Mardi 05 Février 2013, 22:55

Il y a cette brise qui a encore frappé ce matin, grand mère m'avait pourtant averti que le temps n'allait pas être clément. J'ai perdu mon parapluie au détour de la quatrième rue. Toujours le même nombre. Seize pas vers la droite, douze vers la gauche, vingt cinq tout droit, quinze tout droit, cinq à droite, quinze tout droit, six à droite et me voilà arrivé à la bibliothèque. J'ai mis six minutes cinquante deux. Oui, je sais, il m'est arrivé d'avoir été plus lent, mais j'avais comme cet affreux pressentiment que quelqu'un me suivait. Mais c'est stupide, n'est ce pas ? Je ne vois pas ce que l'on pourrait vouloir dérober à un gars qui n'a déjà pas grand chose.

Mercredi 06 Février 2013, 01:04.

Je n'ai pas envie d'écrire ce qui a pu se passer dans ma vie, ou ce qu'il pourra se passer, parce que je ne sais même plus où j'en suis. J'ai ces messages contradictoires qui se balancent tels le tic et le toc incessant d'une horloge, à droite puis à gauche, m'empêchant de totalement comprendre ce que je suis. J'ai demandé à ma grand mère ce midi ce que cela faisait lorsque l'on réalisait que l'on venait d'écouler la moitié de sa vie, quelles pensées pouvait-on avoir, ou quelles choses pouvions nous alors réaliser, regretter... Elle m'a répondu que les personnes passant ce cap cherchent en général à se redécouvrir. A assouvir ce désir, cette envie ayant été réprimée de force lors de leur jeunesse et qui pourtant, est restée en eux à chaque minute, à chaque seconde depuis. Je ne veux pas me relever et penser que j'ai passé la moitié de ma vie à ne réaliser que ce que j'ai été contraint de faire, que ce que l'on m'a dicté. Chacun a des rêves. Moi, je rêve d'être connu à Broadway, écrire des chansons pour des comédies musicales, des orchestres jouant sur des paroles que j'aurais composé. Des paroles qui me parlent, qui relatent le vrai de ce que l'on peut trouver en moi. Je veux pouvoir partager mes sentiments avec le monde entier et voir un jour grandir mes plus grandes peurs devant mes yeux, les voir s'épanouir, être réelles et ce plus que jamais. Pour que je puisse une bonne fois pour toutes les affronter. Des peurs, j'en ai un paquet. Peur d'être abandonné par la seule personne qui n'a jamais su s'occuper de moi, peur de ne pas être à la hauteur de ce que l'on me demande... La peur de décevoir quelqu'un qui m'est cher, la peur de le perdre, aussi... J'ai également peur de l'inconnu, car je pars du principe que la terre est dangereuse et que rien n'arrive jamais par hasard. J'ai peur de ne pas en savoir assez comme d'en savoir trop. Oui, beaucoup de choses m'effraient. Mais celle qui me fait assurément le plus peur, c'est moi même. J'écris ce texte parce que je ne suis pas un jour sûr de l'assumer. De m'assumer. Parce que je ne veux pas avoir l'air d'un quelconque monstre ou d'une quelconque blague aux yeux des autres. Petit, j'étais quelqu'un de plutôt extraverti, assumant ses idées, ses choix, ses envies, communiquant avec qui voulait bien m'entendre ou non. J'étais un rayon de soleil dans une cour décidément bien trop petite et remplie de petits cailloux, rongés par des baskets taille trente quatre. Maintenant, je ne suis plus qu'un gamin paumé, parfois renfermé sur lui même, timide, n'assumant plus ce qu'il veut, ce qu'il est, ce qu'il devient. Je suis loin d'être le premier à en passer par là, il me semble d'ailleurs que je ne serai pas le dernier, et pourtant, je me sens seul. Seul plus que jamais. Parce que je n'ai personne à qui en parler, personne hormis moi même. Et c'est certainement ce qui me fait le plus souffrir. On me parle de banalité, on me dit que ce n'est pas grand chose, que tout viendra à point à qui sait attendre et que j'irai mieux, mais au fond je sais que j'aurai toujours ces doutes me rongeant à l'intérieur de moi. Et j'ai peur, j'ai peur de regretter. J'ai peur d'avancer. Me l'avouer à moi même est certainement plus difficile qu'oser le prononcer à haute voix sans réellement le penser. C'est pour cette raison que j'écris, c'est pour cette raison que je m'écris. J'ai voulu commencer en racontant ma journée, mais il ne me semble pas que cela soit important, et que je ne devais pas gaspiller de l'encre pour des paroles qui ne seraient là que pour combler un peu plus cette page. Il y a des gens qui comptent sur moi. Des gens qui pensent que je suis exceptionnel, que je suis capable de prédire l'avenir, de faire des miracles. Mais je ne suis qu'un gosse au fond. Et j'ai besoin de me l'affirmer un bonne fois pour toute. J'ai besoin d'avancer et d'arrêter de détourner le sujet, de refuser de voir la vérité.

Mercredi 06 Février 2013, 02:45.

Mais je n'y arrive pas, je n'arrive pas à l'écrire. Je ne suis qu'un imbécile qui n'assume rien de ce qu'il fait. De ce qu'il pense. Je me déteste, je me déteste, je me déteste, je me déteste, je me déteste, je me déteste, je me déteste, je me déteste.

Jeudi 07 Février 2013, 03:24.

Je suis homosexuel.