qu'ils faisaient. Ainsi, jouer au conquérant suffisant et orgueilleux avait toujours été chose facile. Qui se douterait qu'il cachait tant de failles, tant de faiblesses, tant de peines ? Personne, sans doute. Et c'était assurément bien mieux ainsi. « Je n'arrive pas à écrire, c'est un fait, je n'y arrive pas. J'ai toujours eu l'impression que quelque chose clochait sans jamais réussir à mettre le doigt dessus, mais là, maintenant, ça me parait évident. Il y a rien de vrai qui m'entoure, même toi, tu passes ton temps à te cacher derrière des vannes, omettant tout sujet personnel. Considérant que tu es plus ou moins la seule personne que je côtoie au quotidien, Adriel, c'est pas bon, c'est pas bon du tout... » Adriel ferma les yeux, avalant difficilement sa salive et serrant les poings au fond de ses poches. Finalement, il était fautif de tout. Pour commencer d'avoir mise à mal l'inspiration de son cadet. Ce dernier disait ne plus parvenir à écrire, et Adriel s'en sentait de fait pleinement responsable. Alors il se détestait d'autant plus d'exister, de se pourrir la vie mais visiblement de pourrir celle de Rhett également. Le visage fermé, le regard triste mais déterminé, il chuta dans un caillou puis posa un regard ferme sur celui qui venait de réveiller la haine qu'il avait pour sa propre personne. « De toute manière, écrire ne sert à rien. Ça ne te nourrira pas et ça te frustrera toujours un peu plus. Tu as un boulot, ne te disperse pas. Et arrête un peu d'être aussi bohème. » Tout ça, il n'avait jamais eu l'intention de le dire. Mais s'avouer responsable de la frustration de son frère n'arrangerait rien à son cas. Ce serait même dangereux. Alors, comme toujours, il était bien plus facile pour lui de partir ailleurs, de se perdre dans des critiques et des réflexions qui ne l'honoraient pas. Peut être que Rhett finirait par comprendre, finalement. Comprendre qu'un être comme Adriel ne lui serait de toute manière que toujours nuisible.
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MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptyVen 8 Fév - 5:40

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« C'est ... c'est exactement ça ». Il est clair que lui ne se voit pas avec mes yeux, car il aurait de quoi être fier de ce qu'il est, et au lieu de ça, il semblait piteusement croire n'avoir aucune valeur propre en étant lui-même. Adriel, c'était le petit garçon qui s'était retrouvé à la charge d'un petit bonhomme de quatre ans quand leur mère était morte, les laissant tous deux coincés avec un père violent qui préférait suçoter sa bouteille de jeans que de jouer les cheval de rodéo pour ses gamins. Adriel, c'était celui qui offrait les trois quart de son dîner à son frère pour s'assurer qu'il en mange assez pour subvenir à ses propres besoins, s'oubliant sans l'ombre d'un regret à moi, constamment, depuis ce jour-là. Notre mère était morte, et au lieu de prendre les rênes d'une famille qui était déjà fragile, notre père l'avait laissé voler en éclat, laissant le loisir à un enfant de mettre la main à la pâte pour tenter d'arrondir les angles et de donner un semblant d'équilibre à son cadet. Adriel, c'est celui qui donne sans compter, sans jamais rien demander en retour, allant même jusqu'à refuser qu'on se donne la peine de se soucier de lui, histoire de ne pas avoir à se justifier et à devoir changer sa vision des choses. Adriel, c'est celui qui défendait bec et ongles, poings devant, le nom de Siggers, alors que celui-ci est constamment traîné dans la boue, l'arrivée des meurtres en ville n'étant qu'une nouvelle rumeur se répandant sur notre compte. Adriel, c'est mon père, ma mère et mon frère à la fois, et je ne connais personne d'autres qui aurait eu les épaules pour soutenir tous ses rôles à la fois. Est-ce que ça justifie que ça me foute en l'air que mes doutes le concernant s'avère fondés? Je le crois. Il m'a tout offert et me refuse la seule chose que je peux lui offrir de moi-même, ma confiance entière et une oreille attentive. Je n'attends pas des pleurs, des confessions, des monologues qui durent des heures. Non, la vérité toute simple, et voilà que je me retrouve à la lui arracher alors qu'il la laisse sortir du bout des lèvres, visiblement mal à l'aise avec la chose. Ça me blesse carrément, et je suis dans tous mes états. Je croyais être à la hauteur, lui ayant démontré maintes fois mon soutien indéfectible, et ce, peu importe les circonstances. J'ai respecté son silence, ses mensonges, ses égarements, mais je veux la vérité, je veux connaître mon frère qui lui me connait comme si j'étais un livre ouvert. Je veux être là pour lui, c'est la moindre des putain de choses... et finalement, ça vient comme un torrent de mots se soudant les uns les autres « [...] Je suis brisé, mais je ne voulais pas que tu t'en rendes compte. Je voulais rester ton fier ainé, le mec pour qui tout est supposé aller bien et qui rebondira toujours. Je suis tellement loin, à ce jour, d'être ce mec là. Et j'avais peur, je crois, de te faire pitié ».

