► AGE : Vingt-six ans, cependant, l'immaturité dont peut faire preuve Paige montre qu'elle est loin d'être aussi âgée dans sa tête. ► STATUT : Célibataire qui se laisse vivre en attendant de se caser dans une petite vie bien rangée une bonne fois pour toute. ► MÉTIER : Serveuse au café, il lui arrive cependant d'arrondir ses fins de mois en revendant diverses petites choses, légalement ou non, par-ci par-là. ► NATIONALITÉ : Américaine de pure souche, elle est née d'une mère aux origines irlandaise, bien qu'elle n'ait jamais mis les pieds en Irlande, et d'un père typiquement américain. ► GROUPE : Up in flames. ► POURQUOI CE GROUPE: Voleuse et dealeuse à ses heures perdues, la réputation de Paige n'est plus à faire. En plus des soupçons qui pèsent sur elle concernant la mort de sa mère, son père n'a pas un curriculum beaucoup plus glorieux.Tel père, telle fille. ► AVATAR : Astrid Bergès-Frisbey. ► CRÉDIT : tumblr.

« Elle était là, étendue sur l'herbe, les yeux fermés. Elle avait l'air paisible, endormie. Le rouge tout autour de sa tête ? Sur le moment, je ne l'ai pas vu du tout, je me suis simplement dit qu'elle était belle, ma maman. Il faisait beau et je jouais dehors jusqu'à ce que je ne la remarque allongée tranquillement. Alors, j'ai pensé qu'il fallait que j'arrête de faire du bruit parce que j'allais la réveiller et je ne voulais pas, parce qu'elle était vraiment très très belle. Puis, je suis rentrée, tout doucement, sur la pointe des pieds pour aller m'asseoir sur le rebord de la fenêtre et la regarder de loin. Je fredonnais une chanson, un petit air que maman me chantonnait parfois. Et j'ai attendu. Longtemps, très longtemps. Trop longtemps, me suis-je dit à un moment. Mais je n'ai pas bougé, je suis restée sur ma petite marche à attendre en contemplant joyeusement ma mère. Ce n'est qu'en fin d'après-midi, alors que le ciel bleu laissait place à un joli dégradé orangé que papa m'a appelée, légèrement énervé. J'avais toujours peur quand papa prenait ce ton parce que ça voulait dire qu'il allait nous frapper maman et moi. Je suis allée le rejoindre dans la cuisine, il m'a tendu un pain au chocolat que j'ai croqué à pleines dents puis il a commencé à râler... « Mais où elle est ta mère ? Je l'ai cherchée toute la journée ! » Je l'ai regardé avec étonnement, ne comprenant pas son énervement contre ma petite maman qui se reposait simplement dans le jardin. Alors j'ai simplement dit : « Mais elle dort juste, là-bas. » Là, ça lui a semblé être urgent de la trouver, mais pas pour lui taper dessus. Il m'a attrapé par le bras en répétant « Mais où ça, là-bas ? Où ça ? » Quand il l'a enfin vue, il a explosé. Il s'est mis à crier et à pleurer en même temps et moi, je n'y comprenais plus rien. Il a sorti son téléphone et a appelé l'hôpital. Ils sont arrivés un peu après et ont emmené maman dans leur camion. C'est là que papa s'est tourné vers moi. Il pleurait toujours mais il était aussi très en colère, comme d'habitude. Il m'a crié dessus tout en me frappant. Il me demandait tout le temps : « Mais pourquoi t'as fait ça ? Pourquoi est-ce que j'ai un monstre pour fille ? » Je ne savais plus où me mettre et ça a duré des semaines, des mois et même des années.

