Ce n’est pas parce que je suis revenue dans cette ville minable, que je dois changer mes habitudes pour autant. J’ai décidé d’agir en tout point comme avant. J’aurais pu décider de me ranger du bon côté après avoir passé presque un an en prison, mais je n’ai pas su m’y résoudre. Je ne vois aucune raison pour laquelle j’aurais envie de m’assagir. Est-ce que la prison m’a effrayé ? Pas le moins du monde, elle n’a fait que renforcer ma haine et ma colère. Ainsi, je ne suis toujours pas décidé à rentrer dans les rangs afin de devenir le citoyen parfait que ma mère aurait rêvé que je devienne. Je l’emmerde celle-là en passant. Je ne sais même pas pourquoi je me mets subitement à penser à elle, je la méprise plus que je ne pourrai jamais haïr quelqu’un. C’est à cause d’elle si je suis devenu celui que je suis aujourd’hui. Elle en est la seule responsable, et si quelqu’un mériterait bien de faire de la prison c’est elle. J’espère qu’elle est morte depuis tout ce temps, il faudra que je pense à aller vérifier le cimetière. Pour le moment cela ne fait toutefois pas partie de mes plans, j’ai autre chose à faire que de perdre mon temps avec elle. Des choses bien plus importances qui méritent toute mon attention, il faut que je reste concentré et que je ne perde pas mon objectif principal. Je crois que je ne me lasserai jamais de mes escapades nocturnes qui consistent purement et simplement à aller cambrioler des maisons. Je ne sais pas comment vivre autrement, j’ai besoin de prendre des choses qui ne m’appartiennent pas, de faire du mal autour de moi, de blesser les personnes qui m’entourent pour me sentir bien. Je ne saurais avoir une autre vie que celle que je mène, parce que c’est celle que j’ai toujours rêvé d’avoir. J’ai horreur de faire tous les jours la même chose, de m’enfermer dans une routine quotidienne. Je préfère vivre dans ma tente et voler tous les jours pour me nourrir plutôt que d’avoir une vie bien rangée, je n’en vois pas l’utilité. Alors comme il m’arrive souvent de le faire, je traîne dans un de ces quartiers friqués de Cascade Locks que j’ai en horreur, j’ai l’impression de revivre mon enfance sans n’avoir rien demandé. Toutefois, c’est sans doute dans ses infâmes baraques que je trouverai ce qui m’intéresse le plus. Il est tard, très tard. Toutes les maisons ont leurs lumières éteintes, mais seulement peu n’ont aucune voiture dans l’allée. Je m’arrête devant l’une d’elle, et sonne une fois puis une deuxième fois, prêt à détaler si jamais quelqu’un se montrait. Heureusement personne ne se pointe, et sans faire aucun bruit, m’assurant de ne faire aucun bruit, je crochète la serrure pour pénétrer dans la maison. Je fais un rapide détour pour m’emparer de nourriture que je prends au hasard dans le réfrigérateur. Une fois mon travail terminé je prends la direction du salon, attrape ma lampe de poche et pars à la recherche d’objets de valeur que je pourrais revendre à un bon prix. J’entends alors le bruit d’une porte que l’on ouvre et dans la seconde qui suit la lumière s’allume. « Merde ... » je me chuchote à moi-même. Sans plus réfléchir et sans regarder à qui j’ai à faire, je sors mon revolver de la poche arrière de mon jean et je le pointe sur eux. Je n’ai pas l’intention de m’en servir en réalité. Quoi que … Je porte des gants, c’est une arme que j’ai volé, qui pourrait remonter jusqu’à moi après tout ? Néanmoins je ne suis pas un tueur, je veux simplement leur faire peur. Je reconnais le type qui se trouve en face de moi, en revanche beaucoup moins la femme qui est à ses côtés. Il est facilement reconnaissable à ses tatouages, et je sais pertinemment qu’il est marié. Et si j’en crois mes souvenirs cette femme-là, la pouf à qui il est accroché n’est absolument pas celle à qui il est marié. Peut-être qu’avec un peu de chance, il décidera de ne pas aller me balancer à la police. Je me moque bien de retourner en taule, simplement j’ai une mission à accomplir ici et être derrière les barreaux n’arrangerait en rien mes plans. Ainsi, doucement sans plus rien ajouter je range mon pistolet à sa place, et un léger sourire narquois prend place sur mon visage. « On peut peut-être s’arranger. » je lui dis sans pour autant perdre contenance. Je m’en fous bien qu’il m’ait surpris en train de voler des trucs dans sa foutue baraque, il m’en faudrait plus pour être embarrassé. J’ai fait bien pire dans ma vie, je veux simplement qu’il me foute la paix.