Je reste muet pendant quelques secondes, remarquant que je me retrouve devant lui, immobilisé au milieu du trottoir, en pleine rue bercée par une pleine lune qui trône fièrement entre les nuages qui pèsent sur Cascade Locks. Pourtant, mon monde à moi, il s'éclaire comme il ne l'a jamais été, brillant de ces lumières qu'il conservait à l'écart, ces vérités choquantes, ces vérités qu'il croit le rendre moins noble. À mon sens, ça lui donne plutôt encore plus de mérite, et ça attise cette estime infinie que j'ai pour lui. Je passe la main dans mes cheveux, et imprime un pas dans sa direction, un léger, infime, sourire aux lèvres. J'ai l'impression que mon corps se délasse en quelques secondes, et ça me soulage d'un poids de savoir enfin ce qu'il en est, sans que Adriel ne se serve de sa facilité déconcertante de tourner la conversation à son avantage afin de conserver son ressenti pour lui. C'est une délivrance, et je cherche comment lui rendre cet épanchement. Ça me vient tout naturellement au final « Si seulement tu avais conscience à quel point je suis comblé de t'avoir comme frère, Adriel, ça me parait évident et encore plus maintenant. Tu as le droit de bien aller, tu as droit de m'en parler, j'ai plus cinq ans, j'en ai vingt-trois ». Je pose ma main sur mon épaule, serrant entre mes doigts le tissu de sa veste, imposant un geste chaleureux alors que j'ai simplement envie de le prendre dans mes bras « Ce courage, cette détermination, cette confiance et cette protection que tu m'offres depuis toujours, ça me fout en l'air. Comment un gosse peut se montrer aussi adulte en si peu de temps, Adriel? Tu ne me feras jamais pitié, tu sais, au contraire, si j'étais plus comme toi, avec tes forces et tes faiblesses, ce serait pas plus mal. Tu es mon modèle, celui à qui j'aspire ressembler, t'es mon Superman, Adriel ». Je ramène ma main à moi, insère mon visage entre mes paumes, me relevant la tête, croisant son regard. Puis, malgré tout, ce Adriel qu'il s'efforce d'être pour les besoins de la cause revient au galop « De toute manière, écrire ne sert à rien. Ça ne te nourrira pas et ça te frustrera toujours un peu plus. Tu as un boulot, ne te disperse pas. Et arrête un peu d'être aussi bohème ». Je le regarde avancer, me mettant en marche à ses côtés, le regardant, penaud, se montrer de nouveau insouciant, je-m'en-foutiste, bref, ce Adriel qui lui seyait si bien mais qui n'était que mensonge. Je l'arrête en chemin, l'obligeant à me regarder « Ne fais pas ça, Adriel. Reste celui qui me dit qu'il ne va pas bien, celui qui m'a pris la main dans le cinéma. Ne te dévoile pas pour mieux enfiler le costume du mec qui n'en a rien à branler. Si tu veux pas parler ce soir, va pour ça, mais ne recommence pas. Je t'aime même quand tu joues le salopard, mais je te préfère quand t'es le vrai toi, ce Adriel qui me donnait ses légumes verts arguant qu'il détestait, mais qui en mange des assiettes entières maintenant ». Je hausse les épaules, levant la tête vers les étoiles. Je me suis toujours dis que maman était Là-haut, à nous regarder, et à être fière de ses fils, de son aîné tout particulièrement. Je lui demande silencieusement de prendre soin de lui, lui qui veut se montrer plus fort, mais qui a lui-même des faiblesses dans sa cuirasse. Qu'elle veille sur lui, comme lui veille sur moi...
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MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptySam 9 Fév - 6:15

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Comment était-il supposé tomber le masque aussi brusquement ? Comment était-il supposé se livrer alors qu'il avait passé tant de temps à cacher ses ressentis derrière des sourires faussés et des propos discutables ? Adriel s'était toujours complu dans son mystère, dans sa grande discrétion, parce qu'il était fort bien placé pour savoir qu'il était maintes fois plus évident de jouer les mecs insensibles que de se laisser aller à d'intimes confessions. Le fait d'avoir ici à faire à Rhett ne l'aidait alors en rien à laisser tomber la carapace qui le protégeait depuis bien longtemps, car il avait justement tendance à penser que son frère n'avait pas nécessairement besoin de le voir autrement que sous les traits d'un ainé fier et indestructible. Il ne voulait pas qu'il change de regard le concernant, qu'il en vienne à le plaindre, à avoir pitié de lui. Il savait qu'au moment où il laisserait entendre qu'il allait mal, qu'il avait toujours tâché de mentir aux autres comme de se mentir à lui-même, il prendrait le risque d'apparaitre à Rhett comme un pauvre type plaintif et malchanceux. Voilà pourquoi il hésitait tant à se confier à lui. Cela n'était pas un problème de confiance. Au contraire, Rhett était bien la seule personne en ce monde à qui il faisait entièrement confiance, à qui il confierait sa maison, son argent, sa vie. C'était simplement une question d'appréhension, de crainte. La crainte de devenir un loser aux yeux de son cadet, comme aux yeux des autres. Pourtant, Adriel se lança. Durement, laborieusement, mais il se lança. Ainsi, il lui fit savoir que sa vie était en gros bordel et qu'elle ne le satisfaisait plus. Parce que c'était vrai. Parce qu'Adriel n'était en rien ce qu'il avait espéré devenir, notamment. Lui, le jeune homme qui s'était longtemps rêvé comédien mais qui se retrouvait à chasser des bêtes dans une forêt réputée pour son danger. Lui, qui avait espéré gagner suffisamment en maturité pour s'engager avec quelqu'un, mais qui continuait à ce jour à enchainer les coups d'un soir. A trente-et-un ans, c'était assez pathétique. Donc non, rien n'allait. Il était esseulé et malheureux. Et surtout, il n'était pas Rhett, ce petit génie malin et réfléchi, tête en l'air mais si attachant. Adriel ne se voyait que comme un raté. Son frère, lui, semblait voir les choses différemment. « Si seulement tu avais conscience à quel point je suis comblé de t'avoir comme frère, Adriel, ça me parait évident et encore plus maintenant. Tu as le droit de bien aller, tu as droit de m'en parler, j'ai plus cinq ans, j'en ai vingt-trois. Ce courage, cette détermination, cette confiance et cette protection que tu m'offres depuis toujours, ça me fout en l'air. Comment un gosse peut se montrer aussi adulte en si peu de temps, Adriel? Tu ne me feras jamais pitié, tu sais, au contraire, si j'étais plus comme toi, avec tes forces et tes faiblesses, ce serait pas plus mal. Tu es mon modèle, celui à qui j'aspire ressembler, t'es mon Superman, Adriel. » Son cœur rata un battement. Parce qu'il était à la fois surpris - ça n'était pas tous les jours qu'on donnait l'impression d'être fier de lui et de ce qu'il était - et ému par de tels dires. Rhett se disait comblé de l'avoir pour frère, le considérer comme une sorte de modèle, et clairement, ça lui donnait envie de chialer. Oh, il ne chialerait évidemment pas, par fierté et pudeur, mais il était présentement empreint à une