J'avais six ans à cette époque et à la rentrée, je suis entrée à l'école primaire. Rien de bien extraordinaire seulement, mon père commençait déjà à me pourrir la vie, se vengeant de la mort de cette femme qu'il avait toujours frappée pour lui prouver son amour. Je n'ai jamais su ce qu'il avait dit ou fait pour que j'en arrive à être isolée de tous mes camarades. Une vraie marginale. La première fois que la maîtresse m'a demandé le métier de mes parents je n'ai pas su répondre. « Et bien, Paige Middleton ? Quel métier fait ton papa ? ; Il travaille dans un garage. ; Et ta maman ? » Après un long silence durant lequel toutes les têtes de mes gentils camarades s'étaient tournées vers moi, notre institutrice a commencé à perdre patience et m'a reposée sa question ce à quoi j'ai répondu : « Elle dort dans le jardin. »
Bien entendu, la classe a été envahie d'éclats de rire provenant de mes camarades et mon adorable maîtresse s'est empressée d'y ajouter sa petite touche personnelle en m'expliquant que j'étais désormais assez grande pour savoir que dormir n'était pas un métier. Sans blague, pauvre conne. En réalité, c'est à cette période que j'ai le plus grandit. J'ai appris à ne pas répondre, même si je me suis longtemps battue, ne supportant pas les moqueries des autres. Par la suite, tout s'est un peu assailli et j'ai été tranquille une année ou deux. Jusqu'à ce que mon charmant papa ne remette ça sur le tapis. Lui qui se servait de son petit garage pour revendre alcools et drogues en tout genre, il se permettait toujours de lever la main sur moi en prétextant que j'étais un monstre. La simple vue de ma silhouette le mettait hors de lui. Je suis certaine que c'est ça, qui m'a fait devenir aussi insensible et égoïste. Le peu d'amis que j'ai pu avoir ont fini par me laisser et je crois que ça venait de ce paternel infernal. Malgré tout, j'ai réussi à en avoir quelques-uns, j'ai eu des petits copains aussi. Dont un qui a compté un peu plus que les autres. C'est le seul qui a osé me demander : « Je peux te poser une question ? Ne le prend pas mal, surtout... Est-ce que tu l'as tuée ? ; Tu me croirai si je te disais la vérité ? ; Je veux l'entendre de ta bouche. » C'est le seul à qui j'ai tout raconté et qui m'a crue. Il a ignoré pendant longtemps ce qu'on disait sur moi, jusqu'à ce qu'il n'entende la vérité : j'avais commencé à faire comme mon père avec ses petites affaires illégales.

Inutile de préciser que je n'ai pas versé de larmes lorsqu'il est mort, ce type qui avait contribué à ma naissance. J'ai vendu son truc qui lui servait de garage pour payer l'enterrement et pour pouvoir m'offrir un petit appartement. Je n'ai gardé qu'une chose de lui : son carnet d'adresses. Et j'ai repris le flambeau, en quelques sortes. J'avais déjà commencé par la revente de clopes et de bières à des élèves de mon école alors je savais à peu près comment faire. Rapidement ça avait augmenté, ma tendance à fumer quelques joints a contribué à me faire revendre de la drogue, dès le lycée. Finalement, je me suis mise à dénicher pour revendre au plus offrant. Je faisais de tout sauf dans la prostitution. Les armes, j'évitais aussi le plus possible, c'était tout sauf discret et c'est ce que j'essayais d'être, discrète, même si à Cascade Locks, tout se sait.
Même les pires horreurs, comme ces crimes qui commencent à polluer la ville. De plus en plus de touristes viennent voir les lieux, les scènes de crime, comme si c'était quelque chose de magnifique. Pour ma part, je trouvais ça plutôt malsain, même si plus il y a de touristes, plus le café tourne, et plus je touche d'argent. Pour être franche, je n'ai pas peur de ce type, je le trouve simplement répugnant, sans cœur et sans morale. Et lorsque j’entends certains bruits m'accusant, j'ai de nouveau envie de coller quelques poings. Le meurtre de ma mère n'ayant jamais été résolu, je suis toujours restée, dans l'esprit des gens, la gamine qui lui avait fracassé le crâne avec une pierre de mon jardin.