Il y a quelques années (+) Le grincement de la fenêtre se fait entendre, comme si quelqu'un essayait d'accéder à sa chambre. Madison sursaute. Il fait nuit noire, cela ne peut être qu'une seule personne... Elle se redresse dans son lit, retirant sa couverture, et commence à se lever. Arrivée au rebord de la fenêtre, elle l'aperçoit entrain d'escalader, et un sourire se dessine sur ses lèvres. « Fais moins de bruit, tu vas réveiller tout le quartier ! » chuchote-t-elle légèrement amusée. Le garçon rouspète. « J'aimerais bien t'y voir, toi. » répond-il, essoufflé. Il parvient enfin à se hisser dans la petite pièce et souffle un bon coup. La brune retient un rire. Elle tourne les talons, et va allumer la petite lumière de sa table de nuit. Tant pis, il verra son pyjama hideux. Après tout, ce n'est pas comme s'il ne l'avait jamais vue comme ça. Elle s'assoit sur le lit, et l'invite à faire de même. « Alors, t'as fais quoi aujourd'hui ? » lance-t-elle, curieuse. Elle a les yeux pétillants quand elle le regarde. Seth, lui, paraît beaucoup plus perturbé. Il l'examine, l'air grave, et son regard se pose alors si le coquard qu'elle a sur la joue gauche. Il passe délicatement son doigt dessus, et Madison baisse la tête, honteuse. Il reste silencieuse quelques instants, avant d'ouvrir enfin la bouche. « Un jour, j'lui ferais la peau, tu sais. » La brunette relève les yeux vers lui, inquiète, et s'apprête à dire un mot, mais il ne lui en laisse pas l'occasion. « Je n'en ai strictement rien à foutre que ce soit ton père. Je lui ferais la peau quand même. » Madison affiche un léger sourire. Elle sait qu'il en serait capable. Pour elle. Capable de commettre l'irréparable. Capable de la débarrasser enfin de ce paternel qui la terrorise depuis qu'elle est toute petite. S'il pouvait prendre tous les coups à sa place, il le ferait. Mais ça aussi, elle le sait. La jeune fille s'approche délicatement du blond, jusqu'à ce que leur visage soient à quelques centimètres. « Je sais. » murmure-t-elle. Elle n'attend pas une seconde de plus pour poser ses lèvres sur les siennes. Son coeur s'emballe, et elle a l'impression que plus rien ne compte. Elle est heureuse.


Il y a quelques mois (+) Le sang gicle. Le sang gicle, et ce gros tas s'effondre au sol dans un grognement. J'le regarde dans les yeux, à la fois terrifiée, et soulagée. J'essaye de pas détourner son regard, même si j'en crève d'envie. Lui marmonne des trucs, me supplie sans doute de l'aide. Mes fringues sont toutes tâchées. Le sol commence à s'inonder du liquide rouge qui coule de sa pauv' carcasse. J'souris. Ouais, j'souris. C'était la dernière fois qu'il me faisait du mal.

Elle lâche le couteau de cuisine qu'elle tient dans la main, et celui-ci rebondit au sol dans un tintement. Ses jambes refusent de la porter une seconde de plus, et elle s'effondre au sol, les yeux rivés sur le cadavre de son père qui gît à quelques centimètres d'elle. Elle l'a tué. C'était la fois de trop. La coup de pied dans le dos de trop. La caresse de trop. Une larme roule le long de sa joue sans qu'elle s'en rende compte. Ses mains son tâchées de sang, ainsi que ses habits. On aperçoit même quelques gouttes sur sa joue. Elle est figée, et ne sait pas quoi faire. C'était comme si le temps s'était arrêté. Quand elle parvient à trouver la force nécessaire pour se relever, Madison saisit son portable et compose le numéro si connu de Seth, imprimant ses empreintes digitales sur le clavier. « Allô ? » Silence. « Allô ? Madison ? T'es là ?! » Nouveau silence. « Faut que tu viennes là. J'ai fais une connerie. » Et quelques minutes plus tard, il était là. Comme toujours.