immense émotion. Et puis cette main, posée sur son épaule, lui faisait un bien fou. Il n'avait subitement plus l'impression d'être une merde insignifiante. Lorsque ses lèvres s’entrouvrirent pour laisser s'échapper quelques mots, aucun son n'en sortit. Alors il prit le temps de se remettre d'un tel discours, parce que tout cela l'avait véritablement bouleversé, et ce n'est finalement qu'au bout d'une quinzaine de secondes qu'il fit une seconde tentative. Plus concluante, celle-ci. « Tu ne peux pas savoir combien ça me retourne de t'entendre me dire tout ça. Combien ce fut un honneur de prendre soin de toi, et de continuer à essayer de le faire aujourd'hui. Combien j'ai toujours eu envie de te rendre fier de moi, en ayant toujours eu l'impression de n'y être jamais parvenu. Combien ça m'a tué de te voir t'éloigner pour étudier loin de moi. Combien j'ai eu peur que tu y restes et que tu m'oublies ici. Combien j'ai toujours peur, en fait, que tu te casses un jour prochain pour ne jamais revenir. Combien je t'aime, Rhett. » Il ne le lui avait que trop peu dit au cours de leur commune existence, alors c'était le moment où jamais de le lui rappeler, de lui rappeler que oui, son prétendu insensible de frère l'aimait, plus que tout. En soi, le discours de Rhett n'avait fait que lui rappeler qu'il lui fallait dire ce genre de choses avant qu'il ne soit trop tard. Ces choses si belles que son cadet venait de lui adresser, Adriel ne les oublierait pas. Jamais. Tout comme il espérait que celui-ci n'oublierait pas qu'il pourrait toujours compter sur son vieux frère, désireux de l'épauler dans n'importe quelle situation et bien trop con pour avoir plus souvent trouvé le courage de lui dire qu'il l'aimait. La connerie d'Adriel, en tout cas, était courageuse de se repointer au moment le plus improbable de leur discussion, hm. Sans doute parce qu'il ne savait pas rester sincère et vrai plus d'un certain temps. Ou simplement parce qu'il était décidément plus aisé de renfiler la cape d'Adriel le critique. « Ne fais pas ça, Adriel. Reste celui qui me dit qu'il ne va pas bien, celui qui m'a pris la main dans le cinéma. Ne te dévoile pas pour mieux enfiler le costume du mec qui n'en a rien à branler. Si tu veux pas parler ce soir, va pour ça, mais ne recommence pas. Je t'aime même quand tu joues le salopard, mais je te préfère quand t'es le vrai toi, ce Adriel qui me donnait ses légumes verts arguant qu'il détestait, mais qui en mange des assiettes entières maintenant » Décidément, Rhett savait trouver les mots pour l'atteindre, pour le toucher. Au point qu'Adriel en venait à se dire qu'il aurait du se confier à lui depuis longtemps, ce qui aurait pu lui éviter de tomber dans ce genre de caricatures, de mauvais numéros bien trop souvent. « J'ai ce putain de réflexe de rejouer au con aride et imperméable dès que je me sens un peu trop vulnérable ... Je ne devrais pas avoir besoin de jouer ce rôle avec toi. Tu es mon frère, tu me comprends mieux que quiconque, et ça devrait suffire. Mais j'ai toujours cette peur, irrationnelle sans doute, de trop m'exposer, de me mettre en danger. » Il fallait que Rhett comprenne qu'Adriel n'agissait pas comme ça par plaisir, mais par peur. Par peur de se fragiliser. Il se protégeait comme il pouvait, bien maladroitement hélas et pas de la meilleure façon qui soit hélas. « Pourtant, j'aime tellement savoir que je peux tout te dire, sans être jugé, sans être raillé. » Et c'était bien vrai. En cela, il avait le sentiment de pouvoir tout lui confier, même le pire, même le plus honteux, même le plus dramatique. Rhett n'y porterait jamais un regard négatif, et il l'aimait d'autant plus pour ça. Quel dommage qu'Adriel fasse malgré tout un blocage généralisé. « Tu crois qu'un jour tu me feras lire un bout de tes écrits ? » osa-t-il finalement demander, les yeux rivés vers les siens, sans se vouloir insistants pour autant. Il lui laissait le choix. Celui de lui dire oui, comme celui de lui dire non. Il n'entrerait jamais dans son intimité sans son autorisation, sachant que Rhett tenait à avoir son petit univers. Et même si Adriel vivait parfois difficilement le fait d'en être généralement exclu, il respectait ça. Plus que tout au monde, en fait.
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MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptyLun 11 Fév - 15:58

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Il n'en fallait pas plus pour provoquer l'inévitable, cette tempête de non-dits qui se faisaient la malle, bousculant chaque syllabe, chaque mot qui brûlait de sortir, de passer ces lèvres restées trop longtemps scellées de ces vérités vraies qui sont un baume sur le cœur de nous, enfants Siggers, enfants laissés pour compte en chemin par cette chienne de destinée. Il fallait bien une soirée, une douce soirée où une brise légère, soulevant avec une douceur infinie mèche de cheveux et feuilles égarées, soufflait sur Cascade Locks. Cette brise qui chassait le mauvais œil, nous permettant enfin de nous comprendre, pour un temps, de se retrouver sur cette même longueur d'ondes qui nous échappe depuis tellement longtemps. C'est bête, quelques mots et hop, on se sent sans doute maladroit, mais nettement mieux. C'est du bonbon pour les oreilles d'entendre Adriel délasser sa langue nouée, se faisait un nœud à la gorge pour retenir ces choses qu'il croyait pouvoir éternellement m'épargner. Ces mots, ces paroles, ces propos ne me blessent pas, ne me heurtent en rien, au contraire, ils sont libérateurs à un point tel que je n'en trouve plus mes mots, cafouillant mentalement sur ces confidences tant espérées. L'adage disait tout vient à point à qui sait attendre, et pour une fois, une première fois, cela fonctionne. Je l'écoute déverser son fiel avec intérêt, attention, et putain, avec fierté aussi. Je suis incommensurablement fier de lui, de ce qu'il a accompli là où il croit s'être lamentablement planté. Il l'ignore, il se terre sous cette déception qui lui colle à la peau comme une sangsue, le suçant jusqu'à lui faire croire des conneries comme quoi c'est un raté et tout ça. À mes mots qui percutent son silence ébahi, troublé et comblé. Oui, comblé, brille dans son regard une lueur de fierté, de contentement, d'honneur et de surprise. C'est beau de le voir comme ça, c'est tout nouveau, c'est inédit, et si je m'écouterais, je ne tarirais pas de ces éloges que je pense depuis toujours et qui le mette au niveau de ces héros de bande-dessinée dans mon estime « Je t'aime aussi mon frère, tu es la seule famille dont j'ai besoin ». Je lui adresse un sourire, doux, léger, qui semble s'envoler avec les mots qui le frôle pour se perdre dans l'atmosphère. Drôle de soirée, agréable certes, mais épuisante somme toute. C'est que vibrer de cette gamme d'émotions à tout au moins le mérite d'être demandant. Ça se compare tout de même pas à un marathon, mais c'est éprouvant. Pour moi, en tout cas.

