« Tu fumes, maintenant ? » « Quel mal y-a-t-il à cela ? » « Aucun, si ce n'est que ça ne te ressemble pas. » Lui qui était toujours si sage, si propre-sur-lui, se mettait aujourd'hui à fumer. Bien sûr que non, ça ne lui ressemblait pas. Et ça cachait peut être quelque chose. « Que ça me ressemble ou non, j'estime ne pas avoir de comptes à te rendre. » « Oh, mais écoutez-le donc, Monsieur "je fais de belles phrases". Quel hypocrite tu sais, je te jure ... » « Moi, hypocrite ? Ne mélange pas tout, Adriel. Et ne me prends pas la tête parce que tu m'as vu une clope au bec. C'est ma vie, ça me regarde. » Sur ce point, il avait raison. C'était sa vie, ses poumons, ses emmerdes. Libre à lui de suivre la voie de son grand frère, dont les poumons devaient être noirs du fait qu'il avait commencé à fumer à l'aube de ses quinze ans. « Je ne suis pas un modèle à suivre, Nolan. » « Pourquoi tu me dis ça ? » « Parce que je te connais, je sais comment tu fonctionnes. Tu te dis probablement que fumer te donnera l'air plus virile, plus confiant, que ça te donnera un style, que ça plaira aux nanas ... » « Je t'arrête tout de suite, je ne fais ça pour personne. » Oh si, il ne se mettait pas à fumer sans raison, c'était évident. « Bien sûr que si. Tu fais ça pour toi. Parce que tu te méprises de n'être toujours que le garçon sage, sans problème, qu'on préfère ne pas approcher, tant il semble pur et innocent ... » Et il lisait parfaitement bien dans ses yeux combien de tels propos étaient exacts. Sans aller jusqu'à prétendre qu'il le connaissait par cœur, Adriel avait fini par comprendre la manière de raisonner de son petit frère. Un vrai cas, celui-là. « Tu as raison. » Bien sûr qu'il avait raison. « Je veux juste qu'on me trouve cool, Adriel. » Un terme on ne peut plus relatif. « C'est pas fumer qui te le permettras, crois-moi. » « Comment faire alors ? » Cette question, il se l'était lui même posé à plus d'une reprise. Un truc de famille, sans doute. « Reste-toi même, ne copie personne. C'est ce que tu es vraiment qui finira par plaire. » Et ce qu'Adriel n'oserait jamais avouer à son petit frère, c'est qu'il donnerait cher pour avoir son innocence, sa tendresse et son coté si attachant. Il ne voyait chez lui que des défauts, alors qu'il était ivre de qualités.