I wipe my brow and sweat my rust

Le matin il me fallait toujours un petit moment pour me lever, ce n’était pourtant pas compliqué, le réveil sonne et te signale qu’il faut bouger ton cul, à ce moment-là tu as toujours envie de te frapper avec des morceaux de plastiques pour te punir d’avoir lu toujours plus de chapitres alors que l’heure tournait, bon je fais un peu trop la fille intellectuelle alors que ce n’était pas vraiment le cas, tout le monde pensait juste qu’une prof de lycée était très cultivée, toujours avec ses nombreux bouquins et sa télévision branchée sur les chaines info. Et bien non, je n’étais pas comme ça du tout, hier soir j’avais juste fait un arrêt au bar du coin et j’y avais passé une bonne partie de la nuit avec des anciens amis, l’adolescence était loin et pourtant nous avions toujours des points communs, la seule différence visible était le fait que je me sois absentée huit ans pour rejoindre une plus grande ville, New-York. J’avais pu leur raconter des dizaines de petites anecdotes entre deux shots de vodka et je comprenais que j’aurais dû arrêter lorsque je n’avais plus été capable de définir si j’en étais à mon dix-septième shot ou à mon vingt-sixième. Au final j’avais environ pris une dizaine de verres supplémentaires jusqu’à ce que je sois totalement ivre et prête à danser la macarena à poil sur l’une des tables devant tous les vieux alcooliques qui devaient bénir le petit Jésus pour avoir bu un verre puis un autre jusqu’à que je fasse mon entrée dans le bar. Au final je n’étais plus vraiment apte à deviner si je l’avais fait ou pas, c’était un défi d’une copine et je me sentais suffisamment folle pour l’avoir fait. Peut-être pas à poil intégralement mais en sous-vêtements qui sait. Après ce petit instant à se demander pourquoi est-ce que nous n’avions pas favorisé un bon thé chaud ou pisse mémé pour certains avant d’aller au lit dès que la nuit serait tombée comme des retraités en fin de vie. Oui mais non, je n’en étais pas capable tout simplement. La gueule dans le cul je me levais péniblement ouvrant les rideaux d’un coup rapide pour bien être conscience que ma tronche me faisait aussi peur que si ça avait été celle d’un gremlins avec une forte dose d’acné, je grommelais tout en me dirigeant à la salle de bain, je devais avoir moins de deux heures pour me préparer et aller faire mon footing avec… Non, je ne sais pas comment est-ce qu’elle s’appelle… Tant pis, je lui demanderais sur le tas tout à l’heure.

Une fois douchée, vêtue d’un petit short légèrement moulant et d’un top blanc, ma bouteille d’eau dans mon sac je rejoignais finalement le parc, j’étais en avance et c’est donc pour cette raison que je m’étais décidée à faire quelques étirements histoire d’être échauffée pour mon footing. Par le passé j’avais fait énormément de gymnastique et aujourd’hui encore il m’arrivait d’en faire afin de ne pas perdre en souplesse, je savais faire le grand écart et quelques autres petits trucs qui pouvaient paraitre simplistes à première vue mais pas vraiment quand on essayait de le reproduire. « Hey sexy lady ! » Je tournais la tête apercevant ma camarade qui arrivait. « Hey blondie ! » Une manière d’éviter de lui montrer que j’avais oublié son prénom si elle me l’avait déjà donné lorsque nous avions fait connaissance ici-même. « Ça va ? Dis donc t’es drôlement souple ! Tu fais du yoga toi, non ? » Je souriais amusée, le pied appuyé sur l’arbre à la hauteur de ma tête quasiment. « Ça va et toi ? Non, je ne fais pas de yoga mais par contre je pratique énormément la gymnastique… C’est utile pour développer sa souplesse. » Je déposais mon pied approchant un peu plus de la jeune femme. « Tu vas croire que je le fais exprès mais.. j’ai oubliée de prendre ma bouteille d’eau. » Je riais prenant un air faussement accusateur, au fond ça m’était égal, j’avais une bouteille d’eau qui devrait largement convenir à nos besoins. « Oulàlà… Tu devrais être mise en prison pour cet oubli… » Je restais sérieuse trois secondes avant d’exploser de rire, je n’étais carrément pas crédible.