« [...] Je ne devrais pas avoir besoin de jouer ce rôle avec toi. Tu es mon frère, tu me comprends mieux que quiconque, et ça devrait suffire. Mais j'ai toujours cette peur, irrationnelle sans doute, de trop m'exposer, de me mettre en danger ». Il en faut si peu pour nous perturber, tant lui que moi, ce qui me déstabilise un peu. Lui, Adriel Siggers, qui ne veut jamais courber l'échine devant qui que ce soit, un paon de cette fierté et de cette confiance qui exulte de lui à chaque propos, à chaque pas, au point d'en effrayer plusieurs. Moi, je l'enviais, l'enviant toujours. Je n'ai pas cette capacité fortuite de passer d'un état d'âme à un autre, encore trop percuté par le précédent pour songer à effacer de mes traits les derniers relents de l'émotion d'avant. Alors je me contente de le rappeler à l'ordre, de lui intimer de ne pas faire ça, de me donner cette chance unique de me conforter dans ce fait qu'il n'est pas invulnérable. Cela me plait, je me sens plus proche de lui que je ne l'ai été réellement, tant avec ce rapprochement évident de se montrer franc l'un avec l'autre. Je passe la main dans mes cheveux, hoche la tête. Je reste muet, car il n'y a rien à ajouter. Ne s'établira pas en un jour cette complicité franche de deux personnes qui ne se voilent plus la face, mais j'ai confiance que ça peut changer, que ça peut s'instaurer si on y met un peu de nous deux « Pourtant, j'aime tellement savoir que je peux tout te dire, sans être jugé, sans être raillé ». On fait quelques pas, se rapprochant même sans y penser de la foret. On y allait si souvent gosses que ce doit être imprimer dans nos mémoires pour que ce soit là que nos pas nous dirige inconsciemment « C'est toi le spécialiste des mots d'esprit, moi je me contente d'accuser le coup et d'en rire ». Nul ton de reproche, intonation plutôt taquine et simple tentative de désamorcer l'intensité du moment, même d'un cran, histoire de ne pas faire fuir cet Adriel dont j'ai envie d'apprendre davantage. Un silence confortable s'instaure jusqu'à ce que mon aîné s'arrête, se retourne et me demande une question qui lui brûlait visiblement les lèvres. Je mords l'intérieur de ma joue, croise son regard interrogateur. L'idée même de partager ces mots idiots que je couche sur le papier me débecte, mais il le faudra bien. Avec lui avant les autres. C'est Adriel, bordel « Je vais essayer de ne pas me faire hara-kiri pendant que tu te penches dessus, promis ». Je ne peux pas formuler clairement, mais ça laisse cette possibilité éventuelle où je saurai réunir le courage de lui tendre ces bouts de papier où s'étale des pensées et des idées. Un sourire s'esquisse sur mon visage tandis que je remarque qu'il exulte. Il ne lui en fallait pas beaucoup, à Adriel « C'est dommage qu'on soit plus des gosses quand même ». Jouer à la cachette, cacher ma frêle silhouette dans une étroite fente dans un rocher et y rester longtemps avant qu'il ne me trouve. Ça a changé, je me faufilerais bien moins maintenant qu'auparavant « On s'en est bien tirés je trouve, toi et moi, malgré ce qu'on a enduré, ce qu'on a vu, subi et entendu. On s'en est sortis malgré tout ».
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MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptyMar 12 Fév - 12:51

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Rien de tout cela n'était facile. Présentement, Adriel se faisait violence pour ne pas prendre la fuite, pour ne pas planter son frère ici, pour ne pas jouer le lâche et abandonner cette conversation qui, inévitablement, devenait embarrassante en même temps qu'elle les incitait à se confier assez intimement. N'étant habituellement pas friand de ce genre de choses, Adriel faisait ici des efforts. Il tenait à se rapprocher de Rhett, parce qu'il sentait depuis déjà quelques temps que leur relation leur échappait, ou lui échappait à lui en tout cas, et qu'il voulait retrouver son petit frère, celui de qui il avait été si proche à une époque. Alors il prenait sur lui, assumant l'image qu'il avait de sa propre personne, la partageant avec son ainé, un peu honteux, mais bientôt libéré d'un sacré poids. Parce que mine de rien, en parler le soulageait. Il avait longtemps su qu'il pouvait tout dire à Rhett. Simplement, le temps avait fait des dégâts de ce coté là également : il avait peut être eu tendance à l'oublier, quelques fois. Aujourd'hui, tandis que cette discussion le poussait à se confier comme jamais, il en était de nouveau certain. Et cela lui faisait du bien. Il avait longtemps eu besoin de confier ce qu'il avait sur le cœur, un cœur encombré et devenu bien lourd au fil des années. Tous ces non-dits, toutes ces cachoteries lui avaient fait du tort, finalement. Du mal, aussi. Parce qu'il avait souffert, inévitablement, d'avoir du cacher ce genre de ressentis à celui pour qui il devrait pourtant n'avoir aucun secret. Le temps avait joué contre eux, les avait partiellement éloigné au fil du temps, au point qu'il en était devenu peureux de se confier à son propre frère, comme si ce genre de confessions était susceptible de détruire ce qu'il restait de leur complicité, comme si c'était finalement pire que de rien dire. Mais c'était faux, il venait de le comprendre. Et il avait ce sentiment étrange de mûrir en compagnie de son frère, cet être posé et réfléchi, qui l'avait plus d'une fois aidé à y voir plus clair sur sa vie, mais aussi sur lui, et qui continuait de le faire aujourd'hui. Adriel lui était infiniment reconnaissant, au final. Et il l'aimait. Oh oui, plus que tout, il aimait son cadet. Cela aussi, il avait bien du mal à le dire, parce qu'il était décidément un handicapé des sentiments, quels qu'ils soient. Pour autant, à cet instant précis, et n'ayant pas eu envie de se freiner dans sa lancée, il avait été capable