« Regarde-moi Sarah, bon sang regarde-moi ! » Je refusais, posais mes mains sur son torse et le repoussais de toutes mes forces. Jamais je n'aurais cru un jour vouloir détourner mon regard du sien. Je me rappelais avoir désiré ardemment que ses yeux si bleu, si électriques, brûlent de ce feu impossible à éteindre. Jamais je n'aurais pensé éviter ses caresses. Mon corps tremblait toujours au simple souvenir de ses mains se posant sur ma peau, délicatement, sauvagement. Pourtant je me détournais de lui, je et m'éloignais sans même me retourner. - Comme le sable je lui glisse entre les doigts, comme une prisonnière je tire sur mes chaînes, comme une noyée j'attrape une bouée - Je ne voulais plus supporter sa présence, sa jalousie. Mon cœur me faisait mal, ma poitrine tressautait violemment tandis que ma tête essayait de faire le tris, envahie par des pensées chaotiques. Ses cris résonnèrent autour de moi, se répercutant contre les murs avant de venir me frapper, manquant de me faire tomber. Alors je plaquais les mains sur mes oreilles mais je l'entendais encore, lui et mes talons qui claquaient durement sur chacune des marches de l'escalier. Je savais que ce n'est pas le cas mais j'avais la désagréable impression qu'il me poursuivait. Mes jambes s'emballèrent sans que j'en ai véritablement conscience et je me mis à courir. Je sortis en trombe du bâtiment et continuais ma course. En chemin je laissais mes larmes inonder librement mes joues, indifférente aux regards étonnés des quelques passants qui me prêtèrent attention. Doucement, petit à petit, je recouvris mon sang froid. J'arrêtais ma course folle et adoptais un pas plus lent et régulier. J’eus l'impression que tout retombais d'un coup ; ma respiration, mes émotions, mes pensées... Je pris appuie sur un mur et enlevais mes chaussures qui me meurtrissaient les pieds. Je me demandais comment j'avais pu tenir aussi longtemps avec des échasses pareilles mais Peter remplaça presque aussitôt ce futile constat. Incapable de le chasser de ma tête, je me résignais et ressentis à nouveau toute l'amertume engendrée par sa possessivité et sa colère. D'un geste rageur j’essuyais mes joues humides et fronçais les sourcils défiant quiconque de m'approcher dans un tel moment. Ou peut être était-ce le contraire ? Peut être avais-je besoin de me perdre dans les bras de quelqu'un d'autre ? Quelqu'un qui ne poserait pas de question, quelqu'un qui n'était pas lui.

Un choc, un corps qui se plaque contre le mien et me bloque contre le mur - Prise au piège entre ces bras puissants, j'étais incapable de me débattre et la panique prit rapidement la place au désir impétueux que je ressentais quelques instants plus tôt. Tandis que mon cœur cognait contre ma poitrine, sous cette angoisse naissante, je tentais de comprendre. Je m'interrogeais sur mes sentiments et mes envies qui imitaient sans cesse les montagnes russes. Mais mon esprit n'était pas suffisamment clair, j'essayais de fuir. Alors l'homme me coupa dans mon élan en susurrant furieusement à mon oreille. Les mots mirent du temps à prendre du sens, je protestais. Sa bouche parcourue mon coup tandis que ses mains glissèrent sous ma chemise, le contact de nos deux peaux m'arracha un gémissement qui l'encouragea. Soudain, je me rappelais de Peter et de ses cris, je me souvins d'avoir voulu que l'on me touche ainsi. La peur s'estompa et la passion revint aussi vite qu'elle avait disparue. Plus virulente elle s'abattit avec force et me coupa le souffle.[/i] J'entends des plaintes haletantes, des tissus qui se froissent, un tout qui s'entremêlent, s'entredévore. Les vêtements se déchirent, les lèvres s'emprisonnent. [i]Un rire cristallin m'échappa, je me sentis légère. Demain je partirais de cet endroit, j'y était restée bien trop longtemps. Sans un regard en arrière, sans aucun regret, je changerais de vie. Comme la fois précédente et encore celle d'avant.