de le formuler clairement. La pire chose qui pourrait arriver, ce serait que Rhett doute de l'amour que lui portait son frère. Un amour inconsidéré qui pousserait Adriel à lui offrir sa vie s'il le fallait. Un amour heureusement réciproque, puisque Rhett ne tarda pas à répondre à sa déclaration. « Je t'aime aussi mon frère, tu es la seule famille dont j'ai besoin » Un sourire teinté d'émotion, quoi qu'encore relativement pudique, gagna alors ses lèvres. Habituellement, il aurait trouvé ce genre de propos très niais, et ne se seraient d'ailleurs pas gênés pour le charrier à ce propos. Mais là, l'Adriel blasé et critique avait laissé place à un Adriel plus sensible, plus compréhensif aussi. Un Adriel pleinement conscient de la chance qui était la sienne d'avoir un frère tel que Rhett, et donc peu désireux de gâcher ce moment incroyablement fort de symbolisme. Ne répondant pas, il répondit brièvement à son sourire. Il garderait cette conversation en tête pour un bon moment, c'était certain. Surtout cette certitude qu'il avait maintenant d'être aimé, par au moins une personne en ce monde. Car oui, il en avait longtemps douté. Il faut dire que peu de gens étaient susceptibles d'aimer Adriel Siggers. On lui comptait plus d'ennemis que d'amis, alors pour ce qui était du reste, disons qu'il ne rêvait plus depuis longtemps. En tous les cas, se sentir plus proche de Rhett lui faisait un bien fou. Il en oubliait ses tracas, ses contrariétés, et c'était à n'en point douter une bonne chose. Rhett ne le voyait pas comme beaucoup le voyaient. Il semblait désireux de percevoir le personne en chacun, et surtout en son frère. Les autres jugeaient trop vite, parfois sans rien savoir, sans le connaitre. Il n'y faisait généralement pas attention, mais ici, le contraste était saisissant. Saisissant au point qu'il en vienne à regretter qu'il n'y ait pas plus de gens comme Rhett. Mais c'était aussi ce qui faisait de lui quelqu'un d'unique. Quelqu'un de formidable, surtout. « C'est toi le spécialiste des mots d'esprit, moi je me contente d'accuser le coup et d'en rire » Un sourire amusé gagna ses lèvres. Détendre l'atmosphère, bonne idée. D'autant plus que l'humour de Rhett avait toujours été subtile, plaisant. Celui d'Adriel, par contre, était du genre lourd et salace. Là aussi, le contraste était assez saisissant. Toujours sans répondre, Adriel se mit à réfléchir. Et s'il osait ? Et s'il osait lui poser cette question ? Il prendrait le risque de le braquer, de tout gâcher peut être, mais à ses yeux ça en valait la peine. Alors il se tourna vers son frère et lui demanda, en appréhendant quelques peu sa réponse, si celui-ci se sentait capable de lui faire lire ses écrits, ou ne serait-ce qu'un extrait de ceux-ci, tôt ou tard. Il ne l'y forçait pas, ni ne le pressait. Si ça n'était que dans un an, alors ce ne serait que dans un an. Et si ça ne se faisait jamais, et bien, il l'accepterait. Parce que s'il y avait bien une chose qu'il respectait plus que tout, c'était cette passion qu'avait Rhett pour l'écriture. Une passion honorable, qu'il jalousait un peu quelques fois. Rhett avait son petit monde, son univers, et ça le rendait incroyablement intéressant. Ses petits mystères frustraient son ainé, mais le rendaient fier d'avoir un frère suffisamment authentique pour préserver ce qu'il était, ce qu'il avait. « Je vais essayer de ne pas me faire hara-kiri pendant que tu te penches dessus, promis. » D'abord en riant, puis en souriant, se montra compréhensif. Il savait que son frère était secret et pudique, surtout concernant l'écriture. « Je ne veux surtout pas avoir l'impression de m’immiscer sournoisement dans ton monde, alors ça ne se fera que quand on sera certains que tu peux le supporter. C'est ton jardin secret et je respecte cette idée. » Ainsi donc, il serait patient. Le simple fait de savoir que Rhett ne serait pas contre l'idée de lui faire lire quelques petites choses avait en soi tendance à lui faire plaisir. Il lui faisait confiance, il en était maintenant certain également. « C'est dommage qu'on soit plus des gosses quand même. » Nostalgique, il se pinça la lèvre. Il se revoyait, enfant, avec Rhett, chercher à échapper à ce climat familial épouvantable, à ce père violent et un brin castrateur. A la douleur, aussi. « Tout était tellement plus simple » commenta-t-il spontanément, blasé par ce monde d'adultes où régnaient préjugés et coups bas. Finalement, Adriel avait peut être grandi un peu trop vite. Disons qu'il n'avait pas eu le choix, et qu'il le regrettait amèrement aujourd'hui. « On s'en est bien tirés je trouve, toi et moi, malgré ce qu'on a enduré, ce qu'on a vu, subi et entendu. On s'en est sortis malgré tout »Les yeux rivés vers les siens, il se surprit à repenser à leur mère, à l'incendie qui lui avait coûté la vie et qui avait fait deux orphelins. Parce que ni Rhett, ni Adriel n'avait jamais pu compte sur leur ivrogne de père. Il n'avait toujours été qu'un salaud, déjà du vivant de celle à qui le chasseur osait rarement penser. Sans doute de peur d'en souffrir. « C'est vrai. On en a chié pourtant. Et parfois je me demande si les choses auraient été plus évidentes si ... si elle nous avait pris sous le bras et qu'elle l'avait plaqué, comme il le méritait. C'est con de vouloir réécrire l'histoire, mais elle est partie si tôt. » Ils l'avaient à peine connue, finalement. C'est enfants qu'ils avaient perdue leur mère. Encore aujourd'hui, il savait peu de choses de cette dernière, si ce n'est qu'elle avait eu bien du courage de supporter un mari comme le sien, et qu'elle avait péri en même temps que leur premier domicile. Quant à savoir si les choses auraient été plus simples s'ils étaient partis avec leur mère dès le début, lui il ne pouvait s'empêcher de penser que oui, inévitablement.
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MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptyMer 13 Fév - 4:20

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Écrire a toujours été cet échappatoire d'une réalité dans laquelle je me complaisais pas, toujours un cas de retard, Rhett Siggers, jamais à même de suivre le rythme de ses compères, compagnons de classes ou même les gosses qui vivaient dans le quartier. Toujours en vrille, le cadet Siggers, incapable de tenir la cadence infernale de son aîné qui faisait tout avec une telle confiance en ses capacités que le temps se multipliait par deux, par quatre, chaque fois qu'on confiait pareille tâche au plus petit des deux. Dans les premiers textes que j'ai écris, je me rappelle avoir fait disparaître ce frère qui rendait les gens si fiers, dont tous se rappelaient, négligeant foncièrement et même sans le vouloir celui qui n'était pas Adriel, plus lent, plus lunatique, carrément nul en sports et incapable de socialiser avec les autres, même les gamins de son âge. Aux balbutiements de ce penchant marqué pour l'écriture, j'étais le héros de mon monde, je me montrais surprenant, courageux, habile avec les mots et on m'aimait beaucoup en général. La communauté m'apportait tout et n'importe quoi rien que pour me remercier d'être qui je suis, bref, des délires d'enfants. Puis les mots ont grandis avec moi, refaisant faire surface à Adriel, avec des mots plus flatteurs, voire même carrément à lui faire vivre tous les honneurs jusqu'à un adoubement chevaleresque, lui offrir l'or olympique ou encore le nommer président des États-Unis d'Amérique. Il m'a fallu atteindre seize ans avant de me remettre à le considérer comme un humain qui devait respirer, manger et dormir. Les mots ont été plus rares à partir de là, plus précieux aussi, plus stylisés, sortant des sentiers battus comme les écrivains incompris qui m'ont précédés dans ce processus long, pénible et exténuant qu'est la rédaction. Tant bien que mal, j'ai extirpé les mots qui dansaient dans ma tête, les rassemblant comme un puzzle niveau expert afin d'en faire des phrases qui parlent, qui accrochent, qui signifient quelque chose de plus que le premier sens qu'on leur donne. Je me suis mis à écrire de la trois dimension, complexifiant mes écrits, changeant les mots simples pour les mots justes, évoluant à travers les lignes que je parvenais à noircir sans leur vouer une haine de ne pas être à la hauteur de mes attentes. Exigeant, je le suis, perfectionniste aussi. Ça me rend la vie impossible quand je me penche sérieusement sur cette passion qui me fait hurler en silence et sourire de triomphe à la fois. Je suis parvenu à vivre des gammes d'émotions inexploités avec ces phrases que je n'ai jamais expérimenté dans la vraie vie, celle où je respire, mange et boit. Celle où Adriel se trouve à mes côtés. Celle où il ressemble à ce gamin que j'ai connu et que j'ai perdu en cours de route et que je retrouve avec plaisir aujourd'hui, alors qu'il m'offre enfin la chance de le voir sous son vrai jour. Qu'il me laisse profiter de ce frère mutin certes, mais chaleureux, franc et taquin. Un frère qui a la fibre de protecteur supra-développé, mais qui se montre honnête quant à ce qui l'énerve, le rend heureux ou triste. Ce frère à qui je confiais un royaume, un pays, à qui je donnais mondes et merveilles avec mes mots avant qu'il ne pense même à tout mettre en œuvre pour me préserver et m'impressionner. Il avait rien compris, Adriel, avant même qu'il se mette à penser, je l'admirais déjà.

« Tout était tellement plus simple ». Je hoche la tête, un sourire nostalgique jonchant avec douceur mes lèvres. Il est plus facile d'être enfant qu'adulte, où tout se gâte parce que les responsabilités et la réalité nous rattrape. Il est plus facile d'être un gamin, car en cas de malheur, on peut toujours se réconforter dans des mondes imaginaires. Lorsqu'on est vieux, cela devient des paradis artificiels, comme la drogue et l'alcool. En tout point semblable, quand on possède de l'imagination fertile sous influence, mais les conséquences ne sont pas les mêmes. On sème le malheur autour de soi, on gâte tant d'occasions qu'on loupe foncièrement pour s'enfoncer encore plus dans son délire qu'on voit sa vie défiler devant des yeux trop arrachés pour s'en rendre compte. Quand on est gamins, on se tire de nos rêveries et de nos univers parallèles quand il est l'heure du couvre-feu ou alors que nos estomacs grondent de ne pas avoir été nourri de la journée. Les enfants rêvent, eux, alors que les adultes regrettent et ressassent des chances ratées en broyant du noir. Les gosses rêvent d'être grands, et les adultes regrettent de ne plus être petits. C'est le putain de cercle vicieux auquel on est tous un jour ou l'autre confronté. Pour nous, c'est aujourd'hui, date fatidique où l'on se rappelle le passé, où c'était plus simple et où on s'entendait sans se parler, se comprenait sans un mot et où il semblait possible qu'un lien lie nos deux esprits nous rendant capable de telles choses. Mais ce n'était qu'illusion, et voilà que j'ai mis près de huit ans à revoir mon frère dans le même état d'esprit que quand il en avait douze ou treize « Ça aurait pas été plus mal que le Destin soit moins vache quand même, surtout pour toi ». Une enfance brisée, que l'on a fait éclaté en éclats avant de la voler de façon définitive. Une enfance où il avait été livré à lui-même, se retrouvant à la charge d'un petit frère, moi en l’occurrence, qui avait pas les épaules de supporter ne serait-ce qu'une once sur celles-ci, trop frêles pour encaisser quoi que ce soit. Mon ton amer ramène au fait que je me sens coupable de ne pas l'avoir soutenu, ni d'avoir pris ma part du gâteau. Encore maintenant, encore aujourd'hui, même après tout ce qu'il m'avait dit jusqu'à cet instant précis. Puis Adriel se risque à dire ces mots que l'on pense tout bas sans oser les prononcer, de peur d'attirer les foudres d'un hasard qui a voulu faire de nous des orphelins, une mère sous terre et un père que l'on a sorti de nos vies. C'est à moi de glisser mes phalanges dans les siennes et de serrer sa paume dans la mienne. Je souris doucement, respire l'air frais, puis l'expulse de mes poumons « Tu sais, je m'y suis risqué. À la réécrire, sous tous les angles, n'y négligeant aucun détail. Ça n'a jamais rien changé, outre me rendre plus malheureux encore ». J'intime une pression dans sa main, puis l'incite à avancer vers la foret, continuant mon discours en simultanée « Ce qui m'a réconforté au final, c'est de savoir que malgré tout, j'avais eu la chance de ne pas tout vivre tout seul, et que ma seule façon de cesser de tout réécrire encore et encore était de trouver le moyen de faire que ce qui vient ensuite soit en mesure de me faire oublier mon envie de gommer le passé ». Je le relâche, me plante devant lui, un sourire presque niais aux lèvres « Faisons du présent ce que l'on veut, redevenons des gosses, des gamins heureux pour changer, insouciants et sauvages. Ce qui est bien de le faire maintenant, c'est qu'il n'y a plus de règle et d'heure limite pour en profiter ».
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Adriel Siggers

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friday the 13th _
MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptyJeu 14 Fév - 15:16

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Jamais Adriel ne forcerait son frère à lui faire lire ne serait-ce qu'une ligne de ses écrits. C'était incroyablement symbolique, mais surtout précieux, et il en avait bien conscience. Il ne pouvait pas, même par soucis de curiosité, faire la moindre intrusion dans son univers, dans son monde, dans ce qui l'isolait bien souvent de ses contemporains, mais qui le rendait aussi incroyablement unique en son genre. Rhett était un cas. Il n'était guère comme les jeunes hommes de son âge, et ça, Adriel l'avait toujours compris. Parce que son frère avait toujours eu des aspirations différentes, qu'il n'avait jamais voulu copier qui que ce soit, qu'il avait toujours préféré développer son propre style, sa propre originalité, et qu'il était devenu quelqu'un d'authentique. Il était différent, mais c'est ce qui faisait indéniablement son charme. Le problème, c'est qu'il ne semblait pas toujours en avoir conscience. Rarement, même. Peut être parce qu'il se voyait comme une bête de foire, comme un cas atypique, comme quelqu'un qui n'entrait dans aucun moule. Il gagnait pourtant à être connu, à être aimé. Et il l'était. Aimé plus que connu, certes, pour le moment du moins. Mais il avait de quoi plaire et il plaisait. Indéniablement. Peut être n'en avait-il simplement pas conscience, parce qu'il ne se voyait pas comme les autres le voyaient, parce qu'il ne se laissait pas suffisamment de chance à lui-même. A s'enfermer dans un monde qui n'était au final que le sien et duquel il excluait ceux qui l'entouraient, Rhett s'empêchait de voir qu'on l'aimait dans ce monde-ci, dans ce monde réel. Adriel l'aimait, mais celui-ci savait que Rhett était un jeune homme apprécié de tous, globalement. Bien plus apprécié qu'il l'était lui, par exemple. Parce que Rhett était le gentil frère Siggers, celui qui chantait à l'église, qui disait bonjour aux passants dans la rue, qui donnait des pourboires, qui prenait le courrier de ses voisins, qui nourrissait les chats de son pâté de maisons ... Il était bien qu'il se soit créé un monde à lui, où tout devait être beaucoup plus facile, mais il se devait de ne pas oublier qu'ici, des gens l'aimaient. Son frère ne voulait pas s'incruster dans son univers, parce que c'était celui de Rhett et non le sien et parce qu'il ne pouvait pas s'y immiscer sournoisement sous prétexte qu'il voulait mieux comprendre son frère. Alors il lui laissait le choix. De s'il voulait ou non lui laisser lire un bout de ce qu'il écrivait, mais aussi de la date, du contexte, de tout ce qu'il voulait. Si cette lecture devait se faire, c'était à Rhett d'en déterminer les détails. Adriel n'insisterait d'ailleurs pas. Si à l'avenir son frère n'y pensait tout simplement plus, c'est que la perspective de lui faire lire un peu de ce qu'il rédigeait n'avait pas été suffisamment tentante pour qu'elle lui soit inoubliable. Et la dernière chose qu'Adriel voulait, c'était assurément que son frère se sente maintenant forcé de lui faire lire ses textes s'il n'y tenait pas vraiment pas. C'était vraiment à lui de voir, et à lui seul, si cela devait se faire. En attendant, ils semblaient tous deux d'accord pour dire que les choses auraient été plus simples s'ils étaient restés des enfants, au temps de l'insouciance. Pour autant, Adriel n'avait jamais tellement connu d'enfance. Ou alors il n'en avait gardé que trop peu de souvenirs. Il se souvenait en tout cas avoir du assumer très tôt certaines responsabilités, son frère en somme, qu'il avait tenté d'écarter de leur père, ce sombre connard à la torgnole un peu trop facile. « Ça aurait pas été plus mal que le Destin soit moins vache quand même, surtout pour toi » Un fin sourire gagna les lèvres de l'ainé des frères. Effectivement, tout n'avait pas été facile, ni pour lui, ni pour Rhett. Mais Adriel avait effectivement du gérer des choses compliquées, à un âge où il n'y était pas nécessairement prêt. Pour autant, il l'avait toujours plutôt bien vécu. Son frère, il l'avait toujours aimé d'un amour inconditionnel, alors avoir du veiller sur lui ne lui avait en soi jamais posé de problème. Il l'avait fait avec plaisir, parfois même avec honneur. « Ça m'allait très bien, tu sais. De m'occuper de toi, de veiller sur toi ... ça m'allait très bien. Je ne l'aurais pas fait pour tout le monde, mais je pouvais bien le faire pour mon frère. Tu m'as rendu au centuple tout ce que j'ai pu te donner, par de simples sourires, par de simples regards, mais je ne suis même pas sûr que tu t'en sois un jour rendu compte. » Jamais Adriel n'avait regretté d'avoir du sacrifier une partie de son innocence pour veiller sur son cadet. S'il ne l'avait pas fait, il n'aurait pas été un bon frère. Et il tenait à être au moins ça. Ce serait sa plus grande fierté le jour où il partirait, c'était certain. Et puis il y eut cette plus douloureuse évocation, celle de leur défunte mère, celle qui était morte si tôt, celle qu'ils n'avaient que si peu connu et qui les avait laissé sous l'emprise d'un père ayant d'avantage fait office de danger office que de modèle pour l'un et l'autre. C'était naturellement dur de l'évoquer, parce qu'elle lui manquait. Et Adriel supposait que ce manque était aussi celui de son cadet. Ils avaient vécu dans la même galère, et encore aujourd'hui, ils semblaient partager leurs ressentis, un peu comme s'ils étaient une seule personne. Doucement, Adriel sentit la main de son frère se glisser dans la sienne. Il ne réagit pas, se contentant de contribuer à ce contact, sans oser mais surtout sans vouloir l'interrompre. « Tu sais, je m'y suis risqué. À la réécrire, sous tous les angles, n'y négligeant aucun détail. Ça n'a jamais rien changé, outre me rendre plus malheureux encore » Et il pouvait comprendre. Car il n'était finalement pas certain que repenser à leur mère était susceptible de leur faire du bien. C'était incroyablement douloureux, d'autant plus qu'ils n'avaient pas vraiment de bons souvenirs à quoi se raccrocher, vu qu'elle était morte alors qu'ils étaient tous deux encore très jeunes. Trop jeunes. Sans répondre, il lui adressa un tendre sourire, signe de sa compréhension. « Ce qui m'a réconforté au final, c'est de savoir que malgré tout, j'avais eu la chance de ne pas tout vivre tout seul, et que ma seule façon de cesser de tout réécrire encore et encore était de trouver le moyen de faire que ce qui vient ensuite soit en mesure de me faire oublier mon envie de gommer le passé » Sans être certain de tout saisir, Adriel comprenait le fond de ses propos. Il n'était pas utile de ressasser éternellement le passé, surtout un passé aussi douloureux. Aller de l'avant et tendres les bras à l'avenir, c'était bien aussi. Mieux, sans doute. Son frère le lâcha et reprit alors la parole. « Faisons du présent ce que l'on veut, redevenons des gosses, des gamins heureux pour changer, insouciants et sauvages. Ce qui est bien de le faire maintenant, c'est qu'il n'y a plus de règle et d'heure limite pour en profiter. » Et là, Adriel resta à nouveau silencieux. Que pouvait-il lui dire ? Il ne pouvait quand même pas le lui refuser. Pour autant, il n'avait plus rien d'un gosse. Il n'en avait techniquement jamais été un, ou du moins, trop peu longtemps pour qu'il se souvienne de ce que cela lui avait fait. Cette proposition le mettait mal à l'aise, clairement. « Je doute que ce soit aussi simple, tu sais. Qu'il soit possible de rattraper si facilement le temps que l'on a perdu en le passant à se protéger d'un monstre. Tu as toujours eu beaucoup plus d'insouciance et de naïveté que moi. Alors peut être que je n'ai jamais été fait pour la frivolité. J'ai toujours eu un petit coté rabat-joie, non ? » Et il émit un rire. Parce que c'était plus facile d'en rire que d'en pleurer et parce qu'il ne voulait pas dramatiser les choses. En grandissant trop vite, il s'était par la même occasion empêché de revenir en arrière par la suite. C'était un putain d'engrenage, oui. Et il était somme toute un peu tard pour le déplorer, à ce jour.
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Rhett Siggers

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friday the 13th _
MessageSujet: Re: friday the 13th   friday the 13th EmptyMar 19 Fév - 2:53

ADRIEL & RHETT SIGGERS
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Il avait toujours été terriblement terre à terre, toujours à se montrer rationnel et ne jamais s'offrir le luxe de rêver. C'est quelque chose qu'il aurait du consommer à n'en plus savoir que faire, si seulement il s'était pas raccroché à côté réaliste pour tenir le coup vu les merdiers qu'on a su traverser avec les années. Il est ce roc sur lequel on peut toujours compter, cette stabilité dont quelqu'un comme moi peut rêver, comme si Adriel était figé dans le temps et refusait catégoriquement de même esquisser un geste pour en sortir. Était-ce bien, ou était-ce mal? Moi qui avait toujours cru que cela le bottait de rester comme ça, de demeurer cette valeur sûre et carrément prévisible dont tout le monde parlait dans Cascade Locks, je m'étais mépris, j'étais vanné, complètement à côté de la plaque. Adriel regrettait, oui, je le perçois comme ça, de ne pas réussir à sortir des sentiers battus dans lesquels il évolue depuis toujours, suivant cette voie qu'il s'était tracé sans jamais y déroger, ne prenant pas le risque d'expérimenter autre chose, se complaisant dans les certitudes du quotidien. En cela, nous étions pareils, les Siggers, tous autant que nous sommes. L'inconnu nous effraie plus de raison, même si ça ne comporte pas des changements titanesques, on frissonne à la simple idée de décrocher du quotidien. Je suis toujours coincé dans ce cercle vicieux de me retrouver à la bourre niveau relationnel, mais me bornant à ne fréquenter personne afin de ne pas me couvrir de ridicule. Mon père, lui, a trouvé dans l'alcool cette continuité que le Destin lui avait bousillé en lui enlevant sauvagement sa jeune épouse, mère de deux gosses de bas âge. Adriel, lui, était cet être turbulent, insolent, personnage caractériel qui ne s'en laissait pas imposer, balançant sa volonté comme si elle était commandement divin. Il était imparable, imbuvable, ne démontrait jamais ni faiblesse ni fatigue, entretenant comme un précieux jardin sa réputation d'homme à femmes, d'insatiable gigolo et de chasseur antipathique. Chacun sa façon de gérer la réalité, chacun à sa manière se figeant dans le temps et refusant d'avancer, piétinant un présent qui, finalement, ne leur plaisait pas tant que cela. Je n'étais pas épanoui, je n'étais pas comblé, je n'étais pas complètement accompli par la personne que j'étais aujourd'hui. Il y a bien longtemps que je le soupçonnais, mais c'est un choc de constater que lui aussi. Que je ne suis pas le seul à être perdu, finalement. C'est rassurant et terriblement frustrant à la fois. Je lui souhaitais tant de bonnes choses, que tout enfin puisse lui sourire au moins à lui, et voilà que je me retrouve confronté à ses démons qu'il me cache depuis des temps immémoriaux. Pour mon bien, en dépit de ce que ça lui demande à lui. J'ai envie d'être pour lui ce qu'il est pour moi, et que s'apaise finalement ce fossé où il était le protecteur et moi celui qu'il fallait protéger...

Je lui en demandais beaucoup, j'en pris conscience. J'étais un éternel gamin qui se refusait à grandir, un peu à la Peter Pan. Lui, il était adulte, peut-être sans s'y sentir confortable, mais il l'était, nul doute à cela. Il avait laissé parler un côté de lui qui s'était tenu à l'écart pendant des années, ce qui aurait du me suffire. Mais je rétorquais, l'invitant à se glisser dans cette peau d'enfant qu'il a porté tellement peu longtemps qu'il semble même plus se souvenir de ce que cela veut dire, ce qu'on y ressent et ce que l'on voit à travers des prunelles de gamin. Je lui souris, rétorquant par une petite bourrade à son rire nerveux, ne sachant plus où se mettre. Je n'ai pas besoin de signifier avec des mots des choses que je ne saurais formuler, préférant simplement faire marche arrière pour simplement profiter de ce moment avec mon frère, le vrai, l'authentique Adriel, pour réprimer ces pulsions espiègles qui m'assaillissent parfois sans que je ne puisse le prévoir « Tu es celui que tu es devenu, et si tu veux tout savoir, ça me plait de te savoir aux antipodes de moi. C'est que la communication serait encore plus complexe à établir que maintenant si c'était le cas... ». Mon sens de l'humour est déficient, ne faisant rire que moi le plus souvent. J'insuffle quand même une pointe amusée à cette conversation amère, douloureuse, où les confidences étaient épuisantes quoique libératrice. La Lune s'accroche à ses étoiles, illuminant le ciel de Cascade Locks de mille feux alors qu'une brise tiède soulève les boucles de mes cheveux. J'y fourre les doigts, tentant de les dompter tant bien que mal. Mon regard passe ensuite de la foret sombre qui s'étend à nos pieds avant de se reposer dans celui de mon frère. Une idée folle, quoique plus rationnelle fait subitement apparition dans mon esprit « J'aimerais bien que tu me montres comment ça fonctionne pour toi là-dedans » que je souffle en désignant du menton la foret. J'ai toujours été curieux, et il a toujours catégoriquement refusé de m'y entraîner, jugeant que j'étais trop précieux, fragile, trop frêle ou trop détaché pour croire que je pouvais sérieusement m'intéresser à ce qui lui permet de mettre de quoi manger sur la table et de quoi l'abriter la nuit « J'en rêve depuis que je sais que tu y passes tes journées. Et puis c'est l'occasion de pas se montrer rabat-joie ». Mon sourire s'affiche sur mes lèvres à la façon de ce gamin que j'ai été et auquel j'aspire demeurer chaque jour que Dieu fait. Un peu plus et j'ajoute une pointe de supplication, mais je me retiens. Qu'il me fasse entrer dans son monde à lui, moins littéraire, plus appliqué. Ça me plairait bien.
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